Une autre puissance en émergence Pas questions, dans ces conditions, d'abandonner les comptoirs de l'Inde Après le Japon et la Chine, voici qu'un nouveau géant économique est en train de naître en Asie: l'Inde. Ce pays de plus de un milliard d'habitants représente actuellement 2 % du PIB mondial. À l'horizon de 2050, il devrait, selon Keystone India, atteindre 17 %. Une performance qui placerait l'Inde devant l'Union européenne (15 %) et le Japon (4 %). Dans les prochaines années, le gouvernement indien investira des centaines de milliards de dollars dans la modernisation du territoire, principalement en électrification et en infrastructures. Les secteurs d'activité où les entreprises québécoises sont les plus susceptibles de se démarquer de la concurrence, dans cet énorme marché en émergence, sont ceux de l'électricité, des mines, manufacturier, de la logistique du transport routier, de l'environnement, des sciences et des technologies et de l'agroalimentaire.
Voilà le message qu'ont livré trois étudiants inscrits à la maîtrise en administration des affaires (gestion internationale), le vendredi 9 décembre au pavillon Palasis-Prince, dans le cadre d'un colloque organisé par le Groupe d'études et de recherche sur l'Asie contemporaine (GÉRAC). La rencontre avait pour thème: "Le Québec face à l'émergence de l'Asie: quelle politique? quel positionnement? quelle démarche?"
"La croissance du secteur de l'électricité est d'environ 10 % par année, a expliqué Zossia Yandoma. Le gouvernement indien veut que l'électricité soit présente dans tous les foyers d'ici 2012. Dans ce but, il investira 200 milliards de dollars dans l'électrification du territoire." Un autre 150 milliards sera consacré aux travaux d'aménagement d'infrastructures. En Inde, on ne peut accéder par route à près de la moitié des villages pendant une partie de l'année. "Toutes les grandes firmes internationales d'ingénierie sont déjà présentes sur ce marché très concurrentiel, a souligné Miguel Angers. SNC-Lavalin se démarque assez bien." D'autres créneaux prometteurs La main-d'oeuvre technique indienne, abondante et bon marché, attire les investisseurs étrangers. Dernièrement, les géants américains de la technologie de pointe que sont Microsoft, Intel, Cisco et AMD ont annoncé des investissements globaux de quelque 5 milliards de dollars en Inde. "Dans ce pays, a indiqué Miguel Angers, 56 % du PIB provient des services et 20 % de la production de logiciels. Un ingénieur en informatique reçoit un salaire annuel variant entre 8 000 et 10 000 $." Dans le domaine environnemental, les entreprises québécoises spécialisées en dépollution atmosphérique, en épuration de l'eau et en traitement des déchets pourront, elles aussi, tirer leur épingle du jeu. Mentionnons que l'Inde est déjà aux prises avec une pénurie d'eau potable. "En agroalimentaire, une porte s'ouvre aux entreprises québécoises, notamment en transformation des aliments où l'Inde est très peu spécialisée", a souligné Zossia Yandoma.
"La Chine est très populaire depuis quelques années, mais les coûts de la main-d'oeuvre sont en hausse, a expliqué Miguel Angers. De plus, les exigences des partenaires chinois sont plus élevées qu'en Inde. Ce pays donne une perspective différente à nos firmes. Parce qu'elles ont un choix dans la même région du monde, elles peuvent ainsi réduire les risques de leur portefeuille d'affaires international." Pour attirer les investisseurs étrangers, le gouvernement indien offre des incitatifs très intéressants. Par exemple, les sociétés spécialisées dans la distribution d'électricité sont exemptées d'impôts pour dix ans. Selon Miguel Angers, le succès d'affaires en Inde, pour une entreprise québécoise, passe notamment par la création d'un réseau d'experts locaux en finance, en comptabilité et en droit des affaires, ainsi que par l'engagement d'un gestionnaire local. En plus du Groupe d'études et de recherche sur l'Asie contemporaine (GÉRAC), l'Université devrait bientôt compter sur une chaire de recherche consacrée aux stratégies d'affaires globales et aux marchés émergents asiatiques. Le professeur Zhan Su, du Département de management, pilote ce dossier. Selon lui, cette chaire consoliderait le positionnement de Laval comme chef de file au Québec pour la recherche universitaire sur l'Asie. | |