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27 octobre 1994 ![]() |
Je dis (enfin) OUI au Qu�bec Libre
En 1980, j'�tais une toute jeune maman. Instruite, on me disait intelligente. Aussi, mes ami-es ne comprenaient pas que je fusse, � ce moment l�, contre l'ind�pendance lors du r�f�rendum de M. Ren� L�vesque. J'ai vot� pour le Parti Lib�ral jusqu'�... tout r�cemment. Le refus de l'entente du Lac Meech par le Canada anglais m'a tout de m�me �branl�e. Ce que j'ai vu ensuite, notamment l'acceptation (et la promotion) de l'entente de Charlottetown en 1992, par �mon� propre parti, m'a bless�e. F�d�raliste, ai-je dit. Mais � genoux, tout de m�me pas!
Depuis deux ans, je suis devenue h�sitante et � l'�coute plus que jamais des �deux� c�t�s de la barricade. Et je me suis rendu compte - � mon grand d�sarroi - que je n'�tais pas f�d�raliste par choix, mais bien par habitude. �a n'a pas de bon sens! me suis-je dit alors, moi... qui m'estime �tre une femme r�fl�chie. A l'heure actuelle, je ne suis pas (encore) �s�paratiste�. Mais j'ai en tout cas compris - enfin? - que le f�d�ralisme que l'on nous offre, c'est de la bouillie pour les cats. Et je dois avouer que si les souverainistes ne m'ont pas totalement convaincue, il faut dire en revanche que les t�nors du f�d�ralisme m'ont litt�ralement d�go�t�e dans les derni�res ann�es (je ne parle m�me pas de M. Chr�tien ou de M. Charest, lequel se prend pour le chef d'un parti fant�me et qui tenta m�me, d�but octobre, de passer une couleuvre de 3 km en �associant� souverainet� et... province: fraude ou b�tise?). Le PLQ - mon parti! - �tait pratiquement devenu souverainiste apr�s Meech et la Commission B�langer-Campeau, avec le rapport Allaire surtout. Pourquoi a- t-il soudain retourn� sa veste au point de tenter de passer l'entente de Charlottetown?
Ne pas encourager explicitement la souverainet�, c'eut �t� compr�hensible, mais vendre cette pacotille �a d�passait l'entendement. J'ai compris alors (comme M. Parizeau dans son train en 1969?) que pour le gouvernement du Qu�bec - mon / notre gouvernement - c'�tait Canada First! Toute f�d�raliste que je sois, �a je ne pouvais le prendre. Un gouvernement du Qu�bec doit �tre �Qu�bec Premier!� - par d�finition, par logique et par honn�tet� surtout. J'ai rompu mon all�geance au Parti Lib�ral lorsque celui-ci s'est donn� Daniel Johnson comme chef (un peu comme Jean Lapierre � l'�lection de Jean Chr�tien au PLC). Un parti qui �tait �souverainiste� il y a peu, et qui se donne le lendemain un chef plus canadian que la plupart des Anglo-Qu�b�cois que je rencontre, c'est au-dessus non seulement de mes forces mais �galement de mon intelligence. On ne peut pas �tre en haut et en bas, � droite et � gauche, derri�re et devant, absent et pr�sent, et... leur contraire tout � la fois. Le Parti Lib�ral a perdu � mes yeux toute cr�dibilit�. Jouer ainsi avec l'avenir d'un peuple, ce n'est plus cynique. C'est criminel!
Ce parti qui est venu � un cheveu, en 1991, de faire la souverainet� (et je l'aurais suivi, ...moi la f�d�raliste) fourbit actuellement ses armes pour dire non! � celle que pr�pare le Parti Qu�b�cois. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'int�r�t du Qu�bec est devenu bien secondaire face � celui du Parti Lib�ral. Je n'aime pas beaucoup le Parti Qu�b�cois, c'est vrai. Mais ils furent droits dans leur d�marche, et ils ne "putassent" pas � la moindre occasion. Avoir une id�e et y tenir, ce n'est pas forc�ment �tre rigide. M. Parizeau, ce n'est pas M. Ryan - nuance. Bref, je ne suis toujours pas p�quiste, mais mon Parti Lib�ral me donne maintenant la naus�e. Car si le PQ me laissait jusqu'� ce jour assez neutre, le PLQ m'a profond�ment d��ue (...).
Je veux bien croire qu'un large segment de la client�le du Parti Lib�ral se recrute chez les gens �g�s (souvent craintifs, m�me si ce n'est pas politiquement correct de le dire), les Anglo-Qu�b�cois (qui pr�f�reraient une junte militaire canadienne � une d�mocratie qu�b�coise) et de bien nantis dont le compte en banque est la pr�occupation essentielle de leur existence. Mais il y a des limites � prendre tous les f�d�ralistes pour des imb�ciles, nostalgiques de M. Trudeau par surcro�t, et de consid�rer du m�me coup les souverainistes pour des inconscients dangereux.
J'ai atteint la mienne. Et j'en suis arriv�e, le temps d'�crire cette lettre, au: �Vive le Qu�bec Libre!� Me voil� d�j� plus libre dans ma t�te. Et un fils fier de sa m�re!
louise lagac�
Facult� des sciences de l'�ducation
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de la simplicit�
Vous constatez, vous aussi, � quel point nos dirigeants politiques se sont �gar�s, depuis une trentaine d'ann�es, dans les sentiers sinueux de la complexit�. Que ce soit pour une banale r�clamation � la SAAQ, pour un rapport d'imp�t aux deux paliers de gouvernement ou l'acc�s � la Cour de Justice pour r�gler des diff�rents l�gaux, on pr�tend nous simplifier la vie plus que jamais alors qu'il n'en est rien.
D'une part il y a un meilleur contr�le des prestations op�r�es aux diff�rents niveaux de gouvernements qui ont suivi cette pernicieuse tendance mais, d'autre part, les pertes d'argent, de temps et d'�nergie sont incalculables. En tentant d'adapter les diff�rents services, les gouvernements sont tomb�s dans le pi�ge de la sp�cialisation � outrance. Un constat bien r�el est celui du nombre farfelu de formulaires que doit compl�ter un particulier �financi�rement actif� aupr�s du minist�re du Revenu du Qu�bec. C'est � se demander si le gouvernement est conscient que le d�ficit pourrait �tre rapidement r�gl� si tout l'appareil gouvernemental, d'un bloc, serait radicalement rationalis� et surtout, simplifi�.
Les dettes publiques qui nous guettent sont vertigineuses. Les solutions pour les r�gler au plus vite sont, curieusement peut-�tre, tout ce qu'il y a de plus simple. La simplicit� tient un r�le tellement central dans la restructuration qu'il me tarde de vraiment la voir s'op�rer. J'irais aussi loin que d'enchasser dans la Loi constitutionnelle canadienne l'obligation pour l'�tat d'observer une rigueur de gestion fond�e sur le concept de la simplicit�. Et pour s'assurer que des opposants de la simplification ne puissent bureaucratiser davantage notre vie, je donnerais � cet article de la Constitution une valeur supra-l�gislative!
J'esp�re que mon propos vous a int�ress�s, au moins au niveau du concept, car on s'entendra tous pour dire qu'on serait heureux de voir dispara�tre � jamais la bureaucratie et sa complexit� ahurissante et d�shumanisante.
claude g�linas
�tudiant en consommation
les proc�dures de nomination en 1994
En 1974, j'avais intitul� un article ( Au fil des �v�nements, vol. 2, no. 23): �Les proc�dures de nomination: 1954 + - 1974�. Si c'�tait � r�- �crire, le titre sur le m�me sujet serait: �1954 = + - 1994�. Mais je ne veux pas �crire l'Histoire. Du moins pas enti�rement.
En 1971, j'avais �t� pr�sident d'un Comit� sur la proc�dure de s�lection et de nomination des doyens et des directeurs d'�cole et de d�partement, dont le rapport fut pr�sent� au Conseil de l'Universit� en 1973. La proc�dure propos�e avait �t� adopt�e alors � titre exp�rimental. L'esprit du Conseil �tait �d'essayer� la nouvelle formule � caract�re nettement �lectif tout en laissant aux unit�s le choix d'utiliser l'ancienne formule qui ne reposait que sur une simple consultation par un comit� ad hoc.
En cr�ant ce comit�, le recteur d'alors lui avait demand� de proposer une formule qui �viterait les inconv�nients de cette derni�re (soit, entre autres, des nominations... partisanes, en vase clos, etc.) et qui permettrait une grande participation de la communaut� universitaire. Et c'est dans cet esprit que le Comit� avait consult� et travaill� pendant deux ans avant de pr�senter son rapport. Un rapport (qui a fait couler beaucoup d'encre) qui, pour moi, mettait l'Universit� Laval � l'avant- garde parmi les universit�s nord-am�ricaines (surtout avec la proc�dure pour le choix du recteur propos�e plus tard par un autre comit�) en s'orientant vers un processus �lectoral.
En effet, ce processus donnait la parole aux �lecteurs; permettait l'animation des membres; permettait � tous de s'impliquer; cr�ait des circonstances favorables � la discussion, aux �changes d'id�es et � la bonne compr�hension; bref, favorisait une saine d�mocratie.
Tout derni�rement, le 21 septembre, le Conseil d'administration de l'Universit� a modifi� fondamentalement la proc�dure de 1973, m�me l'a abolie, en allant m�me � l'encontre des pratiques coll�giales et d�mocratiques existantes.
Je joins mon opinion � celle du Syndicat des professeurs et professeures de l'Universit� Laval (exprim�e dans Au fil des �v�nements, 6 octobre 1994) en y ajoutant que plut�t de faire marche arri�re, il aurait �t� pr�f�rable d'adopter une proc�dure qui aurait �am�lior� les inconv�nients� finalement mineurs point�s dans la proc�dure mise � l'essai en 1973. Cela aurait �t� de la r�novation au lieu de la destruction.
andr� bouchard
Professeur retrait�
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