
Crise énergétique
Les recommandations officielles en besoins énergétiques
surestiment les dépenses métaboliques réelles
par Jean Hamann
Il en coûterait moins cher pour vivre que ne le prétendent
les organisations internationales... si on considère la question
sous l'angle des calories nécessaires au bon fonctionnement
du corps! C'est la conclusion à laquelle arrivent les
chercheurs Gisèle Alfonzo-Gonzalez, Éric Doucet,
Natalie Alméras, Claude Bouchard et Angelo Tremblay après
avoir comparé, pour 45 sujets sédentaires, les
dépenses caloriques réelles, mesurées à
l'aide d'une chambre calorimétrique, et les dépenses
énergétiques théoriques, calculées
à partir des normes établies en 1985 par l'Organisation
des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Université
des Nations Unies (UNU).
Les résultats de l'exercice, rapportés dans une
récente édition de l'European Journal of Clinical
Nutrition par cette équipe de chercheurs associés
à la Faculté de médecine et au Centre de
recherche de l'Hôpital Laval, montrent que les estimés
FAO/OMS/UNU surestiment le métabolisme de base des femmes
et des hommes de 10 % et 16 % respectivement. Même tendance
du côté des dépenses énergétiques
attribuables aux tâches de la vie courante, où là
encore les projections dépassent de 10 à 13 % les
dépenses réelles. Le résultat est qu'au
bout de la journée, les dépenses énergétiques
totales estimées à l'aide des équations
FAO/OMS/UNU sont de 18 à 25 % supérieures aux dépenses
réelles. L'écart entre les deux valeurs se creuse
avec l'âge et il est plus prononcé chez les gens
sédentaires, observent les chercheurs au passage.
Ces différences ne sont pas uniquement d'intérêt
théorique. En effet, les équations FAO/OMS/UNU,
qui font intervenir le poids, l'âge et le genre, sont souvent
l'unique outil dont disposent les nutritionnistes pour établir
les besoins énergétiques quotidiens des personnes
qui les consultent. Dans certains pays du monde, notamment au
Canada, ces équations servent aussi à fixer les
besoins énergétiques de la population de sorte
que, même en respectant les recommandations officielles,
il se peut que l'on mange trop.
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