21 janvier 1999 |
Une étude met en lumière l'importance des programmes nationaux de surveillance pour dépister les tendances dans ce domaine
La prématurité serait à la hausse au Canada comme dans la plupart des pays industrialisés. Entre 1981 et 1994, le pourcentage d'enfants prématurés (nés avant la 37e semaine de grossesse) a augmenté de 9% au pays, passant de 6,3% à 6,8% de toutes les naissances, rapporte une équipe de sept chercheurs canadiens dans l'édition du 12 novembre du New England Journal of Medicine.
"L'augmentation n'est pas énorme, convient l'une des auteurs de l'étude, Sylvie Marcoux, vice-doyenne à la Faculté de médecine et membre du Groupe de recherche en épidémiologie. Mais, idéalement, on souhaiterait qu'il n'y ait aucune hausse." La prématurité est la principale cause de morbidité et de mortalité entourant la naissance dans les pays développés. Plusieurs experts croient d'ailleurs que la réduction de la prématurité constitue le principal défi en matière de périnatalité. Les enfants prématurés courent davantage de risques de mourir à la naissance ou pendant l'enfance. Ils sont aussi plus sujets aux problèmes neurologiques ou respiratoires ainsi qu'aux retards de développement.
À l'aide de données compilées par Statistiques Canada à partir des certificats de naissance et de décès produits par les provinces, les chercheurs ont identifié les quatre principales causes de ce phénomène. La première est la hausse des naissances multiples (jumeaux, triplets et plus) qui sont passées de 1,9 à 2,1% de toutes les naissances au pays entre 1981 et 1994, "probablement en raison du recours aux nouvelles technologies de la reproduction", croit Sylvie Marcoux. Les grossesses multiples ont toujours comporté une plus forte probabilité de prématurité mais les risques ont augmenté de 25% pendant la période couverte par l'étude.
La seconde cause réside dans l'intervention médicale accrue pendant les grossesses à risque. Lorsque le suivi médical révèle que l'état de santé de la mère ou de l'enfant est en danger, les médecins procèdent à un accouchement précoce. Les statistiques sur la mortalité à la naissance témoignent de cet étroit suivi médical: l'incidence des enfants mort-nés, qui s'établissait à plus de 7 par 1000 naissances en 1981, avait chuté à 6 par 1000 en 1994.
Enfin, les chercheurs ont noté que le personnel des hôpitaux rapportaient davantage les très grands prématurés parmi les naissances vivantes (plutôt que comme enfants mort-nés ou comme fausses couches) et que, règle générale, le recours à l'échographie pour établir l'âge du foetus abaissait la durée estimée de la grossesse. Ces deux éléments contribuent, à leur façon, à accroître l'incidence de la prématurité.
"Bien que la hausse de la prématurité au pays soit préoccupante, nos données renferment tout de même une bonne nouvelle, conclut Sylvie Marcoux. Nous sauvons maintenant davantage d'enfants qui auparavant mouraient avant la naissance."
Le chercheur principal de l'étude, K.S. Joseph du Laboratoire de lutte contre la maladie de Santé Canada, est de passage sur le campus aujourd'hui (21 janvier) pour prononcer une conférence sur le suivi périnatal au Canada, et plus spécifiquement au Québec. L'événement se déroule à compter de 12h, à la salle 1115 du pavillon de l'Est.