
Après le choc diagnostique
Les psychologues tardent à relever le défi du
counseling génétique
Par Jean Hamann
Les tests génétiques ont une incidence qui dépasse
leur seule application médicale et les psychologues sont
très bien placés pour fournir une aide thérapeutique
aux personnes qui cherchent à obtenir une consultation
d'ordre génétique. Voilà la position que
défendent Michel Dorval, de l'Unité de recherche
en santé des populations, et sa collègue Sylvie
Pelletier, dans un récent numéro de la revue scientifique
Canadian Psychology.
Les deux spécialistes constatent la place grandissante
qu'occupent les tests génétiques dans la pratique
médicale. Les résultats de ces tests, qui reposent
sur des notions de risques et de probabilités, sont souvent
bouleversants parce qu'ils ont une incidence sur la qualité
de vie des personnes, sur leurs décisions d'avoir ou non
des enfants, ou, dans le cas de diagnostics de grossesse, de
garder ou non l'enfant à naître.
"Les personnes qui reçoivent un diagnostic génétique
ont des décisions importantes à prendre et elles
pourraient profiter de l'aide de psychologues", avance Michel
Dorval. Les psychologues sont les professionnels de la santé
les mieux placés pour déterminer s'il est propice
ou non pour une personne de passer un test de dépistage
à un moment précis de sa vie et si elle est en
mesure de bien comprendre l'information qui lui est donnée,
poursuit-il. Ils peuvent aussi assurer le suivi psychologique
des personnes après la divulgation des résultats.
Pour l'instant, souligne Michel Dorval, exception faite des projets
de recherche universitaires, on voit peu de psychologues au sein
des équipes qui travaillent auprès des patients.
De plus, ajoute-t-il, la profession tarde à s'éveiller
à ces nouveaux besoins de sorte que les psychologues ne
sont pas prêts à relever ce nouveau défi.
"La formation de base des psychologues les prépare
bien aux problèmes qui peuvent survenir dans ce genre
de situations, mais il leur manque des connaissances de base
en génétique pour bien comprendre les enjeux et
pour pouvoir interagir avec les patients et les autres professionnels
de la santé."
Professeur à la Faculté de pharmacie, Michel Dorval
fait partie de l'équipe multidisciplinaire INHERIT BRACs.
Ce groupe étudie les gènes de susceptibilité
au cancer du sein dans la population canadienne, l'impact psychologique
de leur dépistage ainsi que les répercussions juridiques
et sociales du résultat de ces tests. Par le biais de
ce projet, le chercheur réalise son objectif de "participer
activement à la sensibilisation et à l'information
des milieux cliniques, de la population et des décideurs
publics sur les aspects psychosociaux et éthiques découlant
de la présence accrue de la génétique dans
la société".

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