29 septembre 1994 |
Lise Dubois: la sant� � la t�l�
N'e�t �t� de son int�r�t pour les aspects sociaux reli�s � la sant�, Lise Dubois coulerait probablement des jours tranquilles, lov�e dans sa profession de di�t�tiste et satisfaite de son sort. Mais l'int�r�t de la dame pour les aspects sociaux reli�s � la sant� est venu bouleverser l'ordre �tabli. Apr�s avoir suivi un cours en sociologie, puis deux, puis trois, et effectu� quelques rajustements scolaires, l'�tudiante passe directement de la ma�trise en sociologie au doctorat, et ce, sans avoir d�pos� de m�moire � cause d'un rendement scolaire exceptionnel. Il y a quelques semaines, apr�s trois ans et demi de travail acharn�, elle d�posait une volumineuse th�se de 700 pages portant sur la repr�sentation sociale de la sant� � la t�l�vision qu�b�coise.
Pour les fins de cette �tude dirig�e par Pierre St-Arnaud, du D�partement de sociologie, et codirig�e par Roger De La Garde, du D�partement d'information et de communication, Lise Dubois a analys� le discours t�l�visuel sur la sant� et la maladie �mis par Radio-Canada et TVA, durant une p�riode trois semaines, en mars 1992. Conclusion: la sant� et la maladie constituent des sujets tr�s populaires � la t�l�vision qu�b�coise. En effet, la chercheure a relev� plus de 12 400 unit�s d'analyse qu'elle a ensuite d�cortiqu�es une � une. �Par rapport aux autres professionnels de la sant�, les m�decins sont tr�s pr�sents � la t�l�. En fait, tout se passe comme si on avait besoin d'appuyer notre sens commun sur un savoir d'experts.�
Chose certaine, rapporte Lise Dubois, le discours social sur la sant� et la maladie demeure un discours tr�s coh�rent: il faut bien manger pour rester en sant� et �tre fid�le en amour pour ne pas attraper le sida. Par ailleurs, la sant� co�te cher: il faut toujours acheter quelque chose pour se d�tendre, que ce soit un massage ou une s�ance de bronzage, mise en march� et t�l�vision allant de pair. La t�l�vision nous montre aussi le beau c�t� de la m�daille, si on peut dire. Au petit �cran, les personnes handicap�es sont des athl�tes et les �a�n�s� se distinguent par leur dynamisme. Les personnes malades, elles, ne le sont que pour un temps: encore quelques ann�es, et toutes les maladies seront gu�ries. �Tout se passe comme si la t�l�vision voulait rassurer le public dans un d�sir de lui plaire � tout prix�, constate la chercheuse. �En ce sens, le discours t�l�visuel v�hicule une vision positiviste du progr�s.�
Bien que Lise Dubois ait trouv� le sujet passionnant, le principal d�fi auquel elle a fait face a �t� de passer du mode de pens�e scientifique propre au sciences de la sant� � celui, moins �tranch�, plus flou, des sciences humaines. Mais le plus difficile demeure encore de ne pas avoir d'emploi, avoue-t-elle. Pour cette raison, elle entreprendra d'ici peu un post-doctorat � l'Universit� de Montr�al, sous la direction de Marc Renaud, consid�r� comme une sommit� dans le domaine de la sociologie de la sant�.
REN�E LAROCHELLE
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