11 juin 1998 |
Martin Olivier, professeur subventionnel au Centre de recherche en infectiologie, vient de remporter le "Burroughs-Wellcome Fund New Investigator Award" en parasitologie moléculaire. Ce prix, attribué pour la deuxième fois seulement à un chercheur canadien, s'accompagne d'une bourse de 200 000 $ US.
Cette récompense lui a été attribuée à la suite d'un concours auquel tous les jeunes chercheurs nord-américains (chercheurs autonomes depuis cinq ans ou moins) en parasitologie étaient éligibles. À partir de tous les dossiers de candidature reçus, le comité de sélection de la Fondation Burroughs-Wellcome a retenu huit jeunes chercheurs qui ont été invités par la suite à New York pour y faire un court exposé de 10 minutes sur l'ensemble de leurs travaux. En raison de la qualité remarquable des dossiers présentés cette année, la Fondation a accordé cinq bourses.
Protozoaire ravageur
Grâce à ce prix, Martin Olivier poursuivra ses travaux
sur Leishmania donovani, un protozoaire parasite qui, bien que peu connu
en Amérique du Nord, fait d'importants ravages sur les autres continents.
Ce parasite se retrouve dans le bassin de la Méditerranée,
au Moyen-Orient, en Afrique de l'Est, en Amérique du Sud et en Inde.
L'Organisation mondiale de la santé estime qu'environ 500 000 nouveaux
cas d'infections causées par ce protozoaire surviennent chaque année.
Au total, il y aurait 15 millions de personnes déjà infectées
à travers le monde. Leishmania donovani passe une partie de son cycle
de vie dans un insecte, la mouche des sables, qui le transmet aux humains
par piqûre. Tout comme le virus du sida, ce protozoaire s'attaque
aux cellules du système immunitaire. Martin Olivier et ses collègues
Richard Bernier et Michel Tremblay ont déjà démontré
que Leishmania favorisait le passage de la forme latente à la forme
active du virus d'immunodéficience humaine.
Grâce à l'appui de la Fondation Burroughs-Wellcome, Martin Olivier poursuivra ses recherches sur les interactions hôte-pathogène en utilisant Leishmania comme modèle expérimental. Le parasite se comporte comme un cheval de Troie, explique-t-il. Une fois "avalé" par les cellules du systèmes immunitaires qui sont sensées le détruire, il inhibe certaines fonctions de la cellule hôte et il peut alors se développer et se multiplier en toute tranquillité. Le chercheur s'intéresse tout particulièrement aux cascades de réactions biochimiques qui conduisent à l'inhibition des cellules immunitaires.
Les recherches menées par Martin Olivier et par ses collègues Marc Ouellette (le premier Canadien à recevoir le prix Burroughs-Wellcome Fund), Barbara Papadopoulou et Michel Tremblay pourraient conduire à la production de nouveaux médicaments capables d'interférer avec les mécanismes d'action de Leishmania. Ces recherches pourraient également s'avérer fort utiles pour mieux comprendre le mode d'action de certains autres parasites.