25 ao�t 1994 |
10e Congr�s de la FIEC
Un grand �v�nement scientifique
L'Universit� Laval accueille cette semaine le 10e Congr�s de la F�d�ration internationale des associations d'�tudes classiques. Le Fil a rencontr� � ce sujet le pr�sident de ces assises, le doyen de la Facult� des lettres, Andr� Daviault.
Le Fil: Pourquoi l'Universit� Laval a-t-elle accept� la responsabilit� du Xe Congr�s?
ANDR� DAVIAULT: Il est heureux que, lors du dernier Congr�s de Pise, le d�l�gu� de la Soci�t� Canadienne des �tudes Classiques ait obtenu que le choix du prochain congr�s se port�t sur le Canada et extr�mement opportun qu'on ait confi� la mise sur pied de ce forum international � la Facult� des lettres de la plus vieille universit� francophone en Am�rique du Nord, qui offre des programmes de formation en �tudes classiques aux trois cycles depuis sa fondation et qui a une tr�s bonne exp�rience de la pr�paration de ce type de congr�s. La tenue de ce grand �v�nement scientifique, en plus de faire prendre conscience de l'int�r�t de l'enseignement et de la recherche effectu�s en �tudes classiques dans les grandes universit�s du monde, repr�sente une stimulante occasion de revitaliser le r�seau universitaire des �tudes classiques dans la province de Qu�bec. Aussi, la pr�sence chez nous de cet ar�opage international constituera pour nos �tudiants et m�me ceux des c�geps un instrument privil�gi� pour se mettre au fait de connaissances, de m�thodologies ou de probl�matiques originales.
Pouvez-vous r�sumer bri�vement le contenu du congr�s?
Ce Congr�s, qui rassemble plus de quatre cents sp�cialistes de grandes universit�s de tous les continents est destin� � livrer le r�sultat des recherches actuelles dans 18 grands th�mes scientifiques s�lectionn�s, qui sont relatifs � l'hell�nisme et � la romanit� et qui ressortissent aux �tudes humaines et sociales. Je tiens � souligner, par exemple, les rapports qui existent entre plusieurs de ces th�mes et l'anthropologie culturelle (Interpr�tations antiques de mythes et des rituels, Les relations culturelles entre Grecs et Juifs et Cultures locales ), la sociologie (Le statut social des �crivains et des artistes, Transmission et transformation des valeurs � l'�poque d'Auguste et Droit et soci�t� � Rome) ou les sciences politiques (Le concept d'aristocratie jusqu'au IVe si�cle avant J.-C. et L'exercice du pouvoir dans les monarchies hell�nistiques et dans l'Empire romain ). Au congr�s sont int�gr�s 3 colloques sp�cialis�s, l'un sur L'exercice du pouvoir dans l'Empire romain � l'�poque r�publicaine, le second sur la c�l�bre probl�matique de la Black Athena qui explore les signes de l'influence africaine sur la civilisation grecque et le troisi�me sur les �tudes classiques au Canada.
Qu'est-ce que c'est que ce Colloque sur les �tudes classiques au Canada?
Il s'agit en quelque sorte des �tats g�n�raux des �tudes classiques dans notre pays.Cette initiative est fond�e sur un jugement d'opportunit� devant l'urgence de repenser les humanit�s gr�co-latines � l'int�rieur des sciences humaines et de r�unir les conditions d'un red�ploiement plus efficace de leur potentiel dans la perspective d'un renouvellement de la formation et de la recherche en �tudes classiques. Aux prises avec les tendances lourdes du conformisme moderne qui attribuent une l�gitimit� de plus en plus grande aux fili�res scientifiques et technologiques, les tenants d'une formation diff�rente essentielle � notre culture nationale doivent relever le nouveau d�fi de lui revendiquer un meilleur statut. Cette remise en question, qui a aussi une dimension �pist�mologique, passe par un r�examen des orientations actuelles en mati�re de recherche et cons�quemment de la place actuellement occup�e dans le curriculum par les humanit�s.
Qu'attendez-vous de ce Xe Congr�s de la FIEC?
De ce grand forum de la recherche, qui a aussi des allures de salon du livre, puisqu'une douzaine de grandes maisons d'�dition �trang�res sp�cialis�es sont pr�sentes, les retomb�es sont nombreuses et de divers ordres. Tout d'abord, l'organisation d'un tel �v�nement, dont notre coll�gue, l'historien L�opold Migeotte, assume avec rigueur la responsabilit� depuis 3 ans, est un autre signe du dynamisme de l'Universit� Laval et cela va dans le sens du rayonnement de notre �tablissement. D'autre part, la participation active de plusieurs de nos professeurs d'�tudes anciennes aux d�bats modernes en mati�re de recherche sur l'Antiquit� classique contribue � d�velopper nos r�seaux d'�changes et de collaboration sur le plan de la coop�ration interuniversitaire. En relation directe avec cette id�e, je tiens � dire que le congr�s a d�j� permis de consolider de fa�on concr�te les liens de solidarit� entre les universit�s canadiennes.
Comment cela ?
C'est un geste vraiment inusit� et formidable. Voyant les efforts de notre universit� pour assurer le succ�s de ce congr�s international et conscients de la responsabilit� pour ainsi dire nationale de l'accueil de nos coll�gues �trangers, les pr�sidents ou recteurs de 25 universit�s et coll�ges canadiens ont convenu de nous faire des donations substantielles pour nous aider � mener l'op�ration � bonne fin. L'ancien pr�sident de la Soci�t� canadienne des �tudes classiques, l'hell�niste C.W.J. Eliot, qui est aussi pr�sident de l'Universit� de l'Ile du Prince- �douard, a �t� le grand artisan de cette action. Cet engagement concret est de tr�s bon augure pour l'avenir des �tudes classiques au Canada.
Et l'avenir des �tudes classiques � l'Universit� Laval ?
Je pense que ce Xe Congr�s, o� l'interdisciplinarit� fonde les r�sultats de plusieurs recherches de haut niveau, sera une irrempla�able source d'inspiration � l'heure de la cruciale op�ration d'�valuation de nos programmes d'�tudes anciennes. Je crois, mais c'est un avis personnel qui n'engage que moi, qu'il faudra, d'une part , assurer les connaissances fondamentales et, d'autre part, d�passer ce que Pierre Vidal-Naquet appelle "le ronron humaniste" pour ouvrir davantage l'acc�s � de nouvelles lectures des oeuvres grecques et romaines qui les replacent dans l'activit� sociale.
Qu'est-ce que la FIEC ?
La F�d�ration Internationale des associations d'�tudes Classiques, fond�e en 1948, est l'organisation mondiale la plus importante dans le domaine des �tudes sur l'Antiquit� classique et l'une des treize organisations membres du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines (CIPSH), qui rel�vent de l'UNESCO. Plus de soixante-quinze associations nationales ou internationales adh�rent � cette f�d�ration. Les congr�s de la FIEC ont lieu tous les cinq ans : ils ont pour but de faire �tat des recherches les plus r�centes dans le domaine des humanit�s et donnent lieu � la pr�sentation de travaux sous forme de communications et de colloques sur des th�mes sp�cifiques.