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17 novembre 1994 ![]() |
Patience et longueur de temps...
Pourquoi certains �tudiants r�ussissent-ils � passer � travers leurs �tudes universitaires et d'autres pas?
Le seul crit�re de l'intelligence ne suffit plus aujourd'hui pour garantir un dipl�me universitaire. Plusieurs facteurs viennent aussi frapper � la porte. Et Andr� Bellerive, directeur du Service d'orientation et de counseling de l'Universit� Laval, a sa petite id�e sur le sujet. Sa longue exp�rience �sur le terrain� lui fait dresser une liste des conditions et attitudes qui sont un gage quasi certain de succ�s pour celui ou celle qui les int�gre dans sa vie.
Si la formation ant�rieure aux �tudes universitaires est, selon lui, un pr�alable qui ne ment pas, il importe au d�part que chaque individu ait un projet en t�te, vise un objectif, se projette dans l'avenir. Autre condition fondamentale: le sentiment d'appartenance � l'universit�, au programme, au groupe. �On ne peut pas venir � l'universit� comme si on faisait du magasinage. Sentir qu'on en fait partie, c'est ce qui permet de s'engager dans la d�marche d'�tudes plut�t que de la subir�, pense-t- il.
Le confort dans le programme est un autre aspect excessivement important, qui conditionne le succ�s et la pers�v�rance. �Les �tudiants passent par une s�rie d'�tapes o� ils doivent avoir l'impression d'�tre d'abord accueillis dans un programme, d'�tre inform�s sur ce qu'on y retrouve, de savoir ce qui se passe, de sentir qu'ils sont int�gr�s�. D'o� la dimension non n�gligeable, par ricochet, de la proximit�, du contact avec les professeurs.
Conditions sous enqu�te
Qu'arrive-t-il, cette fois, quand ce sont les �tudiants eux-m�mes qui s'observent? Henri Hamel, conseiller en orientation au m�me service, a tent� l'exp�rience, en novembre 1987, aupr�s de 424 �tudiants et �tudiantes de l'Universit�.
Son Enqu�te sur les conditions d'�tudes et de vie des �tudiants de l'Universit� Laval, publi�e en octobre 1989, fait �ressortir l'�valuation que les �tudiants font du degr� de pr�sence d'un certain nombre de conditions personnelles et environnementales susceptibles de leur permettre de mener � terme leur projets d'�tudes avec des r�sultats � la mesure de leur potentiel de m�me que le d�sir d'am�lioration manifest� par ces derniers � ces diff�rents points de vue�. Dix-neuf facteurs regroup�s en quatre grands ensembles y d�peignent le v�cu de cette population �tudiante.
Premier ensemble: les conditions de motivation, c'est-�-dire celles qui, aux dires de l'auteur, donnent son impulsion au cheminement universitaire et le supportent. Sous cette rubrique sont rassembl�es la pertinence du domaine d'�tudes, la confiance en sa capacit� de r�ussir des �tudes universitaires, la capacit� de structurer l'avenir et l'autonomie dans la prise de d�cision.
�Une grande majorit� de nos r�pondants jugent pertinente la formation qu'ils ont entreprise et se disent confiants de pouvoir la mener � terme. Ils demeurent toutefois vigilants pour apporter des ajustements au contenu de leur �tudes et pour clarifier l'utilisation qu'ils feront de leur formation sur le march� du travail�, peut-on lire. Leur avenir demeurant une pr�occupation constante, ils semblent dans un processus continu de r��valuation en regard de ce qu'ils sont et de ce qu'ils veulent devenir, constate l'�tude d'autre part. La capacit� de prendre des d�cisions autonomes est, dans ce contexte, importante pour eux.
Le deuxi�me ensemble est celui des conditions d'efficience dans le m�tier d'�tudiant. Il comprend: l'ad�quacit� de la formation ant�rieure, la ma�trise d'habilet�s fonctionnelles de base, l'efficacit� en classe, la capacit� de prise en charge et de gestions des �tudes, un sentiment d'efficacit� personnelle, un niveau acceptable de stress en p�riode d'examens et l'utilisation des �valuations faites par les professeurs.
�Les r�pondants se per�oivent comme moyennement efficaces dans leur m�tier d'�tudiant et manifestent un d�sir d'am�liorer la plupart des habilet�s auxquelles ils doivent recourir dans l'exercice de leurs fonctions d'�tudiant. Diminuer leur niveau de stress en p�riode d'examens et d�velopper un sentiment d'efficacit� personnelle sont les deux pr�occupations de cet ensemble partag�es par le plus grand nombre de r�pondants�, rapporte Henri Hamel.
Proximit� sans promiscuit�
La capacit� d'entrer en contact, l'existence de relations avec les pairs et l'existence de relations avec les professeurs font partie, quant � elles, du troisi�me ensemble: les conditions d'int�gration sociale, qui permettent aux �tudiants de faire partie de la communaut� universitaire.
Les �tudiants �tablissent moins de relations avec leurs professeurs qu'avec leurs confr�res ou consoeurs, particuli�rement au premier cycle, apprend-on. Qui plus est, peu d'entre eux manifestent le d�sir de pousser plus loin ce type de relations interpersonnelles.
Les donn�es de l'enqu�te sur les conditions de vie personnelle r�v�lent finalement qu'une grande majorit� des r�pondants se disent en bonne sant� physique et jugent raisonnable leur consommation d'alcool et/ou de drogue. Ils reconnaissent le support qu'ils re�oivent de leurs proches comme satisfaisant, mais ils sont moins nombreux � se d�clarer satisfaits de leur vie sexuelle et affective et de l'ad�quacit� de leurs conditions mat�rielles (financi�re et de logement). C'est d'ailleurs � ces deux points de vue qu'ils sont plus nombreux � fortement exprimer un d�sir d'am�lioration, d�voile l'enqu�te men�e par Henri Hamel.
S'il est vrai que chaque dipl�me remis � la collation des grades (ou par la poste) ne p�se pas du m�me poids de douleurs ou d'efforts, la recette commune pour l'obtenir pourrait tenir � ces quelques mots d'Andr� Bellerive � un �tudiant: �D�cide o� tu veux aller; le reste, c'est comme un moyen de transport.�
GABRIEL COT�