
Soigner à Salluit
Deux étudiantes en sciences infirmières racontent
leur stage professionnel crédité au Nunavik
Ce soir, le jeudi 27 novembre, 20 étudiantes et étudiants
au baccalauréat en sciences infirmières feront
une présentation sur le stage qu'ils ont réalisé
l'été dernier dans le cadre du cours "Stage
international ou interculturel". L'activité se tiendra
à la salle 2105 du pavillon Paul-Comtois à compter
de 17 h 15. Si certains se sont dirigés vers l'Amérique
latine (Guatemala), d'autres sont allés en Afrique (Ghana,
Mali, Niger, Sénégal). Andréanne Robitaille
et Marie-Hélène St-Pierre, elles, ont choisi le
Nunavik, dans le Grand Nord du Québec.
Les deux étudiantes sont arrivées à Povungnituk
en pleine tempête de neige. Puis, elles se sont rendues
à Salluit, un village inuit de quelque 1 100 habitants
où elles ont travaillé durant deux mois au CLSC
local. Situé à la pointe nord du Québec,
le village côtier, entouré de montagnes, est baigné
par les eaux turquoises et poissonneuses du détroit d'Hudson.
"Les Inuits sont un peuple réservé, rieur
et moqueur", explique Marie-Hélène. Le temps
froid, le soleil de minuit ainsi que le sol gelé en permanence
les ont particulièrement frappées. Ainsi que les
habitudes alimentaires de la population locale. Les aînés
surtout sont restés attachés à l'alimentation
traditionnelle basée sur la viande crue. Autrement, frites
et pizzas surgelées, gâteaux et boissons gazeuses
sont très présents.
Trois problématiques de santé
Les maladies pulmonaires obstructives chroniques viennent
au premier rang des problématiques de santé observées
par les deux stagiaires. "Les causes les plus fréquentes
de ces maladies, précise Marie-Hélène, sont
la cigarette, la rigueur du climat, la poussière produite
par les routes de terre et l'insalubrité. Il n'y a pas
d'aqueducs à cause du pergélisol et l'eau est apportée
par camion. Les déchets, eux, sont déversés
dans un dépotoir au milieu de la toundra." Une autre
problématique est la prolifération des MTS en raison
d'une grande promiscuité sexuelle. Souvent, Andréanne
et Marie-Hélène ont détecté de telles
maladies au cours d'examens gynécologiques. "Le CLSC,
souligne-t-elle, distribue des condoms gratuitement, mais ils
ne sont pas nécessairement utilisés. Beaucoup de
femmes prennent la pilule anticonceptionnelle, mais elle ne le
font pas régulièrement. Nous avons constaté
que la prévention n'a pas la place qu'elle devrait avoir."
La troisième problématique observée porte
sur les traumatismes de tout genre causés, entre autres,
par les accidents de chasse et la conduite sans casque protecteur
de véhicules tout-terrain.
Le travail d'Andréanne Robitaille et de Marie-Hélène
St-Pierre comportait un volet soins à domicile chez des
personnes en perte d'autonomie. Elles communiquaient avec leurs
patients par l'intermédiaire d'interprètes parlant
l'inuktitut. Responsabilités nombreuses, pratique élargie,
leur stage fut une réussite, notamment sur le plan des
apprentissages. Elles se sont toutefois senties impuissantes
face à des cas d'abus sexuel ou de violence domestique.
Sur le plan social, elles se sont intégrées à
la population inuite par une présence régulière
dans les rues et par l'intérêt qu'elles ont démontré
aux enfants. "Nous avons le Nord constamment à l'esprit,
indique Marie-Hélène. Notre objectif de carrière,
du moins à court terme, est d'y retourner."
Un stage professionnel crédité
Depuis 2001, 48 étudiantes et étudiants en
sciences infirmières ont ainsi effectué un stage
professionnel de six crédits en soins de santé
primaires. Et 20 autres se préparent pour l'été
prochain. Jusqu'à présent, et à l'exception
du Nunavik, toutes les destinations étaient situées
dans des pays en développement. "Nous sommes toujours
à développer de nouveaux milieux de stage, explique
la professeure Ginette Lazure, responsable du cours "Stage
international ou interculturel". Nous aurons possiblement
un stage en Inde, ainsi qu'en Chine, et nous aimerions en développer
dans des réserves indiennes du Canada." Ces stages
visent à augmenter la compétence culturelle des
étudiantes et des étudiants. Chaque projet reçoit
un encadrement structuré de la part de la Faculté
des sciences infirmières, du Bureau international de l'Université
et de divers partenaires.
YVON LAROSE
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