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15 septembre 1994 ![]() |
�lizabeth Ouellet: poussi�res de femmes
Que des femmes aient recours � d'autres femmes pour faire le m�nage de leur maison est un ph�nom�ne qui a toujours �tonn� �lizabeth Ouellet. Dans son m�moire de ma�trise effectu� sous la direction de Daniel Mercure, du D�partement de sociologie, la chercheuse a d�gag�, entre autres, quatre types de "servitude" r�gissant les rapports sociaux entre les consommatrices de services d'entretien m�nager r�sidentiels et leurs femmes de m�nage. Seize consommatrices ont particip� � l'�tude.
La tendance "pragmatiste" tire son nom du fait que l'employeure se fait une id�e de la relation de travail � partir de sa valeur pratique et de son r�sultat. Pour atteindre son but, la personne va tenter d'�tablir le meilleur contact possible avec sa femme de m�nage qui, avec le temps, deviendra presque un membre de la famille. Cette vision de l'autre est empreinte de "maternalisme" et de bienveillance; gentillesse et amabilit� viennent masquer la fronti�re qui est fix�e et maintenue implicitement. La tendance "traditionaliste" se distingue par le fait que l'employeure consid�re normal qu'une cat�gorie de gens soit pr�sente dans la soci�t� pour faire le travail dont elle a besoin. Bien qu'elle d�montre politesse et bienveillance envers son employ�e, elle signale, par son comportement, que l'autre doit garder sa place.
Comme son nom l'indique, la tendance excessive se caract�rise par une relation empreinte de "gentillesse excessive" et de recherche d'exclusivit�. Dans cette optique, note Elizabeth Ouellet, il est primordial pour la consommatrice d'instaurer une relation de confiance enti�re, de telle sorte que la femme de m�nage devienne la ma�tresse de maison � sa place. La tendance n�gativiste est bas�e sur la r�sistance ou le refus de consid�rer la travailleuse comme personne. Misant d'abord sur le r�sultat et s'attendant � �tre servies ad�quatement, ces personnes entretiennent un fort pr�jug� de classes envers les femmes qu'elles prennent � leur service.
"De fa�on g�n�rale, les consommatrices interrog�es ont une vision n�gative du travail domestique, tout en consid�rant qu'il doit �tre fait et qu'elles en ont la responsabilit�, souligne �lizabeth Ouellet. Poss�dant pour la plupart un dipl�me universitaire, elles occupent un poste int�ressant et accordent une grande importance � leur qualit� de vie, qui passe par une bonne gestion du temps. Le m�nage se pla�ant au dernier rang de leurs priorit�s, elles font le choix de s'acheter les services d'une personne � leur place." En conclusion, la chercheuse pose la question suivante: pour qu'une certaine partie des femmes d'aujourd'hui puisse jouir d'une reconnaissance sociale par leur travail, une autre partie doit-elle continuer � oeuvrer dans le noir � des travaux invisibles?
Ren�e
Larochelle