29 septembre 1994 |
Que faire pour d�nicher un emploi?
SAVOIR FONCER ET
SAVOIR SE VENDRE
L'Occident vit pr�sentement, et douloureusement, la fin d'une �poque: il nous faudra dor�navant produire davantage de richesse, mais avec moins de travailleurs. L'avenir appartient aux diplom�s qui ont des id�es et de l'entregent.
Une des meilleures fa�ons de se d�nicher un emploi dans l'actuel et tr�s comp�titif, voire difficile, march� du travail, c'est de ne pas h�siter � foncer et de savoir se vendre.
Il ne s'agit pas n�cessairement l� d'une formule miracle, mais plut�t d'une formule gagnante qui semble faire l'unanimit� autant du c�t� des employeurs que de celui des �tudiants et des �tudiantes aux cycles sup�rieures qui s'�taient donn� rendez-vous, le jeudi 22 septembre, autour d'une table ronde sur la d�mystification du march� de l'emploi.
La premi�re activit� organis�e par l'Union des gradu�s et gradu�es inscrits � Laval (UGIL) et le Vice-rectorat aux �tudes, en collaboration avec Consulte-Action-Emploi 2e et 3e cycles, un partenariat r�unissant le Service de placement, la Facult� des �tudes sup�rieures et l'UGIL, aura certes connu un fort succ�s de participation. La rencontre a attir� en effet quelque 400 personnes � la caf�t�ria du pavillon Maurice-Pollack. Mais son plus grand m�rite aura �t� d'�taler dans un m�me lieu des opinions �clair�es sur la situation de l'emploi, sur la perception des employeurs vis-�-vis des �tudiants et des �tudiantes des 2e et 3e cycles, et sur la pertinence de la formation universitaire.
De meilleures chances
�Ce n'est pas une crise que nous sommes en train de vivre; c'est pire que �a: c'est une v�ritable r�volution qui frappe tout l'Occident. Nous ne sommes pas dans un creux, mais bien � la fin d'une �poque. Il nous faudra produire de la richesse, mais avec moins de monde. Ce qui n'est pas facile � admettre�, lancera d'entr�e de jeu Simon Durivage, journaliste et animateur � la Soci�t� Radio-Canada, qui agissait � titre de mod�rateur du petit d�jeuner en table ronde.
La table �tait donc mise pour que les �changes s'amorcent, dans un premier temps, entre les huit participants et participantes assis sur l'estrade. D'un c�t�, quatre repr�sentants et repr�sentantes d'entreprises: Robert Watson, de la Banque Royale; Annie Simard, d'Exfo;
�lise Boudreault, de la Commission de la Fonction publique du Canada;
Yves Blais, de la compagnie Upjohn. De l'autre, quatre �tudiants et �tudiantes aux cycles sup�rieurs: Marie-Claude Lajoie, ma�trise en sciences �nonomiques; Beno�t Lacasse, ma�trise en g�nie m�canique; Yves Laberge, doctorat en sociologie; Anik Delagrave, doctorat en g�nie civil.
� la question: �Pourquoi faire des �tudes de 2e et 3e cycles?�, Yves Laberge r�pondra que, vu l'abondance de dipl�m�s, il importe de se donner de meilleures chances de trouver un emploi. Pour Marie-Claude Lajoie, �il faut le faire par go�t�. �Au lieu de rester � la maison � ne rien faire, on fonce, on avance. Mais cela demande un investissement de soi �norme�, dira pour sa part Anik Delagrave.
Mais est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle? Les chances sont- elles meilleures pour un dipl�m� ou une dipl�m�e des cycles sup�rieurs?
serait-on tent� de demander... comme l'a fait d'ailleurs Simon Durivage.
Une place au soleil
S'il est vrai que les minist�res f�d�raux recherchent d'abord des gens qui ont des id�es, il n'en demeure pas moins que 40 % de leur recrutement dans les �tablissements universitaires se r�alise aux cycles sup�rieurs, r�v�lera �lise Boudreault, agente de recrutement universitaire � la Commission de la Fonction publique du Canada. Son de cloche similaire du c�t� de l'entreprise priv�e. Exfo, une PME dynamique dans le domaine de la recherche et du d�veloppement, compte quelque 160 employ�s, dont une cinquantaine sont issus des �tudes de ma�trise et de doctorat. Et si l'on se fie � Annie Simard, leur contingent sera appel� � grossir dans les ann�es � venir. La situation qui a cours � la Banque Royale est toute autre, cependant. Selon Robert Watson, seulement quelques postes sp�cialis�s demandent des titulaires de M.A. ou de Ph. D. dans cette grande entreprise, par exemple, en sciences �conomiques ou � la direction des comptes.
Puis tombe l'in�vitable interrogation qui br�le toutes les l�vres depuis un bon moment: l'enseignement est-il appropri�? �En g�n�ral, les minist�res f�d�raux sont tr�s satisfaits des gens qu'ils ont embauch�s. La formation universitaire semble donc correspondre � leurs besoins�, indiquera �lise Boudreault. �La formation colle assez bien aux besoins, mais il manque une petite composante de gestion�, ajoutera Annie Simard, d'Exfo. Yves Blais, de la compagnie Upjohn, sugg�rera, quant � lui, que les �tudiants et les �tudiantes puissent un jour faire leur ma�trise au sein des entreprises.
Le poids des qualit�s personnelles
Le d�bat s'est par la suite transport� dans la salle o� certaines interventions ont eu l'heur de redonner plus de chair au squelette de certains �changes entrepris autour de la table ronde.
On pouvait bien palper ici et l� quelques nuages d'ins�curit� l�gitime planant au-dessus de questions provenant d'�tudiants ou d'�tudiantes. Mais l'exercice aura toutefois permis de mieux mettre en �vidence l'attitude que tout dipl�m� ou toute dipl�m�e devra adapter s'il veut ou si elle veut percer un jour: � La vie, c'est de la vente�, r�sumera � sa fa�on Yves Blais, de la compagnie Upjohn.
Devant ce �d�fi enthousiasmant� qui les attend -- pour reprendre ici l'expression de Simon Durivage --, il leur faudra faire preuve de beaucoup de d�brouillardise et d'imagination. Il leur faudra, de plus, faire montre de polyvalence, foncer et... se vendre. Car le seul dipl�me ne compte plus de nos jours: ce sont la personnalit� et les exp�riences de vie qui feront dor�navant pencher la balance...
GABRIEL COT�