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27 octobre 1994 ![]() |
Sant� au travail
LE MAL DE L'AIR
Irritation du nez et de la gorge, maux de t�te, douleur aux yeux, fatigue mentale, les sympt�mes qui caract�risent ce mal dont souffrent les occupants d'immeubles �tanches sont tellement variables que les m�decins �prouvent souvent des difficult�s � poser un diagnostic s�r. Pourtant on sait d�sormais que les b�timents o� l'air ne rentre qu'au compte-goutte repr�sentent un terrain de croissance id�al pour le d�veloppement du syndrome de l'�difice � bureaux. Deux conf�renciers ont donc remis quelques pendules � l'oeuvre sur ce sujet d�licat mercredi dernier, � l'occasion de la semaine de la sant� et de la s�curit� au travail.
Depuis la crise de l'�nergie
Trop chaud, trop froid, trop humide, trop sec, quiconque ayant d� n�gocier avec des coll�gues de bureau autour d'un thermostat sait qu'on ne peut satisfaire les exigences de l'ensemble des employ�s qui partagent la m�me pi�ce. Pour juger de la bonne qualit� d'un environnement, Jean- Pierre Farant, membre du groupe de recherche sur la qualit� de l'air � l'Universit� McGill, se base donc sur le degr� de satisfaction de 80% des individus interrog�s.
Selon le professeur de chimie, conf�rencier invit� � l'Universit� Laval le 17 octobre dans le cadre de la Semaine de la sant� et s�curit� au travail, les origines du syndrome de l'�difice � bureaux remonteraient aux ann�es 70. � cette �poque, crise de l'�nergie oblige, les gestionnaires d�cidaient d'isoler et de calfeutrer les b�timents le mieux possible afin d'�viter les pertes de chaleur. De la m�me fa�on, ils r�duisaient consid�rablement l'action des syst�mes de ventilation �nergivores, et supprimaient les petits bureaux individuels au profit d'aires ouvertes plus �conomiques.
Malheureusement, les comptables ont n�glig� dans leurs calculs savants de prendre en compte la premi�re source de pollution du bureau, l'odeur humaine. Une certaine quantit� d'air minimum s'av�re en effet n�cessaire pour �liminer celle-ci, ainsi que les compos�s chimiques d�gag�s par les tapis, les peintures, les divers �quipements de travail, les contaminants biologiques produits par les plantes vertes, les compos�s organiques volatiles et bien d'autres. �Parfois, on peut identifier la cause principale d'un probl�me, remarque Jean-Pierre Farant. J'ai ainsi d�couvert qu'un champignon qui poussait dans le pot d'une plante dans le bureau d'un avocat provoquait une infection qui le rendait aphone tous les midis. Mais g�n�ralement, nous avons plut�t affaire � une combinaison de facteurs.�
Des symptomes qui nous pompent l'air
N�anmoins, les diff�rentes �tudes sur le sujet d�montrent clairement que si 20% de l'air d'une pi�ce est renouvel� r�guli�rement, les sympt�mes li�s au fameux syndrome chutent. Dans des �difices scell�s comme des bo�tes de conserve, le seul apport d'air nouveau vient du syst�me de ventilation, malheureusement inad�quat dans 68% des cas selon les statistiques am�ricaines. Pourtant, avec 10 000 litres � 20 000 litres d'air respir�s chaque jour par personne, comme le rappelait le docteur Jean Bourbeau, pneumologue � l'H�pital Saint-Sacrement, le syst�me respiratoire joue un r�le pr�pond�rant dans le syndrome des �difices � bureaux.
�Les rhinites, les allergies, l'asthme sont en croissance dans nos maisons de plus en plus herm�tiques, constate le m�decin. Selon les statistiques, 20 � 40% de gens souffrent d'un ou plusieurs sympt�mes li�s � la qualit� de l'environnement, mais les employeurs ne s'en pr�occupent pas beaucoup encore.� En effet, ce type de malaise, difficile � identifier, constitue tr�s rarement un danger mortel pour les patients. Mais comme le fait remarquer Jean Bourbeau, le syndrome des �difices � bureaux a certainement des r�percussions importantes sur la productivit� au travail et le taux d'absent�isme. Les �tudes statistiques pourraient d'ailleurs d�montrer que les �conomies sur l'�nergie r�alis�es en scellant les bureaux s'annulent lorqu'on prend en compte la productivit� des employ�s incommod�s par leur milieu de travail.
PASCALE GU�RICOLAS