8 septembre 1994 |
les partis et l'enseignement sup�rieur
Secteur prioritaire, engagements prudents
L'enseignement sup�rieur a eu bien du mal � se tailler une place au soleil dans la campagne �lectorale qui s'ach�ve, entre les 3 000 enfants en attente d'une op�ration � l'h�pital Sainte-Justine, la recherche des documents sur les d�doublements de d�penses entre Qu�bec et Ottawa et les discours sur la relance de l'emploi. Bien s�r, chacune des plate-formes politiques des partis en lice accorde une grande importance � l'�ducation, un secteur �prioritaire� selon les lib�raux et le �creuset de la soci�t� pour les p�quistes. Mais les engagements restent pour l'instant assez vagues et les candidats tr�s prudents sur les r�formes � entreprendre.
Noir bilan
Le Parti Qu�b�cois, dans l'opposition depuis neuf ans, tire un bilan catastrophique des r�alisations lib�rales dans l'enseignement sup�rieur. Il s'attaque notamment au d�gel des frais de scolarit�, � l'endettement grandissant des �tudiants et au d�crochage scolaire, reprennant l'essentiel des revendications des associations �tudiantes. Mais peut- �tre �chaud�s par l'ampleur du d�ficit du budget, les candidats p�quistes ne promettent pas mer et monde aux �tudiants. Ils s'engagent par exemple � geler les frais de scolarit� et non � les ramener au niveau de 1989. Pour favoriser l'ad�quation entre la formation universitaire et le march� de l'emploi, le Parti Qu�b�cois promet de favoriser l'alternance �tudes-travail, mais reste assez flou sur la mani�re d'y arriver. En fait, toutes les questions pr�cises sur l'�quilibre entre la proportion du pr�t et de la bourse, les modalit�s du remboursement, l'endettement des �tudiants, les programmes universitaires vont faire l'objet d'un examen, mais seulement apr�s les �lections explique le Parti Qu�b�cois.
�Nous voulons convoquer des �tats g�n�raux de l'�ducation, un peu sur le mod�le de la Commission B�langer-Campeau mais sans les d�put�s, indique Diane Barbeau, candidate PQ dans Vanier et porte-parole pour la jeunesse. Il faut un d�bat sur le syst�me d'�ducation au Qu�bec, en concertation avec les gens du milieu pour �voluer selon les besoins de la population.� La forme que prendra l'enseignement sup�rieur, version p�quiste, semble donc suspendue aux r�sultats de cette vaste consultation, qui pourrait s'apparenter au rapport Parent dans les ann�es 70. Par contre, le Parti Qu�b�cois s'engage d�s aujourd'hui � pr�senter une loi-cadre sur l'aide financi�re et les droits de scolarit�, afin d'�viter aux �tudiants de d�sagr�ables surprises sur les modifications des crit�res d'admission aux pr�ts et bourses.
De son c�t� le Parti Lib�ral du Qu�bec fair ressortir les progr�s accomplis sous son mandat. Selon le gouvernement sortant, la hausse des frais de scolarit� ainsi que l'augmentation des subventions gouvernementales ont b�n�fici� aux universit�s qui ont vu leurs revenus s'accro�tre. Ces moyens financiers suppl�mentaires auraient aid� les �tablissements universitaires � am�liorer la qualit� de leurs �quipements et de l'enseignement. Mais finalement, les engagements en mati�re d'enseignement sup�rieur pris par les lib�raux lors de cette campagne �lectorale diff�rent assez peu de ceux des p�quistes.
L'emploi d'abord
Conscient des nouvelles pr�occupations des �tudiants en mati�re d'emploi, le Parti Lib�ral du Qu�bec s'engage � trouver 50 000 stages dans des entreprises qu�b�coises pour permettre aux jeunes d'acqu�rir une exp�rience de travail. Une mesure assez proche de l'alternance �tudes- travail pr�n�e par le Parti Qu�b�cois. Les candidats lib�raux affirment �galement rechercher une plus grande concertation avec le milieu de l'enseignement, et soutiennent que la recherche du dialogue a d�j� commenc�. En effet, le ministre de l'�ducation Jacques Chagnon a convi� les associations �tudiantes � une table de concertation pour r�examiner les modalit�s d'attribution des pr�ts et bourses.
Par contre, le discours des lib�raux sur l'accessibilit� aux �tudes se d�marque de celui des p�quistes. En effet, le Parti Lib�ral du Qu�bec refuse de consid�rer le d�gel des frais de scolarit� comme la principale cause de l'endettement des �tudiants. �Nous restons loin derri�re la moyenne canadienne, indique Silvia Garcia, candidate PLQ dans le comt� de Louis-H�bert. Plus que la question de l'acc�s � l'universit�, c'est celle de l'emploi qu'il faut r�soudre en responsabilisant les �tudiants et en luttant contre le d�crochage. Peut-�tre que davantage de programmes universitaires devraient voir leur effectif contingenter, et l'entreprise priv�e s'associer plus �troitement aux universit�s.�
Transparence accrue
Pour le Parti Action d�mocratique, le troisi�me parti en lice et nouveau venu en politique, il faut aller chercher l'argent pour l'enseignement sup�rieur l� o� il se trouve. Cela signifie pour Ga�tane Lamontagne, candidate dans Louis-H�bert, une meilleure transparence dans la gestion des universit�s gr�ce � des pouvoirs accrus pour le V�rificateur g�n�ral, une r�duction du personnel administratif en �ducation au profit des enseignants et plus grande participation de l'entreprise priv�e au financement des institutions.
Selon la candidate PAD, les �tudiants devraient recevoir un revenu minimum garanti toute la dur�e de leurs �tudes afin de ne plus s'endetter. �Actuellement, on exploite les �tudiants, que ce soit en leur faisant payer d'�normes tarifs pour le stationnement, ou en les contraignant � acheter des syllabus qui ne leur servent pas, s'insurge Ga�tane Lamontagne. Il faut �galement que le gouvernement s'implique davantage dans les programmes de cours offerts pour mieux s'adapter aux besoins du march� de l'emploi.�
La CADEUL, la Conf�d�ration des associations d'�tudiantes et d'�tudiants de l'Universit� Laval, a d�cid� de ne pas appeler ses membres � voter pour l'un des partis plut�t que l'autre. Par contre, le pr�sident de l'association, �ric Gagnon, et son �quipe ont rencontr� la plupart des candidats de la r�gion de Qu�bec ainsi que ceux de l'Est de la province. Ils voulaient savoir d'abord et avant tout quels engagements prenaient les politiciens de chacune des circonscriptions sur l'�pineux dossier de l'enseignement sup�rieur, afin d'en informer les �tudiants. Ainsi d�ment renseign�s, ces derniers vont pouvoir voter en toute connaissance de cause.
Pascale gu�ricolas
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