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13 octobre 1994 ![]() |
VIE �TUDIANTE
6 semaines et demie
Le doute, et m�me l'anxi�t�, frappent parfois les nouveaux arrivants au cours de leurs six premi�res semaines � l'universit�. C'est une r�action tout
� fait normale. Et, surtout, passag�re.
Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Si nous comptons bien, le calendrier universitaire en est � sa sixi�me semaine d'activit�s r�guli�res. P�riode n�vralgique s'il en est une, �tout se joue avant six semaines�, pourrait-on dire au sujet de ceux et de celles que l'on �tiquette comme �nouveaux arrivants�.
�Les �tudiants et les �tudiantes qui arrivent � l'universit� ont � s'int�grer � de nouvelles r�alit�s sociales et scolaires. Cette p�riode de transition est tr�s exigeante et peut facilement engendrer du stress et parfois m�me de l'anxi�t�. Compte tenu des difficult�s inh�rentes � toute int�gration, ils peuvent facilement avoir l'impression qu'ils n'y arriveront pas.�
Louise Turgeon, conseill�re en orientation au Service d'orientation et de counseling, aurait pu tout aussi bien n'utiliser qu'un seul mot pour r�sumer le malaise que ressentent une majorit� d'�tudiants et d'�tudiantes qui se pointent chez nous pour la premi�re fois :
inqui�tude.
Le choc du pr�sent
Pour nombre d'entre eux, d'ailleurs, les r�actions ne se font pas attendre : on s'isole, on doute de ses capacit�s, de son choix, puis on abandonne. Ce qui fait partie des difficult�s normales d'int�gration de tout nouvel arrivant ou de toute nouvelle arrivante prend alors l'allure d'un cauchemar aliment� par une perception fauss�e de la r�alit�. Verbalis�e, la litanie pourrait se dire comme suit : �Les cours ne m'int�ressent pas�; �C'est beaucoup trop th�orique�; �La r�alit� est diff�rente de ce que j'avais imagin�; �Les autres sont mieux outill�s que moi�; �Je me sens d�pass�; �C'est trop dur, je vais l�cher�.
Cette p�riode de remise en question -- et les interrogations qui la nourrissent -- n'est pas le seul fait des �tudiants et �tudiantes de premi�re ann�e, semble-t-il, mais elle n'a pas le m�me sens chez ceux et celles qui n'en sont pas � leurs premi�res armes � l'universit�. Elle repose, aux dires de Louise Turgeon, sur des �l�ments passagers qui vont tr�s probablement se modifier au cours du premier trimestre.
En d'autres termes, tout peut concourir, durant cette p�riode critique, � influencer la perception que ces �tudiants et ces �tudiantes fra�chement �d�barqu�s� ont d'eux-m�mes, de leurs capacit�s et de leur programme. Pensons seulement ici aux difficult�s normales d'int�gration et � une interpr�tation inad�quate de certains donn�es. �Par exemple, une moins bonne performance scolaire qu'au c�gep, l'obligation d'�tudier davantage, une difficult� plus grande � comprendre une mati�re dans laquelle on excellait ne doivent pas �tre traduits comme une incapacit� � r�ussir ni comme un indice qu'on s'est tromp� d'orientation. De m�me, �valuer la r�alit� professionnelle qui sera la n�tre � partir des cours de base caract�ristiques du premier trimestre, peut s'av�rer une consid�ration trompeuse elle aussi�, tient � pr�ciser la conseill�re en orientation.
Une r�action normale
Une opinion que partage son confr�re Henri Hamel, qui parle de l'entr�e � l'universit� comme du moment qui permet de prendre conscience de l'ampleur du projet et de ses exigences. �Souvent, la marche est tr�s haute... et ils ne l'ont pas venue venir�, ajoute-t-il. Et dans ces circonstances, il ne faut surtout pas paniquer, ni trop h�ter sa d�cision, ni prendre la premi�re solution qui vient en t�te, mais affronter le doute et en d�couvrir le sens. �Au bout de six � huit semaines, tout commence � rentrer dans l'ordre, affirme Louise Turgeon, parce que les �tudiants et les �tudiantes auront reconnu leur inqui�tude et l'auront interpr�t�e pour ce qu'elle est: une r�action normale dans une p�riode difficile.�
Une fois travers�e la phase d'�incubation� des deux premiers mois, il leur sera d�s lors plus facile de se resituer dans leur projet professionnel. Un travail de clarification de leur choix d'orientation qui pourra alors leur permettre, soit de s'engager plus consciemment dans la direction choisie ou d'opter pour une autre apr�s avoir bien identifi� leurs crit�res de choix, assure la conseill�re en orientation.La transition du milieu coll�gial ou du milieu du travail au milieu universitaire peut parfois comporter son lot de difficult�s temporaires. Comme on le dit, cela fait partie de la normalit� des choses. Il n'en demeure pas moins que, au stade de l'incertitude, la d�cision bien m�rie semble valoir encore mieux que l'abandon pur et simple. Une conclusion d'une implacable logique qui pourrait trouver son prolongement dans l'avertissement tr�s connu : �En cas de doute, pri�re de s'abstenir.�
GABRIEL COT�