31 ao�t 1995 |
Profil
Waterworld
Vainqueur de la derni�re Travers�e du Lac Saint-Jean, Alexandre Leduc nage sous les couleurs du Rouge et Or depuis plus d'un an. Son objectif ultime: les Jeux Olympiques d'Atlanta.
Adolescent, Alexandre Leduc passait de longs moments devant l'affiche g�ante d'un sportif qui d�corait une bonne partie de sa chambre. Ce n'�tait ni Wayne Gretsky, ni Peter Stasny mais Alex Baumann, un nageur canadien qui souriait au photographe de toutes ses m�dailles d'or conquises aux Jeux Olymbiques de 1984. Il suffisait que le jeune gar�on ferme les yeux un instant pour s'imaginer dans l'image, recevant les honneurs destin�s � son idole. Onze ans plus tard, le r�ve du jeune nageur natif de Cowansville, en Estrie, a peut-�tre une chance de se r�aliser. Membre de l'�quipe Rouge et Or de natation depuis plus d'un an, le gagnant de la Travers�e du Lac Saint-Jean, �dition 1995, va se pr�senter en avril aux �preuves de s�lection de l'�quipe qui d�fendra les couleurs canadiennes aux Jeux d'Atlanta.
Comme dans la plupart des sports d'excellence, la route est longue et pav�e d'emb�ches avant d'acc�der aux premi�res marches du podium. Pour Alexandre Leduc, dont les parents tenaient � ce qu'il se �d�brouille� dans l'eau pour passer des vacances au bord de la mer sans souci, la comp�tition a commenc� t�t. D�s l'�ge de huit ans, il participait � ses premiers Jeux du Qu�bec. Les ann�es d'entra�nement ont ensuite succ�d� aux ann�es d'entra�nement, sans que jamais cette discipline de fer ne se rel�che. �Mes amis ne comprenaient pas que je soit dans l'eau cinq jours par semaine, ils n'�taient pas au courant de ce je faisais, se souvient le jeune homme. Pour parvenir � pers�verer dans ce sport, il faut vraiment faire des sacrifices.�
La foi qui fait des vagues
Au fond, la pratique de la natation � un haut niveau ressemble presque � celle de la pri�re pour un religieux qui se consacrerait enti�rement � la contemplation. Inlassablement, longueur apr�s longueur, les sportifs tentent de perfectionner des d�tails de leur style pour grignoter les quelques dixi�mes de seconde qui les propulseront vers la victoire. Mais m�me les plus grands croyants en viennent parfois � remettre leur foi en question. Alexandre Leduc a bien failli accrocher son maillot apr�s une premi�re ann�e pass�e � Qu�bec pour ses �tudes coll�giales. Avec vingt heures par semaine en piscine, les cours � pr�parer et l'�loignement de son milieu familial, il avait presque perdu le go�t de la nage.
Sur les conseils d'un ancien entra�neur, il a diminu� son rythme d'entrainement et commenc� une nouvelle discipline, l'�preuve de longue distance, pour r�apprivoiser sa passion. Un choix qui lui a port� chance, puisque, depuis, il collectionne les bons r�sultats. Apr�s avoir termin� quatri�me sur 21 participants aux Jeux Pan-Pacifique d'Atlanta sur 25 kilom�tres, il a gagn� la troisi�me position au Lac Memphr�magog, une comp�tition qui fait partie de la s�rie mondiale. Ce nageur acharn� a finalement conquis cet �t� la premi�re place � la 41 �me �dition de la travers�e du Lac Saint-Jean, une �preuve qui se classe parmi les plus difficiles au monde. Les nageurs doivent en effet non seulement supporter un long s�jour dans une eau souvent tr�s froide, mais �galement se pr�parer � l'arriv�e inopin�e de vents violents durant la course et surtout affronter le manque de rep�res visuels.
�Dans un lac, on ne sent pas qu'on avance, pr�cise le jeune athl�te. Nager sur une aussi longue distance pousse au repli sur soi, � l'analyse. Durant l'�preuve, je pense � ce qui me reste � apprendre.� Il lui arrive aussi de chanter dans sa t�te des airs de musique entrainants pour se donner du courage. D'autre part, les �tudes en �ducation physique, qu'il poursuit au baccalaur�at depuis plus d'un an, l'aident � mieux comprendre le fonctionnement de son corps et � adapter ses connaissances th�oriques � la comp�tition. Tous les efforts d'Alexandre Leduc s'orientent donc vers la qu�te constante d'une plus grande vitesse de nage qui lui permettra de distancer ses futurs concurrents. Mais sa passion ne l'aveugle pas pour autant. Il sait que dans trois ou quatre ans, il devra penser � se reconvertir. Son choix est d�j� tout trouv�, il pratiquera la chiropactie comme papa, en r�vant peut-�tre le soir devant ses m�dailles accroch�es au mur.
PASCALE GU�RICOLAS