
Et le lendemain de Noël?
Selon l'économiste Jean-Yves Duclos,
le cercle vicieux de la pauvreté doit être enrayé
par des mesures sociales à long terme
L'approche du temps des Fêtes sonne généralement
l'alarme: quelques semaines avant Noël, les organismes de
charité unissent leurs voix afin d'inciter les gens à
desserrer les cordons de leur bourse pour en faire profiter les
plus pauvres. Si ces appels à l'aide peuvent constituer
une excellente prise de conscience sociale, il n'en demeure pas
moins qu'ils ne résolvent pas le problème de la
pauvreté à long terme, les lendemains de Noël
ramenant les personnes démunies à la triste réalité
de leur dénuement. D'où l'importance de penser
à développer des outils qui permettront aux gens
de sortir du cercle vicieux de la pauvreté, estime Jean-Yves
Duclos, professeur au Département d'économie.
"Les Québécois se montrent plutôt généreux
lors de ces campagnes de charité et c'est très
bien ainsi", dit l'économiste qui était l'un
des invités au débat de la série "Participe
présent" qui a eu lieu au Musée de la civilisation,
le 6 novembre, sur le thème "Les grandes campagnes
de charité du temps de Noël soulagent-elle plus la
conscience de ceux qui donnent que la pauvreté elle-même?".
"Mais il faut penser à des modes qui offrent davantage
de liberté aux gens plutôt que de les enfermer dans
des carcans", explique Jean-Yves Duclos, pour qui le thème
du débat ouvre la porte à une discussion beaucoup
plus large.
Exclusion et marginalisation
"Prenons par exemple les logements sociaux, indique
Jean-Yves Duclos. Une très faible minorité de personnes
en profite et celles qui en bénéficient ne veulent
pas perdre un tel logement. Avec le résultat que plusieurs
vont refuser un emploi qui les obligerait à déménager.
Ces gens sont en quelque sorte enfermés dans un ghetto."
Même chose pour le système d'aide sociale qui pénalise
les gens aussitôt qu'ils tentent de s'en sortir. "Si
un bénéficiaire de l'aide sociale gagne un dollar
de plus d'un côté en travaillant, on lui enlève
un dollar de l'autre côté. Cela crée des
trappes de pauvreté. On force les gens à l'exclusion
et à la marginalisation. Finalement, on aide les pauvres
à condition qu'ils restent pauvres."
Pour Jean-Yves Duclos, la solution réside dans l'instauration
d'une allocation universelle, soit un revenu minimum garanti
pour tous, une idée qui n'est pas nouvelle, reconnaît-il,
et qui a été prônée entre autres,
rappelle-t-il, par le syndicaliste Michel Chartrand et le chef
de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Mario
Dumont. "Un tel régime éliminerait les obstacles
et ferait en sorte que les plus démunis se prendraient
en main et se lanceraient sur le marché du travail, dit
l'économiste. Au lieu de penser à des modes de
fonctionnement qui excluent les plus pauvres, favorisons plutôt
des modes qui les incluent."

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