8 septembre 1994 |
AVEZ-VOUS DU TEMPS � PERDRE?
Une saine gestion de votre temps peut �tre un vecteur de succ�s dans le trimestre que vous abordez, tout en contribuant fortement � la qualit� de votre vie quotidienne.
�O temps, suspends ton vol!�, se plaignait un jour le po�te. La complainte actualis�e du tempus fugit fait aujourd'hui r�sonner d'autres �clats ou soupirs de d�sespoir dans les murs de notre cit�: �Je n'ai pas assez de 24 heures dans une journ�e... Le temps passe trop vite... Je ne m'en sortirai pas... Le trimestre est trop court...�
Ces variations sur le th�me du temps qui fuit, si elles sont loin d'�tre �g�n�ralis�es� � l'Universit�, sont tout de m�me tr�s fr�quentes... au point qu'elles constituent une des causes importantes de consultation au Service d'orientation et de counseling.
�La gestion du temps, c'est une des choses qui paraissent tellement simples... mais avec laquelle la plupart des gens ont des probl�mes�, constate Anne-Louise Fournier, psychologue au Service d'orientation et de counseling. M�me ceux et celles qui r�ussissent bien dans leurs �tudes ne sont pas �pargn�s, semble- t-il, quand arrivent les p�riodes intenses de mi-trimestre ou de fin de trimestre. �On accuse tout le temps le temps d'�tre la source de tous nos probl�mes, alors qu'on ne prend pas le temps d'essayer de l'apprivoiser, de le g�rer, de pouvoir en profiter�, fait-elle remarquer.
Encadrement et �conomie
Deux raisons expliqueraient, selon la psychologue, cette crainte du manque de temps qui tenaille � l'occasion ou en permanence certains �tudiants ou certaines �tudiantes. En premier lieu, il faut remonter � l'�poque des �tudes coll�giales pour palper une des sources de cette rar�faction appr�hend�e : on n'a pas appris � g�rer son temps au c�gep. �Souvent, on a r�ussi ses �tudes au niveau coll�gial sans g�rer son temps, en travaillant � la derni�re minute, de fa�on sporadique, mais sans d�velopper une routine de travail, une r�gularit�, sans prendre le temps de penser � planifier son temps, explique Anne-Louise Fournier. Au c�gep, les examens sont plus fr�quents, les travaux viennent plus rapidement ; on a moins besoin d'y penser. Quand on arrive � l'universit�, on doit composer avec beaucoup de p�riodes o� il n'y a pas d'�valuation. Alors, les �tudiants ne se sentent plus press�s... Mais, � un moment donn�, ils r�alisent que la semaine prochaine... tout est � remettre.�
Le doigt sur le bobo, la cause principale du probl�me de gestion, c'est donc l'encadrement. On se retrouve soudain � l'universit�, sans comptes � rendre, sans quelqu'un qui nous �talonne� au jour le jour ou presque... Appara�t � ce moment le laisser-aller, l'�parpillement dans les activit�s. On perd de vue les priorit�s, on s'engage dans quantit� d'activit�s plus ou moins importantes, qui grugent des heures pr�cieuses � celles qui sont essentielles. �Plus les �valuations sont r�guli�res et plus les examens sont nombreux, plus ce genre d'encadrement favorise une bonne gestion du temps�, estime la psychologue.
La r�alit� �conomique joue �galement dans l'apprentissage plus ou moins difficile de l'�coulement (et parfois de l'�croulement) des heures. Le ph�nom�ne des �tudes � temps plein combin�es � un emploi � temps partiel est monnaie courante de nos jours. On estime en effet que 60 % environ des �tudiants et des �tudiantes occupent un emploi qui absorbe plus de 10 heures de leur temps chaque semaine. Le d�fi de la conciliation entre ces deux types d'activit�s �concurrentielles� se trouve d�s lors pos� dans toute son acuit�.
In�vitables s�quelles
Et les premiers sympt�mes ne tardent pas � appara�tre. Les �Je n'ai pas assez de 24 heures� ou �Je ne m'en sortirai pas�, qui r�sonnaient tout � l'heure � nos oreilles, signes cruels de la prise de conscience d'un probl�me r�el, ne surgissent bien souvent - malheureusement - qu'apr�s coup. Le r�veil est quelques fois brutal: on avait projet� d'aller faire du ski durant la semaine de lecture, mais on s'aper�oit, une semaine avant les examens, qu'il nous reste plein de travaux � faire... �On se rend compte de la gravit� de la situation, sauf qu'on ne prend pas toujours le temps d'arr�ter et de r�agir�, poursuit Anne-Louise Fournier. L'urgence de poser un geste pourrait alors se r�sumer, selon elle, � cette phrase lapidaire: �Si on n'organise pas son temps, on risque de se faire �organiser��.
Peu importe la discipline, peu importe que l'on soit inscrit en sciences humaines ou en sciences pures, la mauvaise gestion du temps frappe autant d'un c�t� que de l'autre, atteignant ses points culminants lors des intenses p�riodes d'anxi�t� que sont la mi-trimestre et la fin du trimestre. Et, in�vitablement, ses cons�quences se font sentir sur les r�sultats scolaires (moins bonnes notes, abandons, �checs, voire exclusion du programme) et sur le plan de l'estime de soi (grand sentiment d'insatisfaction). Sans ici parler de la procrastination, cette tendance � toujours remettre � plus tard, qui d�rive en droite ligne d'une gestion du temps d�ficiente. (Le Service d'orientation et de couseling proposera d'ailleurs, dans les semaines � venir, un atelier pour les procrastinateurs. Surveillez l'annonce dans le FIL).
La bou�e qu'on se lance
Il est possible de se sortir du bourbier de l'agenda universitaire dans lequel on aurait pu s'enliser malencontreusement. Contrairement � ce que pensent plusieurs �tudiants, la gestion du temps, ce n'est pas �tablir une grille- horaire fixe pour le trimestre. �C'est loin d'�tre le cas, car il n'y a pas deux semaines pareilles, les exigences des travaux ne sont pas les m�mes d'une semaine � l'autre�, tient � souligner la psychologue du Service d'orientation et de counseling.
Les mesures de redressement s'�chafaudent donc en fonction de chaque individu.
Premi�re �tape primordiale: �tablir ses priorit�s pour le trimestre ou pour l'ann�e: quels sont ses buts, ses objectifs, et ce, bien avant le d�but des cours. Puis � partir des syllabus distribu�s dans la premi�re semaine de cours, soupeser la quantit� d'ouvrage, remarquer le type d'�valuation et de travaux pour r�partir la somme de travail de semaine en semaine. On peut pr�voir un emploi, mais il faut d'abord le reconna�tre comme une priorit�, si l'on veut faire ressortir le but que l'on cherche � atteindre.
�tablir ses priorit�s, c'est aussi, selon Anne-Louise Fournier, apprendre � ne pas essayer d'�tre un �tudiant parfait ou mod�le. �C'est de savoir si on est meilleur pour �tudier le matin, l'apr�s-midi ou le soir... C'est essayer d'y aller selon son propre rythme, son fonctionnement personnel... Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix dans les objectifs qu'on se fixe. Il ne faut surtout pas tenter de suivre un mod�le parfait: cela, on n'y arrive pas�, avertit-elle.
Nous sommes donc en pr�sence d'une approche en trois temps, trois mouvements: on identifie d'abord ses priorit�s, on s'observe pour d�tecter les pertes de temps, puis on se r�ajuste. �Je r�p�te souvent aux �tudiants que le bac, les �tudes universitaires, c'est trois ans d'entra�nement. Que la gestion du temps, c'est une habilet� essentielle � la vie professionnelle. Que s'ils ne l'ont jamais d�velopp�e avant, ils ont trois ans pour s'entra�ner�, nous confie la psychologue.
Des ateliers sur mesure
Cet entra�nement, si essentiel au bon rendement scolaire et au meilleur accomplissement de la t�che sur le march� du travail, le Service d'orientation et de counseling le prodigue, entre autres, par l'interm�diaire de ses Ateliers sur le m�tier d'�tudiant et d'�tudiante.
Des ateliers qui offrent tout un �ventail d'outils, comme la concentration, la lecture active, la prise de notes en classe, qui sont tributaires, au pr�alable, d'une gestion du temps ad�quate.
Les rencontres mises sur pied par les conseillers et les conseill�res du SOC pour apprivoiser le temps entretiennent un double objectif: favoriser la responsabilisation vis-�-vis de ses �tudes et l'autonomie efficace. Car la client�le qui fr�quente ces �rendez-vous avec soi-m�me� ressort habituellement de l'exp�rience, soit confort�e, soit rassur�e, nous assure Anne -Louise Fournier. � Beaucoup d'�tudiants ont le sentiment que les m�thodes d'�tudes qu'ils pr�conisaient au secondaire et au c�gep ne s'appliquent plus � l'universit�. Quoi qu'ils en pensent, ils ont quand m�me acquis une m�thode de travail de base. Ce qu'ils r�ussissent � faire dans nos ateliers sur la gestion du temps, c'est de pouvoir comparer leur m�thode de travail avec ce qui est sugg�r�, puis d'identifier certaines lacunes et de les combler avec les strat�gies propos�es. Par contre, lorsqu'on poss�de d�j� une bonne m�thode, les ateliers viennent confirmer qu'on travaille de la bonne fa�on�, ajoute-t- elle.
Le temps continuant aussi de faire son oeuvre dans la Cit� universitaire (campus fugit), le Service d'orientation et de counseling (656-7987) proposera bient�t d'excellents moyens de passer sereinement � travers cette �preuve contre la montre qu'est une grille-horaire qui vous �chauffe�. Il serait peut- �tre temps d'y songer s�rieusement...
GABRIEL COT�
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