
Apprendre en détournant
Des étudiants transforment des publicités
en messages de paix
par Renée Larochelle
Dans le cadre du cours Création publicitaire
offert par le Département d'information et de communication,
un groupe d'étudiants de troisième année
en communication publique a sauté à pieds joints
dans le projet que leur a proposé en début de session
le professeur Claude Cossette: créer une "antipublicité"
contre la violence et la guerre en utilisant le concept d'une
publicité connue. Résultat de cet exercice de style:
une vingtaine de publicités littéralement transformées
aux couleurs de la paix et moussant la non-violence, en lieu
et place de la consommation de lait, de grandes marques, de spectacles
ou de séries historiques télévisées.
"Il fallait d'abord trouver des publicités qui nous
touchaient et être ensuite en mesure de les exploiter,
raconte l'une des étudiantes, Emmanuelle Paquet. Les publicités
devaient aussi être connues du public, afin que les gens
puissent facilement faire le lien. Enfin, le projet nous a permis
de passer par toutes les étapes de la création
d'une pub, de la conception jusqu'au produit fini." Entre
les mains d'Emmanuelle Paquet et de sa coéquipière
Catherine Luneau, une inoffensive publicité de Desjardins
est ainsi devenue une offensive pour la paix, grâce à
un slogan judicieusement récupéré et l'image
d'un enfant faisant face à un homme armé, au lieu
du doux agneau de la publicité originale.
De leur côté, Claudia Fortin et Isabelle Rivard
ont opté en quelque sorte pour la simplicité volontaire:
sur les vêtements des enfants formant le nom de la célébrissime
marque Benetton, les lettres ont été changées,
faisant du même coup de ces enfants des ambassadeurs de
la paix. Habile manoeuvre de la part de Malika Touré et
Karine Dubois qui ont repris de façon humoristique une
publicité du canal Historia, en se servant d'une photo
montrant le jeune Bush à cheval, un lasso à la
main. Oui, avant de devenir président des États-Unis,
Georges W. a été lui aussi un enfant, tout comme
le jeune Picasso l'a été avant de devenir le génie
qu'on sait.
"Pour pouvoir reprendre à son compte une publicité,
il faut en comprendre la structure; de ce point de vue, les étudiants
se sont très bien débrouillés, en plus de
faire preuve d'une grande créativité, note Claude
Cossette. Aujourd'hui, les jeunes sont tous plus ou moins des
publicitaires dans l'âme. Imbibés de publicité
depuis qu'ils sont tout petits, ils n'ont pas envie d'apprendre,
il sont envie de faire. Et c'est ce qu'ils ont fait."

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