13 octobre 1994 |
Le grand bond en avant
Maintenant install�e dans le quartier Saint-Roch, l'�cole des arts visuels insuffle une vie nouvelle au centre-ville de Qu�bec
En ce jeudi 13 octobre, l'heure est � la f�te pour les �tudiants et les professeurs de l'�cole des arts visuels. Et pour cause: l'�cole inaugure aujourd'hui m�me en grandes pompes ses nouveaux locaux � l'�difice La Fabrique, anciennement la Dominion Corset, qui abrita des g�n�rations d'ouvri�res rompues � la fabrication de sous-v�tements f�minins, de 1886 � 1988. L'histoire de ce changement de d�cor radical pour l'�cole -qui logeait auparavant dans le �labyrinthe� du pavillon Louis-Jacques-Casault - est exemplaire, en ce sens qu'elle d�montre que la r�alisation de projet d'envergure d�pend souvent du fait que les deux parties en pr�sence, en l'occurrence l'Universit� Laval et la ville de Qu�bec, savent qu'elles vont y trouver leur compte.
En fait, bien que l'id�e de d�m�nager l'�cole des arts visuels au centre- ville flotte depuis un certain nombre d'ann�es dans l'air de la Facult� des arts, c'est une exposition organis�e en 1991 par les �tudiants en arts plastiques de l'�cole des arts visuels au quatri�me �tage de l'immeuble La Fabrique, alors un b�timent d�saffect�, qui donne un coup d'envoi au projet. En effet, l'�v�nement remporte un tel succ�s aupr�s du public et les �tudiants appr�cient si vivement l'exp�rience d'exposer leurs oeuvres l� o� commence d�j� � s'ouvrir quantit� d'ateliers d'artistes que les direction de l'Ecole des arts visuels et de la Facult� des arts envisagent s�rieusement d'entreprendre des d�marches afin que l'�cole transporte ses p�nates au centre-ville.
Une perche au recteur
�� cette m�me �poque, rappelle Beno�t Dumais, vice-recteur aux services, l'�cole d'architecture venait d'emm�nager dans le vieux-Qu�bec. Le maire de Qu�bec avait tendu une perche au recteur, en lui soulignant que le d�m�nagement d'autres unit�s du campus au centre-ville y cr�erait de l'activit�. Progressivement, le dossier s'est construit � partir du d�sir de la ville de revitaliser le quartier Saint-Roch et de la volont� de l'Universit� de mettre son �paule � la roue dans ce projet.�
L'autre facteur ayant motiv� la direction de l'Universit� � se jeter dans l'action tient au fait qu'elle y voyait un moyen de r�soudre concr�tement -quoique partiellement- son probl�me chronique d'espaces. Incidemment, les quelque 5 000 pieds carr�s qu'occupait jadis l'�cole des arts visuels seront r�utilis�s au profit du D�partement de g�omatique, du D�partement d'information et de communication et enfin, de la nouvelle direction g�n�rale de la Formation continue. �Bref, d'ajouter Beno�t Dumais, c'est un dossier qui arrange tout le monde.�
Sans aller dans tous les d�tails des op�rations ayant conduit au d�m�nagement de l'�cole des arts visuels en dehors des murs du campus, rappelons que l'Universit� Laval et la Soci�t� en commandite Dominion Corset ont sign�, le 5 avril dernier, le document officiel d'achat en copropri�t� indivise de l'�difice La Fabrique, situ� au coin du boulevard Charest et de la rue Dorchester. La Soci�t� en commandite Dominion Corset est compos�e d'une corporation de la Ville de Qu�bec, soit la Soci�t� municipale d'habitation et de d�veloppement Champlain (SOMHADEC), ainsi que de l'ancien propri�taire de l'�difice, Herman Gruenwald.
Les co�ts d'investissement, incluant l'acquisition et l'am�nagement, sont de l'ordre de 8, 5 millions de dollars. Le projet a �t� enti�rement financ� par le minist�re de l'Enseignement sup�rieur et de la science du Qu�bec. Outre l'�cole des arts visuels, le principal occupant de l'�difice est le Centre de d�veloppement urbain de la ville de Qu�bec.
Le virage technologique
En visitant les quatre �tages que compte la nouvelle �cole des arts visuels, le visiteur est frapp� par la qualit� de la lumi�re qui entre � flots par les fen�tres des salles de cours et des ateliers, ce qui n'est pas pour d�plaire aux �tudiants qui se plaignaient, � bon escient, du manque d'air et de lumi�re dans leurs locaux du pavillon Casault. C�t� espace, l'�cole ne compte finalement que quelques pieds carr�s de plus, passant de 4 800 m�tres carr�s � quelque 5 500 m�tres carr�s. �Le grand changement r�side plut�t dans le fait que les �tudiants et les professeurs sont moins diss�min�s qu'avant, ce qui pourrait cr�er une certaine perm�abilit� entre les diff�rents programmes�, souligne le directeur de l'�cole des arts visuels, David Naylor. Si les �tudiants en communication graphique occupent le deuxi�me �tage de l'�difice, les arts plastiques, eux, �habitent� le troisi�me, tandis que les �tudiants � la ma�trise en arts visuels nichent au quatri�me. Quant au premier �tage, il comprend une caf�t�ria, des locaux administratifs, l'Atrium et la Galerie des arts visuels.
Dans l'id�e de faciliter le travail des �tudiants, de nouveaux am�nagements ont �t� cr��s, comme ces salles dites d'essai dont le mod�le est calqu� sur une v�ritable galerie d'art, et o� l'�tudiant peut �exposer� tout en b�n�ficiant des conseils et critiques des professeurs, ou encore ces salles de travail, mises sur pied dans le but de permettre aux �tudiants de poursuivre leurs travaux en dehors des heures de cours, et ce, sans avoir � quitter l'�cole. Mais surtout, note David Naylor, le changement de d�cor a �t� l'occasion de donner un s�rieux coup de barre � la modernisation prioritaire des �quipements en communication graphique.
Par exemple, le laboratoire d'informatique qui comptait une douzaine d'ordinateurs un peu v�tustes s'est enrichi d'une trentaine d'ordinateurs � la fine pointe de la technologie. De m�me, on a remplac� les �quipements de photo chimique par la photo num�rique, avec le r�sultat que l'�tudiant peut �scanner� une photo et la modifier � l'�cran. �Nous avons tent� de faire de ce d�m�nagement un coup d'acc�l�rateur en termes d'informatique�, constate � ce sujet le doyen de la Facult� des arts, Fran�ois Demers.
Comme David Naylor, il estime que la pr�sence de l'�cole des arts visuels aura un impact certain sur le d�veloppement �conomique du quartier Saint- Roch, en m�me temps que s'�tabliront diverses formes de partenariat avec la ville de Qu�bec. � cet �gard, une bonne partie de l'audiovid�oth�que a �t� transf�r�e � la Biblioth�que Gabrielle-Roy. Le public a acc�s � cette documentation en tout temps. Finalement,la proximit� de M�duse, un regroupement de centres d'artistes multidisciplinaires qui sera situ� sur la C�te d'Abraham contribuera � cr�er une sorte de symbiose entre l'�cole et la ville. Sans compter que l'arriv�e soudaine de 700 �tudiants et d'une trentaine de professeurs dans le quartier constitue une v�ritable manne pour les commerces avoisinants. Qui dit mieux?
�Si des �tudiants ou des professeurs ont pu faire preuve d'une certaine dissidence au d�but du projet de d�m�nagement, c'est maintenant chose du pass�, conclut David Naylor. D'ores et d�j�, on peut affirmer que les personnes sont heureuses d'�tudier et de travailler dans un milieu si propice au domaine artistique.�
REN�E LAROCHELLE
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