1er d�cembre 1994 |
Enseignement et recherche: atteindre l'�quilibre
En moins de trente ans, l'Universit� Laval a r�ussi � �quilibrer de fa�on satisfaisante les fonctions universitaires d'enseignement et de recherche. Mais pour maintenir l'enthousiasme des professeurs, notamment des plus jeunes, � l'�gard de l'enseignement au premier cycle, l'Universit� devrait tenir compte de fa�on plus explicite de la fonction enseignement dans les crit�res de promotion et la valoriser dans son discours et les ressources qu'elle y consacre.
C'est ce qu'a affirm� Yves Roby, professeur au D�partement d'histoire, lors du colloque ��rudition, humanisme et savoir� qui a eu lieu r�cemment au pavillon La Laurentienne. Organis�e par la Chaire d'�tudes pour le d�veloppement de la recherche sur la culture d'expression fran�aise en Am�rique du Nord (CEFAN), cette rencontre voulait rendre hommage � l'historien Jean Hamelin, en qui se sont justement incarn�es les qualit�s d'�rudition, d'humanisme et de savoir tout au long de sa carri�re.
S'appuyant sur l'exemple de la Facult� des lettres, Yves Roby a rappel� qu'au d�but des ann�es 1970, les �tudes de 2e et 3e cycles y occupaient une place marginale. En 1971, 46,1% des professeurs rattach�s � la Facult� avaient un doctorat, comparativement � 88,2% en 1994, le pourcentage atteignant 100% dans le cas des professeurs adjoints. En outre, de 1969 � 1991, le montant total des subventions et des contrats est pass� d'environ 500 000 $ � 4 569 113 $ . �On peut dire sans exag�rer que les professeurs qui font peu ou pas de recherche apparaissent de plus en plus comme des exceptions�, souligne Yves Roby. Selon lui, ces progr�s ont eu des retomb�es directes sur la qualit� de l'encadrement des �tudiants de 2e et de 3e cycle: en 1990, 141 �tudiants obtenaient leur ma�trise et 43 leur doctorat, contre respectivement 29 et 15 en 1970.
La course aux subventions
En accordant la priorit� au d�veloppement de la recherche et des �tudes avanc�es par ses politiques de recrutement et de promotion, l'Universit� a radicalement transform� le corps professoral en 25 ans. Mais cette �belle r�ussite�, estime Yves Roby, a entra�n� une d�motivation une perte d'int�r�t pour l'enseignement, surtout chez les plus jeunes professeurs:
�Pour participer activement � la course aux subventions, pour publier vite et beaucoup et p�n�trer les r�seaux scientifiques, le jeune professeur aura tendance (...) � fuir les t�ches administratives un peu lourdes, � �viter l'enseignement aux grands groupes, � consacrer moins de temps � la pr�paration de ses cours, � leur mise � jour et � l'encadrement des �tudiants. In�vitablement, ce comportement am�nera la rupture de l'�quilibre entre les fonctions recherche et enseignement.�
Yves Roby sugg�re donc que �l'Universit�, en plus de continuer � valoriser la fonction enseignement, devrait renoncer � tout ce qui, m�me sous le noble pr�texte d'assurer un partage plus �quitable des t�ches, pourrait �loigner les uns de l'enseignement, les autres de la recherche�. En fait, la solution r�side dans l'�quit�, c'est-�-dire la comptabilisation de toutes les t�ches de recherche, d'encadrement d'�tudiants et de participation � l'administration accomplies par le professeur.
Ce syst�me n'est efficace qu'� certaines conditions. Entre autres, toute activit� reconnue comme exc�dant la t�che normale doit �tre comptabilis�e et effectivement compens�e. De m�me, toutes les activit�s d'enseignement et de recherche doivent �tre rigoureusement �valu�es dans la mesure o� �il est plus facile d'�valuer l'accomplissement des premi�res que des secondes et que cela est parfois source de r�criminations�. �Les chercheurs subventionn�s all�guent, souvent avec raison, que l'Universit� favorisent ind�ment leurs coll�gues qui font de la recherche individuelle et non subventionn�e en ne les soumettant pas � des proc�dures d'�valuation formelle�, explique Yves Roby.
� son avis, le syst�me de comptabilisation des t�ches des professeurs permet un partage plus �quitable du travail sans nuire � l'�quilibre entre les fonctions universitaires d'enseignement et de recherche. �L'alternative est connue: ce sont les diverses mesures mises del'avant depuis trente ans sous une forme ou sous une autre et qui ont pour cons�quence d'entra�ner la hi�rarchisation du corps professoral.�
REN�E LAROCHELLE
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