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1er septembre 1994 ![]() |
CONGRES
LE RETOUR DES GRANDS CLASSIQUES
Les deuxi�mes assises de la FIEC en terre d"Am�rique ont d�montr� que l'�tude des humanit�s classiques demeure une n�cessit� vitale pour nos soci�t�s modernes
L'�poque o� les coll�ges classiques remplissaient nos universit�s de leurs cohortes quasiment � eux seuls est r�volue depuis longtemps. Les humanit�s classiques, toutefois, sont demeur�es, connaissant des fortunes diverses l� o� elles avaient r�ussi � traverser l'�preuve du temps.
Le 10e Congr�s de la F�d�ration internationale des associations d'�tudes classiques (FIEC), qui se d�roulait sur le campus du 23 au 27 ao�t, aura �t� une occasion unique de se rendre compte de la vitalit�, voire de la vivacit�, de ces disciplines dites anciennes qui sont ancr�es dans les fondements de nos soci�t�s modernes.
La tenue de pareille rencontre dans notre cit� universitaire, au coeur m�me de l'a�n�e des universit�s francophones d'Am�rique, rev�tait une importance particuli�re. C'�tait seulement la deuxi�me fois en 30 ans, en effet, que la FIEC tenait ses assises quinquennales sur notre continent.
L'embarras du choix
Le programme du congr�s a certes pu r�pondre aux attentes des quelque 425 congressistes provenant d'une quarantaine de pays, puisqu'il ne comptait pas moins de 300 communications. Regroup�es autour de 18 th�mes et de deux colloques, celles-ci proposaient aux sp�cialistes de cheminer, notamment, � travers la tradition classique en Am�rique, les interpr�tations antiques des mythes et des rituels, la langue de la philosophie antique, les genres litt�raires chr�tiens, les relations culturelles entre Grecs et Juifs, et les deux colloques consacr�s � l'exercice du pouvoir dans l'Empire romain � l'�poque r�publicaine, et aux �tudes classiques au Canada.
Une n�cessit� vitale
Une dizaine de professeurs et de professeures de l'Universit� Laval, pour la plupart des d�partements des litt�ratures et d'histoire de la Facult� des lettres, ont particip� aux travaux de cette rencontre fort relev�e, y pr�sentant des expos�s et des affiches ou expositions.
Parmi eux, Maurice Lebel, professeur �m�rite de la Facult� des lettres, a trac� un tableau impressionniste et impressionnant des humanit�s classiques au Canada fran�ais. Pour lui, qui a v�cu et particip� � leur �volution chez nous, l'enseignement de ces humanit�s a fait un bond de qualit� dans les universit�s de 1920 � nos jours, � la suite de la cr�ation des facult�s des lettres et de philosophie et de l'introduction de nouvelles disciplines comme l'histoire ancienne et l'histoire de l'art antique, l'arch�ologie pa�enne, chr�tienne et m�me gallo-romaine, la grammaire compar�e, la philosophie grecque, la patristique, l'�pigraphie, l'iconographie, la mus�ologie, la mosa�que, l'historiographie et l'annalistique.
�L'�tude des humanit�s classiques, loin d'�tre un luxe inutile, demeure une n�cessit� vitale. Elle m�rite d'�tre poursuivie sans rel�che, d'autant plus qu'elle porte sur l'homme, sur les premi�res grandes cr�ations de l'homme en Occident; il ne faut jamais perdre de vue l'homme, et c'est toujours un grand malheur pour l'humanit� chaque fois que pareil oubli se produit�, pense Maurice Lebel.
Un autre portrait nous est venu de Lucien Finette, professeur au D�partement des litt�ratures, qui s'est attard� � rappeler la riche histoire des �tudes anciennes � l'Universit� Laval, et � d�crire la situation qui y pr�vaut actuellement autant du c�t� du 1er cycle que de celui de la recherche. �On constate que les �tudes anciennes au coll�gial suscitent un int�r�t certain et cr�ent un besoin de personnel enseignant que l'Universit� Laval a le devoir de satisfaire de la fa�on la plus ad�quate possible�, a-t-il fait remarquer.
L'informatique � la rescousse
Le moment de ce grand rassemblement international �tait bien choisi pour faire conna�tre �galement aux congressistes le Laboratoire de recherches hippocratiques de la Facult� des lettres.
Mis sur pied il y a 25 ans par les professeurs Gilles Maloney et Jacques Desautels, du D�partement des litt�rattures, le LRH recourt depuis un peu plus de 20 ans au traitement informatique dans ses recherches sur les oeuvres attribu�es � Hippocrate. Son programme de recherche porte sur un analyseur morphologique automatique de textes grecs; une Concordance et des Indexes inverses des textes hippocratiques; une bibliographique hippocratique; le vocabulaire botanique d'Hippocrate; un analyseur statistique (Anacos) de cooccurrences de mots chez Hippocrate.
En plus de sa communication avec affiches sur le Laboratoire de recherches hippocratiques, Gilles Maloney a pr�sent� une nouvelle m�thode d'apprentissage du grec ancien, Socrate, qui s'adresse aux d�butants de niveau universitaire. Une m�thode qui se caract�rise, selon le professeur Maloney, �par sa vari�t�, sa volont� d'amener les �tudiants � lire par eux-m�mes des textes grecs originaux et en appr�cier les nuances ainsi que l'esprit particulier qui les anime�.
Les congressistes ont tout de m�me pu b�n�ficier de quelques heures de r�pit � l'int�rieur du programme tr�s charg� de ce 10e Congr�s de la F�d�ration internationale des associations d'�tudes classiques (FIEC). L'instant privil�gi� entre tous fut sans doute la soir�e de po�sie grecque et latine, qui avait lieu le mercredi 24 ao�t au Mus�e de la Civilisation. La r�ception, nous a-t-on appris, a su combler les convives qui ont eu droit � des morceaux choisis d'Hom�re, Archiloque, Alcman, Sappho, Sophocle, Aristophane, Cic�ron, Catulle, Horace et Virgile, lus dans la prononciation historique restitu�e par des membres de la Society for the Oral Reading of Greek and Latin Literature.
GABRIEL COT�