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8 d�cembre 1994 ![]() |
FORMATION
Juges et partie
En cong� d'�tudes juridiques, des magistrats viennent se ressourcer � la Facult� de droit.
�Hier, la principale fonction du juriste �tait de r�gler les probl�mes juridiques tandis qu'aujourd'hui, le juriste exerce une fonction de conseiller aupr�s du client afin de l'aider � atteindre son but. C'est le r�sultat qui compte: les aspects l�gaux ne constituent plus qu'une partie de l'op�ration. Par cons�quent, l'avocat est souvent oblig� d'apprendre sur le tas, n'�tant pas particuli�rement form� � certains aspects du droit.�
C'est ce que soutient Robert Lesage, juge de la Cour sup�rieure du Qu�bec... et �tudiant � la Facult� de droit de l'Universit� Laval. Dans le cadre d'un cong� d'�tudes juridiques d'une dur�e de six mois institu� par le Conseil canadien de la magistrature, Robert Lesage a en effet choisi de retourner sur les bancs de l'Universit� et suit pr�sentement deux cours: l'un au premier cycle portant sur le droit commercial international et l'autre, au deuxi�me cycle, sur le GATT. Pour ce sp�cialiste du droit civil et matrimonial, se frotter au droit commercial international constitue l'occasion par excellence d'�tudier �un autre aspect des probl�mes juridiques qui devient de plus en plus important dans les activit�s �conomiques de la soci�t�.
Dans le cadre de ce programme s'adressant aux juges qui oeuvrent depuis au moins dix ans dans la magistrature, la Facult� de droit accueille �galement jusqu'en mars un autre juriste, en la personne de Louis Lebel, juge de la Cour d'appel du Qu�bec. � la diff�rence du juge Lesage, Louis Lebel a choisi de demeurer � la tribune et a assum� une partie de l'enseignement d'un cours en droit du travail offert � la ma�trise en droit. �L'exp�rience s'av�re extr�mement enrichissante, r�v�le-t-il. Pour nous, juristes, les �tudiants repr�sentent � la fois la continuit� et l'avenir. J'ai ainsi l'impression de participer � la transmission du savoir, � l'ouverture des esprits.�
Un enseignement de base
Selon Louis Lebel, le droit est un domaine tellement vaste et complexe qu'enseigner cette mati�re constitue tout un d�fi. Ainsi, il ne croit pas qu'il soit possible, dans le cadre d'un baccalaur�at en droit, de faire d'un �tudiant un jusriste pr�par� � exercer dans tous les domaines: �En droit fiscal, par exemple, on peut amener un �tudiant � conna�tre la structure du r�gime fiscal et ses applications. Mais on ne r�ussira pas pas, avec cet enseignement de base, � faire de l'�tudiant un planificateur fiscal comp�tent. Il va devoir approfondir ses connaissances dans un enseignement de 2e cycle ou encore compl�ter sa formation dans son milieu de travail.�
Robert Lesage, lui, estime que l'enseignement du droit devrait se faire selon deux approches: la premi�re pr�parerait � exercer la profession d'avocat tandis que la seconde serait ax�e sur la formation et la culture, comme �point de d�part de quelque chose�: Il devient in�vitable qu'une facult� de droit doive pr�parer des gens pour autre chose que la pratique l�gale. En fait, il y a trop d'aspirants � la profession d'avocats sur le march�; ces gens-l� ne peuvent pas tous esp�rer gager leur vie dans ce domaine. Il faut donc le droit devienne une base pour une autre formation, une autre activit�.�
Sans vouloir se faire l'avocat du diable, le juge Lesage se dit surpris par la mati�re consid�rable � laquelle ses pairs d'un semestre sont confront�s, de m�me que par le vaste �ventail de choix de cours offerts:
�Comment un �tudiant peut-il arriver � faire un choix ad�quat de tous les cours qui pourront lui �tre utiles?� Licenci� en droit de l'Universit� Laval en 1955, Robert Lesage s'�tonne �galement du s�rieux avec lequel les �tudiants suivent leur cours (�il n'y a ni blagues ni farces�) ainsi que des �horaires compl�tement fous� auxquels sontr astreints les �tudiants: �J'ai d�j� appris que l'int�r�t se perd au bout de 50 minutes. Trois heures, cela fait tr�s long...�
En m�me temps, Robert Lesage est frapp� par la motivation et l'int�r�t dont font preuve les �tudiants qu'il a c�toy�s. Opinion que partage Louis Lebel, qui n'a que des louanges � adresser aux �tudiants � la ma�trise � qui il a enseign�s: �Il �tait visible que ces personnes connaissaient d�j� les bases du droit du travail. Le cours a �t� une discussion et un dialogue constant.� Quant � savoir si les facult�s de droit forment trop d'avocats en regard du march� du travail, Louis Lebel doute fort qu'un contingentement plus accentu� repr�sente une bonne solution, �dans un r�gime �conomique et politique qui se veut lib�ral et d�mocratique�. Lui- m�me licenci� en droit de l'Universit� Laval (1962), il estime que tout coureur a droit... � sa chance.
REN�E LAROCHELLE
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