23 mai 2002 |
La plupart des familles d'accueil québécoises
ressentent un grand malaise. Si elles retirent de la fierté
de ce qu'elles font, si elles ont une opinion positive d'elles-mêmes
et de leurs tâches, elles vivent cependant dans un climat
d'ambiguïté et de frustration. Cette situation est
amenée par un manque de reconnaissance de la part des intervenants
du milieu. Entre autres, par les travailleurs sociaux qui manquent
de professionnalisme à leur égard et qui ne communiquent
pas suffisamment. Les familles d'accueil en viennent alors à
se remettre en question.
Ces observations sont tirées d'un rapport de recherche
récent produit par Suzanne Gilbert et Hélène
Bagirishya, deux étudiantes de deuxième année
inscrites au baccalauréat spécialisé en sociologie.
Leurs données proviennent de groupes de discussion qu'elles
ont organisés dans quatre villes et qui ont attiré
une soixantaine de personnes. Ce travail de recherche a été
effectué à la demande de la Fédération
des familles d'accueil du Québec, dans le cadre du cours
"Laboratoire de recherche" offert par le Département
de sociologie. Le 24 avril, une quinzaine d'étudiants et
étudiantes inscrits à ce cours ont livré
les principales conclusions de leurs rapports de recherche respectifs,
lors d'une présentation au pavillon La Laurentienne.
La famille en vedette
De la demi-douzaine de rapports produits cette année,
deux autres portaient sur la famille. Geneviève Clavet
a axé sa recherche sur les caractéristiques des
familles dont les revenus étaient inférieurs aux
différents seuils de pauvreté en 1998. Pour cela,
elle a consulté les données d'une vaste enquête
conduite cette année-là. Son analyse secondaire,
faite pour le compte du ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, révèle entre autres que
les familles monoparentales ainsi que les personnes vivant seules
affichent des taux de pauvreté très élevés.
Quant à la catégorie des jeunes sous-scolarisés
ne vivant plus chez leurs parents, elle semble être aux
prises avec des difficultés d'ordre économique et
d'insertion socioprofessionnelle.
Les autres recherches ont porté sur la dynamique actuelle
du mouvement de résistance à la mondialisation dans
la région de Québec, la mesure de l'impact professionnel
et culturel des projets réalisés dans le cadre des
activités de l'Office Québec-Amériques pour
la jeunesse, les dilemmes éthiques liés à
l'intervention auprès des personnes présentant des
troubles mentaux lourds, les valeurs liées à la
famille et les freins et incitations à la participation
en milieu paroissial. Les résultats de deux rapports de
stage en milieu de travail ont aussi été présentés.
L'un portait sur le phénomène de l'exclusion sociale,
l'autre s'est penché sur l'intégration des jeunes
bénévoles de Développement et Paix.
Une formule unique, des exigences élevées
Le cours de douze crédits "Laboratoire de recherche"
est unique en son genre au Québec. Seuls les étudiants
et les étudiantes inscrits en deuxième année
au baccalauréat ou à la majeure en sociologie peuvent
y assister. Ce cours permet à des sociologues en formation
de faire une recherche complète selon les normes du marché
du travail. Les étudiants et les étudiantes sont
placés en situation réelle de recherche pour le
compte d'un organisme public ou privé de la région
de Québec. Selon le professeur Denys Delâge, ceux
et celles qui s'inscrivent à son cours relèvent
tout un défi. "Nous voulons qu'ils soient responsables,
qu'ils prennent en main leur travail et qu'ils soient redevables
de la qualité de leur produit à l'organisme qui
leur a fait confiance, explique-t-il. Et ils prennent cela au
sérieux. Ils se forcent pour produire un rapport impeccable
de 80, 100 ou 120 pages, soit l'équivalent d'un petit mémoire
de maîtrise."
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