2 f�vrier 1995 |
NE VOUS PEINTUREZ PAS
DANS LE COIN
Repousser continuellement les �ch�ances, cela s'appelle la �procrastination�. Un mot bizarre d�crivant une attitude bien humaine qui peut transformer votre trimestre en cauchemar.
Qui n'a pas eu, un jour, � remettre au lendemain ou � repousser une �ch�ance? Ce ph�nom�ne, pour tout � fait humain qu'il soit, prend parfois des proportions chroniques et tragiques quand il s�vit dans le milieu scolaire, plus encore, universitaire. �On a tous tendance, comme �tres humains, � agir de la sorte devant des t�ches qui semblent complexes ou d�sagr�ables. Mais quand un individu reporte constamment � plus tard et qu'il se place ainsi dans des conditions p�nibles, on peut alors vraiment dire qu'il y a un probl�me, qu'il y a procrastination.� Louise Careau, conseill�re au Service d'orientation et de counseling, sait de quoi il retourne. Sa consoeur Anne-Louise Fournier et elle se penchent sur le traitement en groupe de la procrastination.
Un ph�nom�ne d'�vitement
Les sc�narios habituels, que la conseill�re fait se d�rouler sous nos yeux, nous font voir un procrastinateur universitaire qui remet un travail � plus tard, quitte � perdre des points, qui se retrouve la veille d'un examen, � 2 h 45 du matin, en train d'�tudier parce qu'il n'avait pas encore commenc� � le faire, et qui se cr�e des situations p�rilleuses pouvant entra�ner, pour beaucoup, l'abandon de cours... et des �checs. �Les gens aux prises avec ce genre de probl�me vivent un cycle qui se r�p�te toujours, confie Louise Careau. Ils se disent :
�Cette fois-ci, je vais m'y mettre�. Ils pensent, ils pensent et ils s'organisent, mais ils ne vont jamais arriv�s � d�marrer. Ils vont se qualifier de paresseux, mais ils vivent davantage dans la culpabilit�, la peur. Dans le fond, la procrastination, c'est un ph�nom�ne d'�vitement.� Et le salut est loin d'�tre dans la fuite car, fait remarquer la conseill�re, plus ils reportent, plus cette peur augmente et devient omnipr�sente. La plupart des �tudiants procrastinateurs rencontr�s ont bien r�ussi � l'�cole sans avoir � mettre trop d'efforts, a observ� Louise Careau. Les premiers sympt�mes ayant sans doute commenc� � se manifester au c�gep, ils se sentent d�pourvus une fois rentr�s � l'universit�, car ce n'est pas normal pour eux d'investir les efforts requis. Ils s'interrogent alors sur ce qui cloche, et se demandent s'ils ont perdu leurs talents. Une soci�t� de la performance
�J'ai peur qu'on s'en aille vers une soci�t� �procrastinatrice�, car elle valorise �norm�ment LA performance au d�triment de l'effort, craint-elle. Dans le contexte actuel, faire des efforts revient � dire qu'on n'est pas intelligent, qu'on n'a pas de talent. Voil� pourquoi, parmi les gens qui ont peur de l'�chec, on compte aussi nombre de perfectionnistes devenus des procrastinateurs qui se fixent des objectifs irr�alistes, beaucoup trop �lev�s. En fait, au sein de cette soci�t� qui a d�laiss� un peu la discipline pour ne pas brimer les gens, encore trop d'�tudiants s'imaginent pouvoir atteindre le succ�s sans s'imposer de sacrifices.�
Temps et psychologie
Le temps fuit, il fuit tr�s vite pour les procrastinateurs. �Ce serait toutefois une erreur de vouloir les �traiter� en abordant uniquement la gestion du temps�, d�clare Louise Careau. La recette miracle n'existe pas... comme dans tout traitement psychologique, d'ailleurs. Et on doit livrer bataille sur deux fronts � la fois : la gestion du temps (�tablir des priorit�s, des objectifs r�alistes, apprendre � planifier) et les facteurs psychologiques (perfectionnisme, peur de l'�chec, des contraintes, du contr�le, etc.). �Et souvent, derri�re, appara�t un probl�me de confiance en soi. La procrastination, c'est le sympt�me d'un malaise, de quelque chose de plus important�, rajoute la conseill�re.
Le cadre de la �th�rapie� que l'on privil�gie : d'abord les entrevues individuelles, puis, pour ceux et celles qui le d�sirent, le traitement en groupe, au d�but de chaque trimestre, au sein duquel les �tudiants s'appuient, se donnent des trucs... et s'aper�oivent qu'ils ne sont pas seuls � vivre ce probl�me. La procrastination, quand on lit la litt�rature sur le sujet, est probablement le probl�me scolaire le plus difficile � r�soudre. �On essaie toujours de trouver les solutions les plus efficaces, explique Louise Careau. On ne parle pas de r�ussite en termes de gu�rison totale, mais de progr�s, d'am�lioration, de conscientisation. Notre but, ce n'est pas tant de les gu�rir que de les mieux outiller pour que, lorsqu'ils seront confront�s � une situation probl�matique, ils soient capables de surmonter cette difficult�.�
Les �tudiants et les �tudiantes d�sirant prendre en main leur probl�me de procrastination peuvent s'inscrire (avant le 6 f�vrier) � un atelier de six rencontres qui auront lieu les vendredis, de 9 h � 11 h 30, � compter du 10 f�vrier. Pour ce faire, s'adresser au Service d'orientation et de counseling, bureau 3445, pavillon Jean-Charles-Bonenfant, 656-7987.
GABRIEL COT�
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