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24 novembre 1994 ![]() |
COURRIER
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Le FIL en Belgique
� Jean-Eudes Landry, r�dacteur en chef du Fil des �v�nements,
Je suis inscrit � l'Universit� Laval au Baccalaur�at en administration des affaires. Je participe � un echange, c'est pourquoi je suis a Mons, en Belgique pour l'ann�e scolaire 1994-95. C'est par hasard et par curiosit� si je connais INTERNET. Depuis que je suis ici, je d�vore la version �lectronique de votre hebdomadaire avec beaucoup de plaisir. Vous me permettez de rester en contact avec ma communaut� universitaire, c'est merveilleux. MERCI beaucoup aux gens qui ont rendu accessible votre publication � travers le monde. Je ne puis prendre davantage de votre temps, encore une fois merci.
Fr�d�ric Par�
e-mail: PARE@message.fucam.ac.be
Le v�ritable choix du Qu�bec
C'est du choc des id�es que jaillit la lumi�re, dit-on. Eh bien, c'est aux opinions parues justement dans la rubrique "Id�es" d'un r�cent Fil des �v�nements que je m'oppose ici. Il s'agit de celles d'un �tudiant en science politique, Martin Gagn�, exprim�es dans son article "A genoux dans la gravelle".
Je n'ai rien contre M. Gagn�, que je ne connais pas, et je respecte son opinion. Les id�es exprim�es dans son article sont toutefois beaucoup trop contestables et ouvertes � la critique pour les laisser passer de la sorte. Je ne suis d'ailleurs pas le seul � penser ainsi.
Je ne ferai donc que reprendre un � un les principaux arguments de l'auteur et les confronter. D�s l'ouverture, M. Gagn� affirme sans nuances et cat�goriquement, que le seul �choix que doivent faire les Qu�b�cois (est) la souverainet� � l'int�rieur d'une v�ritable conf�d�ration ou l'ind�pendance � l'ext�rieur de l'actuelle f�d�ration.� Va pour la seconde alternative. Quant � la premi�re, elle d�montre une m�connaissance totale de toute la dynamique politique canadienne des 12 derni�res ann�es, soit depuis le rapatriement de la Constitution et l'instauration parall�le de la Charte des droits et libert�s.
Je pourrais citer des dizaines d'ouvrages d'universitaires canadiens, tant anglophones que francophones, d�montrant tous que depuis la �Chartocratie�, �l'esprit de 1982�, le f�d�ralisme n'est plus renouvelable globalement en tant que tel. Deux �normes tentatives (Meech et Charlottetown) ont failli r�ussir l'impossible, mais leurs �checs n'ont fait que renforcer la dynamique inverse. Celle de plus en plus ch�re � nombre de Canadiens surtout anglais, d'un Canada reposant sur
la primaut� des droits individuels et l'�galit� de toutes les provinces. Seul le proc�d� tr�s complexe d'amendement de la Constitution - carr�ment utopique quand on approfondi la question - pourrait renouveler substantiellement le f�d�ralisme dans le sens d'une conf�d�ration tel qu'annonc� par M. Gagn�.
Ce dernier croit les Premiers ministres provinciaux �r�ellement int�ress�s � r�nover ce pays�, ce qui rel�ve de la plus grande na�vet�. Son id�e ma�tresse que �le Canada peut encore �tre r�form� n'est - r�p�tons-le - plus conforme � la r�alit� et va � l'encontre de la litt�rature de la plupart des sp�cialistes. Qu'on ne lise, parmi tant d'autres, que les nombreux articles du politologue Max Nemni, ou du sociologue Simon Langlois, qui d�montrent bien pourquoi le v�ritable choix du Qu�bec repose entre l'ind�pendance et le statu plus ou moins quo. Si pour plusieurs ce n'est pas l'id�al, il s'agit toutefois de la r�alit�.
Ce statu quo, pour M. Gagn�, est rejet� par la majorit�. Majorit� de Qu�b�cois, peut-�tre, de Canadiens, pas s�r, et m�me si c'�tait le cas, serait-on vraiment pr�t � concr�tiser ces belles paroles? Tout le monde veut aller au Ciel, mais personne ne veut mourir... Am�liorer le �statu quo�? Oui! Payer pour? Non!( ... ) Autre id�e douteuse de M. Gagn�:�Le Qu�bec aura toujours plus de facilit� � discuter avec ses semblables qu'avec Jean Chr�tien!� Il parle ici des Premiers ministres canadiens qui pour les besoins de la cause, ne sont plus maintenant les �autres�, les Anglais, mais nos �semblables�... Dans le m�me paragraphe, il sugg�re une entente entre le Bloc qu�b�cois et le Reform Party pour partager le r�le d'opposition officielle aux Communes. On croit r�ver. Autre de ses suggestions, le Parti qu�b�cois pourrait tenir son r�f�rendum �sur le principe d'une
r�novation du Canada plut�t que sur l'ind�pendance�. C'est comme demander aux gens s'ils veulent travailler moins et avoir plus d'argent dans leurs poches...
Selon M. Gagn�, Parizeau ne peut pas perdre. D'un c�t�, il parvient �� r�nover la communaut� canadienne�, de l'autre, il �choue et prouve son point. C'est tout � fait l'inverse, il ne peut gagner. Un; il ne veut rien savoir de r�nover le f�d�ralisme, deux; s'il r�ussissait, il an�antirait son projet politique, trois; s'il �choue, nous revenons � la case d�part et il n'a rien gagn�.
Finalement, M. Gagn� mentionne tout un tr�s co�teux et long processus de commission constitutionnelle, d'assembl�e constituante, de d�l�gu�s populaires, d'o� sortira �la sagesse populaire indiquant (finalement) au gouvernement la voie � suivre�. Que de temps, d'�nergie et d'argent encore vilipend�s, alors que cette �sagesse populaire� s'exprimera r�ellement et simplement lors du prochain r�f�rendum.
ROBIN ARGUIN
�tudianten science politique
�Pas besoin d'�tre Machiavel�
Un titre aussi allarmiste que redondant, un contenu d'une v�racit� fort douteuse et voil�, tartin�e sur une demi-page tout en longueur d'un journal tir� � 30 000 exemplaires, l'indignation de Monsieur Ahua-Zola dans son J'accuse du 17 novembre dernier. �SOS charg�s de cours: le SCCCUL coule, sauvons-le�.
Le sujet? Le SCCCUL. Et qu'est-ce que �a mange en hiver, un scccul? Il aurait peut-�tre d'abord fallu expliquer que l'acronyme renvoyait au Syndicat des charg�s et charg�es de cours de l'universit� Laval. Deuxio, qu'est-ce que �a mange, un-e charg�-e de cours en hiver? De plus en plus de macaronicraft, si l'on en croit la diminution g�om�trique dont l'esp�ce fait l'objet depuis deux ans � l'universit� Laval.
Le SCCCUL coule? Non, Monsieur Ahua : c'est notre caste toute enti�re qui est en train de naufrager, et pas seulement les six ou sept individus qui si�gent au Conseil ex�cutif que vous nommez �clan�.
� chaque session nos rangs se voient davantage ravag�s par la Grande faucheuse de la nouvelle �quipe gervaisienne. Pendant que l'ami Michel, tout d�pasteuris�, se r�pand en cheese fondants devant les cam�ras, distribue ch�ques et poign�es de main, coupe des rubans-inauguration et va se faire voir au Japon, ses lieutenants, appel�s �vices�, comme leur nom l'indique, s'emploient � trouver des passes � chaque session plus ing�nieuses pour contourner notre convention collective et embaucher des charg�-e-s de Dieu-sait-quoi. (Vaillamment second�s, les �vices�, par une arm�e de z�l�s kapos : les directeurs d'unit�s.)
Oui, notre bateau coule � pic, torpill� par les bons soins des money -makers de la nouvelle administration lavalloise (c'est-y pas eux qui se p�tent hebdomadairement les bretelles � la une du Fil, annon�ant des profits de X millions, claironnant des subventions de Y centaines de milliers?). Et vous, Monsieur ahua, vous ne trouvez rien de mieux que d'exorter les matelots � la mutinerie. H�. �a nous en ferait, �a, une belle jambe de changer de Capitaine. J'ai comme l'impression que m�me Archibald Haddock n'arriverait pas � tenir le gouvernail dans la temp�te de mauvaise foi qui s'abat sur nous actuellement. Vous rappelez � la barre certains honorables v�t�rans du SCCCUL. Mon pauvre ami, nous aurions Superman en personne � la t�te de notre syndicat que cela n'emp�cherait nullement l'employeur d'achever tranquillement sa sordide entreprise d'extermination des charg�-e-s de cours.
�Impuissants�, �a nous le sommes. L'administration lavalloise a trouv� LA passe g�niale pour se d�barrasser de nous: nier tout bonnement l'existence du ph�nom�ne charg�-e de cours. S'agissait d'y penser. Aucune convention collective ne pr�voit des coups (bas) du genre, Monsieur. Aucun Conseil ex�cutif. Aucune Charte des droits de la personne, humaine ou non. Aucun Code du travail. En plus, on nous prend par surprise. �a s'appelle Blitzkrieg, m'sieu. Et �a ne rate jamais. La prochaine pellet�e de terre hilarement soulev�e par l'ami Michel dans Le Fil pourrait bien �tre la premi�re de notre enterrement d�finitif.
Et qui embauche-t-on � la place des charg�-e-s de cours? Quelquefois, personne: on se contente de doubler ou de tripler le nombre d'�tudiant-e- s par classe et le tour est jou�. On s'invente des charg�-e-s de ceci, des charg�-e-s de cela, des auxiliaires, des assistants, des aide- assistants, des auxiliaires-aides ou des assistants-auxiliaires, bref tout ce qui a un pouls et un stylo-bille rouge pour enseigner � notre place. (Quoi? Vous avez dit �Qualit� de l'enseignement�? Euh...)
Dans cette kermesse d'emplois pr�caires, beaucoup de charg�-e-s de cours au torse plus flexible que d'autres seront r�cup�r�-e-s et r�-�tiquett�-e -s par leurs directeurs d'unit� qui, partiellement priv�s de leurs divins pouvoirs depuis notre syndicalisation, reprendront volontiers le r�le valorisant de P�re No�l-donne-mo�-des-b�belles. Va pour l'�goth�rapie, d'autant plus que la majorit� de ces petits boss semblent en �prouver un imp�rieux besoin ( je dis �eux�, car � ce chapitre-l�, le masculin l'emporte haut-la-main sur le f�minin). Cependant, pour l'ensemble des charg�-e-s de cours, le retour � l'embauchage arbitraire signifie une division interne bien plus dommageable que les chicanes de cuisine �voqu�es dans votre article du 17 novembre dernier. Pendant que, t�te basse, vous cherchez dans la salle des poux perdus quelque minuscccule brindille de d�saccord dans notre appareil syndical, ne voyez-vous pas venir, �ne mon fr�re �ne, la POUTRE qui vous arrive en plein front?
Allons, mon vieux, soyez r�aliste. Nous ne sommes pas �plusieurs milliers� : de quelque 600 charg�-e-s de cours sous contrat en 1991-92, nous sommes pass�-e-s � un gros 315 � l'automne 1994. On appelle cela diminuer de moiti� si je ne m'abuse. Et sans avertissement siou-pla�t. �A, c'est du dialogue employeur-employ�, mes a�eux. Bref, l'administration lavalloise nous a dans le colimateur et pas rien qu'un peu si j'ose ajouter.
Et vous Monsieur Ahua, vous r�digez un article qui d�crit les charg�-e-s de cours comme une bande de gnochons manipulables par un �clan�, incapables de se prendre en main. Votre article nous d�pr�cie, nous amenuise, nous vuln�rabilise: il aura eu, entre autres effets pernicieux, celui de permettre � notre Employeur d'ajuster le focus de sa lunette, bref de mieux (di)viser pour mieux r�gner.
Pas besoin d'�tre Machiavel pour comprendre �a.
Gabrielle Gourdeau
Charg�e de cours, Litt�ratures
Un matin de nonchalance
J'ai le go�t de vous faire partager ma petite vie d'�tudiant universitaire n'�tant pas pr�sent � l'Universit� ce matin-l�. M'�tant lev� de bonne heure, n'ayant pas envie de commencer tout de suite mes travaux scolaires ou de r�pliquer � la lettre de Marcel, je me d�cide d'ouvrir mon t�l�viseur en prenant mon d�jeuner. � l'�cran, Salut Bonjour! avec Guy Mongrain et sa bande. On fait un bilan de l'actualit�. Chine: Chr�tien et son Team Canada amassent plein de contrats pour les entreprises qu�b�coises. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis content. �a ne me donnera pas un emploi demain matin, mais �a ne devrait pas nuire. Au fait, pourquoi Monsieur Parizeau n'y est pas all�? Pourtant, la Chine, �a fait r�ver...Peut-�tre voulait-il profiter de sa nouvelle demeure sur la rue des Braves? Il commandera s�rement du chinois en pensant � ce qu'il aura manqu� comme voyage...
Je zappe au canal 4. C'est Yves Corbeil � la t�l�. Il est partout celui -l�. Rezappe! SRC au 11. Bon Matin avec Suzanne L�vesque. Un autre style de t�l�. On parle des contrats chinois pour LE CANADA en notant l'absence du P.M. du Qu�bec. Autre nouvelle de l'annonceur: les �lections am�ricaines. Pas encore des �lections! Le bilan qui en ressort me dit que Clinton �is sick of it too�. Ce que je retiens en gros de cette manchette est de ne pas � la n�gliger: �Quand les am�ricains �ternuent, nous on a le rhume.� Je vais me chercher une orange pendant la pause commerciale pour me donner bonne conscience en �vitant la grippe. Pas en plein mois de novembre, non,non,non.
De retour dans le divan � temps pour les nouvelles culturelles � Radio- Can. On y pr�sente un coffret de quatre livres de F�lix Leclerc, pr�sent� lors d'un cocktail mondain. M. Parizeau n'y �tait pas m�me si on l'attendait. Il n'a pas dig�r� ses mets chinois de la veille! Le coffret de notre F�lix national, le m�me F�lix des troph�es F�lix du gala de l'ADISQ, est en vente pour la somme de 220 dollars. �Pas cher!� nous dit Mme L�vesque. ZAP! � l'autre cha�ne, la m�me nouvelle subit une autre interpr�tation. �220 $!� s'exclame Mongrain � sa chroniqueuse culturelle qui lui dit que c'est dispendieux, mais que c'est une pi�ce de collection pour les mordus. Autre cha�ne, autre fa�on de voir les choses. C'est vrai pour d'autres parties de ces �missions matinales.
Comme les sujets abord�s par le biais de chroniques et d'entrevues. � TVA, on proc�de � l'essai de bottes d'hiver nouvelles qui nous tiendront vraisemblablement au chaud cet hiver. Ensuite, Mongrain re�oit Sylvie Bernier qui nous informe sur la fa�on de faire des lunchs nutritifs pour les enfants qui fr�quentent l'�cole. Int�ressant de part et d'autre. Ce qui fait contraste avec la t�l� radio-canadienne. Suzanne L�vesque re�oit � son �mission Serge Th�riault, la M�man de La Petite Vie. Jusque l�, j'�tais int�ress�. Mais dix minutes apr�s, on avait analys� le contexte psycho-comportemental des relations sociologiques de l'acteur en relation avec son personnage et en interaction avec le plateau et le groupe des com�diens. J'exag�re � peine. C'�tait compliqu� cette affaire-l� pour un cerveau qui commence juste � se mettre en marche apr�s une nuit de sommeil. Ca pourrait expliquer peut �tre la rediffusion de ces �missions comiques. Pour mieux les comprendre et en saisir toutes les subtilit�s!
Presque 9h A.M. Une blague plate de Mongrain m'incite d�j� � pousser sur le piton off de ma t�l�. Les devoirs m'attendent plus loin quelque part sur mon bureau. Au fait, j'ai un cours ce soir. Faut que je planifie comment rejoindre l'universit�. Pas �vident avec cette maudite gr�ve des chauffeurs d'autobus. 8 h 59: les g�n�riques apparaissent. Au moins, il y aura des programmes ennuyeux dans la journ�e qui m'inciteront � me mettre � l'ouvrage et mettre fin � cette nonchalance matinale. R�pliquer � mon coll�gue Marcel, celui qui s'est int�ress� � mon dernier article? � quoi bon. Tout le monde aura compris que l'ennemi commun, c'est le surendettement universitaire. C'est ce qui me donne une bonne raison de m'instruire et ainsi m'enrichir d'une certaine mani�re. Une chance que j'ai pas le c�ble. Je peux pas m'offrir cette g�terie. Peut-�tre un jour...Apr�s le dipl�me et le paiement des dettes.
Pascal Beaudin
�tudiant au doctorat en administration et politiques scolaires