Le rétrécissement de l’aorte associé au syndrome X
Des équipes de la Faculté de médecine en font la démonstration trois fois plutôt qu’une
Des chercheurs de la Faculté de médecine viennent de faire la première démonstration du lien existant entre le rétrécissement de l’aorte et le syndrome X ou syndrome métabolique. Ces chercheurs, regroupés au Centre de recherche de l’Hôpital Laval, viennent de publier en rafales trois articles qui appuient leurs dires. Le rétrécissement de la valvule aortique - la porte qui contrôle le passage du sang entre le ventricule gauche et l’aorte - est directement responsable d’environ 15 000 décès et 100 000 chirurgies cardiaques chaque année en Amérique du Nord. C’est la troisième maladie cardiovasculaire en importance après la maladie coronarienne et l’hypertension. Quant au syndrome X, il s’agit d’un dérèglement métabolique dont les principales manifestations sont l’obésité abdominale, l’hypertension, la résistance à l’insuline et des taux anormaux de lipides et de glucose sanguins.
En début d’année, les chercheurs Marie-Claude Drolet, Élise Roussel, Yves Deshaies, Jacques Couet et Marie Arsenault publiaient dans le Journal of the American College of Cardiology des résultats démontrant qu’une diète riche en gras et en sucres induisait un rétrécissement aortique chez la souris. C’était la première fois que des chercheurs parvenaient à enclencher les premières phases d’une maladie de la valvule aortique chez des animaux de laboratoire à l’aide d’un régime alimentaire similaire à celui de beaucoup de Nord-américains, sans que des taux élevés de cholestérol ne soient en cause.
De leur côté, Martin Briand, Isabelle Lemieux, Jean Dumesnil, Patrick Mathieu, Amélie Cartier, Jean-Pierre Després, Marie Arsenault, Jacques Couet et Philippe Pibarot ont suivi l’évolution du calibre de la valvule aortique chez 105 patients qui souffraient d’un problème de rétrécissement valvulaire. Leurs résultats, publiés dans l’édition du 6 juin du Journal of the American College of Cardiology, montrent que le rétrécissement est deux fois plus rapide chez les patients atteints du syndrome métabolique. Les chercheurs ont également noté que, pendant une période de trois ans, il a fallu remplacer la valvule aortique de 56 % des patients atteints du syndrome métabolique alors que cette intervention ne s’est avérée nécessaire que chez 31% des patients ne présentant pas de syndrome métabolique.
Enfin, dans un article qui sera publié prochainement dans la revue Circulation, Martin Briand, Philippe Pibarot, Jean-Pierre Després, Pierre Voisine, Jean Dumesnil, François Dagenais et Patrick Mathieu démontrent qu’après le remplacement de la valvule aortique par une prothèse biologique, le risque de défaillance à long terme de la prothèse est deux fois plus élevé chez les patients atteints du syndrome métabolique. Les résultats de cette étude menée auprès de 217 patients suggèrent que les complications métaboliques causées par l’obésité abdominale provoquent une détérioration des valvules cardiaques.
Aux yeux des chercheurs, ces résultats inquiétants cache une bonne nouvelle puisqu’ils laissent entrevoir une façon de prévenir les maladies des valvules cardiaques.«L’amélioration des habitudes alimentaires et l’augmentation de la pratique de l’activité physique pourraient stopper ou ralentir le rétrécissement aortique et ainsi éviter des chirurgies de remplacement valvulaire», estiment-ils.
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