20 avril 1995 |
POLITIQUE
Le pouvoir, une fin ou un moyen
Le style et les attentes des hommes et des femmes politiques diff�rent consid�rablement au d�part mais leur exp�rience globale de la vie publique finit par les rapprocher.
Que font les femmes en politique? C'est la question que posent Manon Tremblay, professeure adjointe au D�partement de science politique de l'Universit� d'Ottawa et R�jean Pelletier, professeur titulaire au D�partement de science politique de l'Universit� Laval, dans un ouvrage intitul�Que font-elles en politique?, paru r�cemment aux Presses de l'Universit� Laval. Essentiellement, les chercheurs ont tent� de voir s'il existait des diff�rences dans l'exp�rience politique des femmes et des hommes membres de l'Assembl�e nationale du Qu�bec et de la Chambre des communes du Canada (les d�put�es et d�put�s du Qu�bec uniquement), et ce, � travers trois �tapes-cl�s du cheminement politique: l'acc�s � la sc�ne publique, l'exercice du pouvoir et le d�part de la vie politique.
Apr�s avoir rencontr� 48 personnes (24 femmes et autant d'hommes) au cours de l'ann�e 1990-1991, Manon Tremblay et R�jean Pelletier en sont venus � la conclusion que l'exp�rience politique des femmes et des hommes n'�tait pas aussi nettement oppos�e que ce � quoi on aurait pu s'attendre au d�part. Par exemple, une majorit� de l�gislatrices et de l�gislateurs interrog�s endossent le f�minisme en tant qu'il constitue un instrument de changement et d'am�lioration du statut social des femmes, et en tant qu'il respecte la pens�e lib�rale et le credo humaniste:
�On ne peut parler d'une v�ritable conscience f�ministe chez les femmes en politique, soulignent les chercheurs, non seulement parce que leur position � cet �gard se veut globalement ambivalente, mais aussi parce qu'elles se distinguent peu en cela de la position soutenue par leurs coll�gues masculins�. Cependant, les femmes reconnaissent qu'elles ont la responsabilit� de repr�senter la population f�minine, id�e � laquelle les hommes offrent beaucoup plus de r�sistance. D'autre part, les deux groupes con�oivent leur r�le comme en �tant un d'interm�diaire entre l'administration gouvernementale et la population, m�me si le r�le de l�gislateur se veut plus important pour les hommes que pour les femmes. Consensus et comp�tition
Les personnes des deux sexes interrog�es pensent �galement que les femmes et les hommes ne g�rent pas le pouvoir politique de la m�me fa�on, et ce, pour des raisons d'ordre biologique, culturel et sociologique. Au style de gestion adopt� par la gent f�minine - orient� notamment vers le consensus, l'int�grit�, la minutie et la pers�v�rance - s'oppose celui des hommes, qui op�re davantage en termes de conflits et de comp�tition. �D'un c�t�, constatent les auteurs, il y aurait les hommes, inspir�s par une culture politique porteuse de valeurs conflictuelles: rivalit�, obstination, volont� de vaincre, mais toujours dans un esprit de confr�rie et dans le respect des r�gles du jeu �tablies; de l'autre c�t�, il y a les femmes, d�sireuses de bonne entente, empreintes de souplesse et conscientes du s�rieux de leurs t�ches.� Dans cet ordre d'id�e, certaines l�gislatrices croient que, pour les hommes, le pouvoir est une fin en soi, alors que pour les femmes, il serait plut�t un moyen en vue d'atteindre une fin.
Selon Manon Tremblay et R�jean Pelletier, la faible pr�sence des femmes aux Communes canadiennes et � l'Assembl�e nationale du Qu�bec tient, au moins en partie, � des conditions d'acc�s qui ne sont pas les m�mes que pour les hommes. Par ailleurs, les femmes qui envisagent de s'engager sur la sc�ne politique doivent davantage que les hommes n�gocier un �quilibre entre leurs obligations familiales et leurs responsabilit�s publiques. Et bien que les hommes rencontrent aussi des obstacles � leur premi�re candidature, les femmes se heurtent encore et toujours au mod�le rigide et sexiste de l'homo politicus., lors de l'�tape de la s�lection des aspirantes-d�put�es. Que font-elles en politique? Manon Tremblay, R�jean Pelletier. Presses de l'Universit� Laval, 1995, 281p.
REN�E LAROCHELLE
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