11 juin 1998 |
L'avenue Cartier séduit encore parce qu'elle respecte la vie, a découvert Roxana Lascu Zegan.
Bien qu'elle ait été l'objet de multiples transformations au fil des ans, l'avenue Cartier n'a pas changé, son "âme" étant en quelque sorte demeurée la même, du moins dans l'esprit de ses usagers. Toujours largement fréquentée, vivante à souhaits, cette rue située dans le quartier Montcalm continue en effet de jouir d'une grande popularité auprès des gens, qu'ils y viennent pour prendre un verre, effectuer des achats ou simplement pour flâner.
Selon, qui a analysé la genèse et l'évolution de cette rue dans son mémoire de maîtrise en aménagement, le succès de l'avenue Cartier, en termes de fréquentation, s'explique par certains principes d'aménagement mis en place, comme la connaissance approfondie des caractéristiques de la rue, de même que de l'image qu'ont les usagers à son égard. "Il existe d'autres facteurs de succès, comme la présence de plusieurs fonctions et activités sur le parcours de la rue - sans que ne soit toutefois complètement évacuée la fonction résidentielle - ainsi que le respect de l'échelle et des caractéristiques du milieu dans les interventions sur le bâti, explique Roxana Lascu Zegan. Sans compter la facilité d'accès, un trafic automobile modéré, la présence de trottoirs larges et ensoleillés et de terrasses invitantes. En un mot, la rue Cartier a tout pour plaire."
D'un trottoir à l'autre
Afin de mieux cerner les raisons expliquant le succès et la popularité
de l'avenue Cartier, a procédé à une enquête
"sur le terrain", enquête à laquelle ont répondu
85 "usagers" de la rue. L'analyse des résultats a révélé
que les trois activités préférés des gens étaient:
être assis à une terrasse (75,3 %), se promener (71,8 %) et
aller au restaurant (69,4 %). D'autres activités comme faire des
courses, regarder les vitrines ou rencontrer des gens n'apparaissaient pas
primordiales, mais occupaient une place importante dans les habitudes des
usagers. Fait à noter: le trottoir du côté Nord-Est,
ensoleillé durant la majeure partie de la journée, est fréquenté
par 82,4 % des usagers, tandis que celui du côté Sud-Ouest
est préféré par à peine 5,8 % d'entre eux. Enfin,
seulement 11,8 % des usagers interrogés ont dit circuler sur les
deux trottoirs.
Selon le sondage, les Halles du Petit Cartier représentent l'endroit le plus recherché et le plus apprécié des usagers. L'édifice, qui abritait autrefois le Garage Cartier, a été réaménagé en 1983 et est même devenu un véritable point de repère sur la rue. Bien que transformé en édifice commercial en 1987, l'ancien cinéma Cartier - qui fut d'ailleurs un "théâtre" jusqu'en 1977 - est encore associé à l'image de la rue Cartier, plusieurs répondants l'évoquant comme le symbole de cette artère devenue de plus en plus commerciale, au fil des ans. À cet égard, Roxana Lascu Zegan déplore le fait que la fonction résidentielle y perde de plus en plus de terrain. À son avis, la rue risque ainsi de devenir "une sorte de galerie commerciale en plein air, qui aura beaucoup à perdre au niveau des échanges humains et de la communication."