22 septembre 1994 |
RAPPORT ANNUEL DU PROTECTEUR UNIVERSITAIRE
Un syst�me de notation d�suet, d�clare Jean-Claude Filteau
Le syst�me de notation bas� sur des lettres (A � E) qu'utilise l'Universit� Laval est d�suet et ne r�pond plus aux exigences de la soci�t� moderne. C'est le conclusion � laquelle en arrive le Protecteur universitaire, Jean-Claude Filteau. dans son dernier rapport annuel.
Le rapport ne compte cette ann�e qu'une seule recommandation -contre onze il y a deux ans, lors du rapport qui mettait fin au mandat de six ans de Lucien Huot- mais celle-ci constitue une attaque s�v�re contre un syst�me de notation solidement implant� depuis plus de 20 ans.
Jean-Claude Filteau, qui signe ici son deuxi�me rapport, d�pos� hier, mercredi, 21 septembre, au Conseil d'administration, reconna�t qu'il s'agit l� d'une �question d�licate�, qui a fait l'objet de bien d'autres �tudes, et qui n�cessitera �un certain courage pour enfin l'aborder de front.�. Mais il faudra t�t ou tard admettre, dit-il, que notre syst�me de notation par lettres est aujourd'hui d�pass�.
�On est � une �poque o� les exigences sont de plus en plus s�v�res�, explique-t-il. Un syst�me de notation par lettres avait du sens jadis, lorsque les portes �taient grandes ouvertes aux jeunes. Aujourd'hui, les ressources sont limit�es, la comp�tition est tr�s forte, et quelques centi�mes de point peuvent faire la diff�rence entre l'admission ou non au deuxi�me cycle ou dans un programme contingent�, l'attribution ou non d'une bourse de recherche, etc. Dans un tel contexte, un bulletin limit� aux notes A, B, C, D ou E, ne signifie plus grand-chose.
Le Protecteur n'ayant qu'un pouvoir moral, il ne lui appartient pas d'exiger, ou m�me de proposer, un nouveau syst�me de notation. Mais en faisant de la r�vision de ce syst�me sa seule recommandation cette ann�e, il a, volontairement ou non, fait en sorte qu'on ne puisse pas passer � c�t�.
Sur les 254 plaintes trait�es en 1993-94 par le Protecteur universitaire (contre 300 � 325 entre 1989 et 1992), 234 provenaient d'�tudiants. Le Protecteur a �galement accord� 578 consultations (dont 452 � des �tudiants), un record depuis la cr�ation du poste.
Si son rapport ne contient qu'une seule recommandation, en revanche, il fourmille de mises en garde sur les dangers que peuvent faire courir les compressions budg�taires, le manque de rigueur professionnelle et la �rigidit� administrative�.
En fait, conclut Jean=Claude Filteau, le danger qui guette l'Universit�, c'est de sombrer dans une lourdeur bureaucratique et de devenir insensible � sa client�le �tudiante. �Il faut prendre garde, �crit-il en introduction, que l'id�e "compression" ne devienne une mystique qui affecte tout le monde des relations qu'une universit� entretient avec ses �tudiants�. La rigueur, poursuit-il, �ne justifie pas n�cessairement le climat de rigidit� et de morosit� que l'on sent poindre dans certaines unit�s�. Les �tudiants sont conscients que les temps sont durs, mais �ils acceptent mal cependant qu'on semble parfois les pi�ger, qu'on n'ait pas le temps de les �couter, qu'on ne les traite pas avec d�f�rence et que, souvent, ils se retrouvent face � des personnes qui ne font pas preuve elles-m�mes de la rigueur professionnelle qu'elles exigent des autres.�
Pour lutter contre cela, il n'existe pas de recettes-miracles, reconna�t- il en entrevue. Tout au plus le Protecteur peut-il tenter de faire sa part en att�nuant les conflits naissants et en �coutant les dol�ances des uns et des autres.
La fonction du Protecteur universitaire est de recevoir les plaintes des �tudiants, professeurs ou employ�s -le tout de fa�on confidentielle- d'en analyser le bien-fond�, d'enqu�ter et de soumettre des recommandations s'il y a lieu. S'il lui arrive donc de se transformer en enqu�teur, il lui arrive �galement de jouer le r�le d'un conseiller: �Le plus souvent, on fait face � une m�connaissance des r�glements et des structures administratives de l'Universit� ou de ses unit�s�.
Il donne en exemple les r�glements relatifs aux �tudes, qui ont fait l'objet du plus grand nombre de plaintes (113 sur 254). Entre autres choses, le Protecteur s'�tonne -ce n'est pas la premi�re fois- du nombre �norme d'�tudiants qui semblent n'avoir jamais vu de leur vie le R�glement du premier cycle, et s'interroge sur la possibilit� de �simplifier cette r�glementation ou, � tout le moins, d'en proposer une pr�sentation plus accessible�.
Cette derni�re r�flexion renvoie pr�cis�ment � la fonction de base du Protecteur universitaire, telle que d�finie lors de la cr�ation du poste en 1981: prot�ger les droits des membres de la communaut� universitaire devant la prolif�ration de normes administratives de plus en plus complexes. Il a encore du pain sur la planche.
PASCAL LAPOINTE
Le Rapport annuel 1992-1993 du Protecteur universitaire paraitra dans son int�gralit� dans l �dition du 29 septembre du Fil.