3 février 2000 |
S'il faut en croire une étude réalisée
par une équipe de chercheurs de la Faculté des sciences
de l'agriculture et de l'alimentation, la majorité des
Québécoises et des Québécois voient
d'un bon oeil les biotechnologies alimentaires, autrement dit
les aliments transgéniques, mais ils ne sont pas prêts
à accepter n'importe quoi.
Les données d'un sondage téléphonique, mené au cours de l'été de 1996 auprès de 1 008 consommatrices et consommateurs francophones du Québec, révèlent en effet que si 69 % d'entre eux jugent acceptable la modification des plantes par les biotechnologies, ils se prononcent toutefois contre celle des animaux, et ce dans la même proportion.
Les résultats de la recherche, qui visait de façon générale à connaître la perception des consommateurs vis-à-vis des biotechnologies alimentaires et de la pomme de terre transgénique en particulier, n'avaient pas été diffusés jusqu'à présent par les médias. Ils ont été rendus publics - c'est-à-dire qu'ils sont sortis du cercle des publications scientifiques - à l'occasion du Symposium agroalimentaire qui s'est tenu le mardi 25 janvier, aux pavillons Alphonse-Desjardins et Maurice-Pollack, dans le cadre de la 25e édition de la Semaine de l'agriculture, de l'alimentation et de la consommation.
Davantage d'hommes favorables
Sauf dans le cas des poissons et des animaux sauvages et l'utilisation
des engrais et des pesticides où les proportions sont relativement
semblables (respectivement 44,7 % et 48 %), les consommateurs
croient en majorité que les effets des biotechnologies
alimentaires seront plutôt positifs sur la santé
humaine (62,3 %), la valeur nutritive et la qualité des
aliments (64 %), l'économie du Québec (64,9 %),
la qualité de l'environnement (66,1 %), le contrôle
de la croissance de la population (52 %), a indiqué Marie
J. Lachance, professeure en sciences de la consommation à
la FSAA.
"On note que la majorité des consommateurs (69 %) déclarent qu'ils seraient plus portés à acheter des aliments produits par la biotechnologie s'ils étaient 10 % moins chers, de même qualité et de même goût que les aliments qui ne sont pas issus des biotechnologies. C'est une plus faible majorité (52 %) qui serait plus disposée à acheter ces produits s'ils étaient 10 % plus chers mais de meilleure qualité et de meilleur goût", a fait remarquer par ailleurs la chercheuse du Département d'économie agroalimentaire et sciences de la consommation.
Même si l'échantillon de répondants se composait principalement de femmes (60,7 %), a souligné la chercheuse, il appert que ce sont généralement les hommes, jeunes, assez scolarisés (mais pas de niveau universitaire), touchant un revenu élevé, qui se montrent favorables aux biotechnologies alimentaires.
Des consommateurs confiants
Autre élément révélateur investigué:
le degré de confiance des consommateurs vis-à-vis
des diverses sources d'information "susceptibles de faire
des déclarations publiques concernant les risques et les
bénéfices de produits alimentaires issus de la biotechnologie".
À ce chapitre, les Québécois et les Québécoises font grandement confiance, dans l'ordre, aux diététistes (59 %), aux professeurs ou chercheurs universitaires (57,9 %), aux groupes de protection de l'environnement (54,8 %), aux associations de consommateurs (46,6 %), aux agriculteurs (41,1 %), aux fabricants de produits de biotechnologie (16,2 %), aux fabricants de produits alimentaires (14,3 %) et aux... gouvernements (6,8 %).
La confiance à l'égard du système agroalimentaire québécois a elle aussi été mesurée. Sous ce rapport, 93,7 % des répondants manifestent une confiance grande ou modérée vis-à-vis de la sécurité des aliments. Quand il est question du contrôle de la qualité et de la sécurité des aliments, ces derniers démontrent alors une confiance grande ou modérée envers les agriculteurs (96,6 %), les inspecteurs gouvernementaux (87,6 %), les détaillants (86,4 %), les fabricants de produits alimentaires (84,7 %) et les compagnies de transport (72,4 %).
Voilà une étude qui, dans le contexte actuel, contribuera certes à alimenter les prochains sujets de table et à attiser le feu qui couve, par manifestations publiques interposées, sous la marmite controversée des manipulations génétiques dans le domaine de l'agroalimentaire!
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