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6 octobre 1994 ![]() |
RECHERCHE
Des nouvelles du front de lutte biologique
Pr�s de 60% des producteurs serricoles utilisent d�j� la lutte biologique pour venir � bout des maladies qui touchent leur production ou se d�barasser des insectes nuisibles. De plus en plus, en effet, ils r�pugnent � utiliser des pesticides et des fongicides qui peuvent avoir des cons�quences f�cheuses sur l'environnement, mais �galement provoquer des malaises physiques du fait de leur extr�me toxicit�. Sans oublier que certains insectes d�veloppent une r�sistance � ces produits. Comme les mara�chers ne souhaitent pas pour autant laisser leurs r�coltes de concombres ou de tomates servir de p�ture � des pr�dateurs d�cha�n�s, ils se tournent maintenant vers la lutte biologique.
La semaine derni�re, le Centre de recherche en horticulture de la Facult� des sciences de l'agriculture et de l'alimentation organisait une journ�e d'information sur les diff�rents travaux de recherche dans ce domaine. Pr�s d'une centaine de repr�sentants du Minist�re de l'agriculture, des p�cheries et de l'alimentation, du secteur horticole et de l'industrie ont ainsi pu prendre connaissance des derni�res nouvelles en provenance du front de lutte biologique.
Jacques Brodeur, professeur d'entomologie au D�partement de phytologie, a ainsi pr�sent� quelques r�sultats de travaux sur un insecte particulier qui s'attaque surtout aux tomates, l'acariose bronz�e. Ce triste individu s'attaque au feuillage de la plante et peut provoquer des d�formations du fruit et m�me sa chute pr�matur�e. Les producteurs de l�gumes en serre touch�s par le ph�nom�ne perdent ainsi une bonne partie de leur r�colte s'ils ne trouvent pas un moyen appropri� pour lutter contre l'insecte. Le chercheur et son �quipe ont donc pass� en revue les diff�rents insectes commercialis�s, susceptible de lutter contre l'acariose bronz�e.
En analysant tr�s pr�cis�ment les capacit�s de d�veloppement et de reproduction de plusieurs pr�dateurs ainsi que leur voracit�, l'�quipe de recherche a choisi un insecte, susceptible de lutter le plus efficacement possible contre l'insecte nuisible. Ces tests peuvent ainsi servir de guide aux producteurs serricoles, qui bien souvent ne disposent pas suffisamment d'informations pour choisir un pr�dateur adapt� � leur probl�me particulier. Comme l'expliquait Conrad Cloutier, professeur d'entomologie au D�partement de biologie � la Facult� des sciences et de g�nie qui a travaill� sur les ennemis du trips, les industriels qui commercialisent les insectes entretiennent cette confusion en modifiant fr�quemment les souches de pr�dateurs. Ce qui signifie que les agents pr�dateurs mis sur le march� ont des caract�ristiques diff�rentes d'une saison � l'autre.
Le monde de la luttte biologique connait aujourd'hui une forte expansion, et beaucoup d'entreprises se lancent dans l'aventure. Mais de nombreuses questions restent en suspens pour les producteurs serricoles. Ainsi, s'ils veulent r�ellement diminuer l'utilisation de pesticides, les mara�chers en cultures abrit�es doivent parfois avoir recours � plusieurs pr�dateurs sous une m�me serre, qui bien souvent ont chacun des conditions de vie diff�rentes, quand ils font face � plusieurs ravageurs. Il devient donc difficile pour le producteur de choisir une temp�rature ou un degr� d'humidit� sous la serre susceptible de satisfaire tout ce petit monde. Sans oublier la question du co�t d'achat des pr�dateurs.
Les producteurs serricoles aimeraient donc que les chercheurs trouvent des pr�dateurs capables de d�vorer plusieurs esp�ces d'insectes qui colonisent leurs productions. Et si possible rapidement. Car lorsqu'un agent pr�dateur fait d�faut et que les producteurs ont recours � un pesticide pour d�truire un insecte particulier, tout leur syst�me de lutte biologique se trouve souvent an�anti, les autres pr�dateurs souffrant �galement des arrosages de produits chimiques. Bref, les luttes entre insectes pourrait donner des maux de t�te � n'importe quel g�n�ral aguerri au combat.
PASCALE GU�RICOLAS