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10 novembre 1994 ![]() |
Formation des ma�tres
Des moules qu'il faut faire �clater
L enseignement de la philosophie aux enfants jouera un r�le de premier plan dans la prochaine r�volution scolaire.
L'enseignement de la philosophie aux enfants commence � prendre sa place au soleil au Qu�bec. � ce point, que la Facult� de philosophie de l'Universit� Laval offrira, � compter de janvier 1995, un certificat � l'intention des professeurs qui sont d�j� dans le milieu scolaire.
La philosophie aux enfants, implant�e dans une quarantaine de pays, sera s�rement appel�e un jour prochain, s'il n'en tient qu'� Michel Sasseville, � jouer un r�le de premier plan dans toute r�volution ou r�vision du syst�me d'enseignement qu�b�cois au primaire et au secondaire.
Depuis 1985, plusieurs commissions scolaires ont d'ailleurs ouvert les portes de certaines de leurs �coles au programme de philosophie pour enfants, que l'on a appliqu� �galement � l'enseignement d'autres mati�res comme l'art dramatique, la formation personnelle et sociale, les math�matiques et le fran�ais.
Il semble donc s'�vaporer ce temps d'une discipline �superflue�, repli�e sur elle-m�me, dont on gobait la mati�re �d�croch�e� � reculons. Du moins, c'�tait la perception qu'on en avait. Depuis 10 ans, la philosophie refait ses classes dans la t�te des enfants qui en recueillent raisonnement logique, capacit� de lecture, facilit� � r�aliser un travail, habilet� � solutionner des probl�mes, flexibilit� de la pens�e.
Former des t�tes chercheuses
Comment s'y est-on pris pour remettre sur la bonne voie une discipline si r�barbative au premier abord? Par la communaut� de recherche philosophique, que le professeur de la Facult� de philosophie de l'Universit� Laval qualifie de �nouveau paradigme pour l'enseignement au primaire�. Michel Sasseville d�finit cette communaut� de recherche comme �tant �un groupe de personnes engag�es dans un processus de recherche concernant un probl�me qui pr�sente une importance � leurs yeux, dans un contexte qui leur permet d'identifier la dimension logique, �thique, esth�tique, �pist�mologique ou m�taphysique du probl�me qui fait l'objet de la recherche�.
Cette approche propose donc une rupture par rapport � l'enseignement traditionnel qui ne sert souvent qu'� transmettre des connaissances. �Il s'agit de l'apprentissage du jugement appropri� de telle mani�re que les enfants soient conduits � penser par et pour eux-m�mes, � devenir des individus raisonnables vivant dans une soci�t� d�mocratique�, dira-t-il au sujet de la communaut� de recherche philosophique. Et de rench�rir:
�Il importe de cr�er une situation p�dagogique qui permettra aux enfants de construire leurs connaissances plut�t que d'�tre simplement mis au courant des r�sultats que d'autres humains ont obtenu gr�ce au processus dans lequel ils se sont engag�s.�
Concr�tement parlant, la p�riode de philosophie commence habituellement par la lecture d'une histoire (la r�f�rence n'est plus le professeur, mais l'histoire du roman). Suit la cueillette des donn�es au cours de laquelle on demande aux enfants d'identifier ce qui pose probl�me pour eux. On les invite ensuite � s'engager dans un dialogue qui prend la forme d'une d�lib�ration. Il va sans dire que, dans ce contexte, le r�le de l'enseignant (qui s'aide d'un guide p�dagogique) se trouve profond�ment boulevers�: loin de se contenter de propager �une certaine forme d'endocrinement�, le voici tout � coup devenu un facilitateur.
La vraie d�mocratie � l'�cole
� la lumi�re des exp�riences dont il a �t� l'instigateur aux commissions scolaires Laure-Conan et de Bellechasse, ou dont il a �t� t�moin, Michel Sasseville en arrive � une constatation: l'enseignement de la philosophie au primaire entra�ne des changements importants dans l'enseignement de toutes les mati�res. �Dans l'�ventualit� d'une r�forme en profondeur de l'enseignement au primaire, ces changements pourraient modifier consid�rablement la philosophie qui a pr�sid� jusqu'� ce jour � l'�laboration des diff�rents programmes du minist�re de l'�ducation�, croit-il.
C'est l� que la formation des ma�tres, comme celle que l'on s'appr�te � donner � la Facult� de philosophie de l'Universit� Laval, rev�t toute son importance.
GABRIEL COT�