20 novembre 1997 |
Douze pour cent des adolescentes et trois pour cent des adolescents admis dans les centres jeunesse souffriraient d'infection à chlamydia, révèle une étude menée par un groupe de chercheurs en santé publique. La prévalence élevée de cette maladie transmise sexuellement pourrait cacher des problèmes encore plus graves chez ce groupe d'adolescents déjà éprouvés par la vie puisque les comportements sexuels à risque qu'ils adoptent les rendent vulnérables aux autres MTS et au sida.
Voilà, en bref, ce que concluent Michel Alary, du Groupe de recherche en épidémiologie, et ses collègues Céline Poulin, Jacques Ringuet, Jean-Yves Frappier, Élise Roy et Johanne Lefebvre, dans une récente édition de la Revue canadienne de santé publique. À la lumière de ces données, les chercheurs estiment qu'il faudrait proposer un test de dépistage des chlamydioses à toutes les adolescentes admises en centre jeunesse. "Ces adolescentes présentent tellement de facteurs de risque qu'il a été impossible d'isoler un ou quelques facteurs qui nous auraient permis de mieux cibler le dépistage, explique Céline Poulin, du Centre de santé publique de Québec. C'est pourquoi nous proposons que le test soit offert à toutes les adolescentes actives sexuellement. En général, ces jeunes évitent les cliniques médicales par crainte d'être fichées et marginalisées. Il faudrait profiter de leur passage dans un centre jeunesse pour dépister la maladie et, au besoin, la traiter. Du même coup, elles prendraient davantage conscience des risques qu'elles courent ce qui les rendrait plus réceptives aux messages de prévention des MTS." Du côté des adolescents, les chercheurs proposent plutôt une stratégie d'intervention ciblée en fonction des comportements à risque adoptés par chacun.
Les infections à chlamydia constituent maintenant la MTS la plus répandue chez les jeunes. Elles provoquent peu de symptômes de sorte qu'une personne peut en être atteinte pendant des années sans même le savoir. Cette infection silencieuse provoque tout de même des séquelles, notamment la stérilité. "Il arrive fréquemment que des femmes découvrent qu'elles ont eu une infection à chlamydia au moment où elles tentent sans succès d'avoir des enfants", dit Céline Poulin.
À risque
Les données de l'étude ont été recueillies en
1991 et 1992 auprès de 731 jeunes âgés de 14 à
18 ans, admis dans 12 centres jeunesse du Québec (5 à Québec,
5 à Montréal, 2 en région). Les renseignements obtenus
sur leurs comportements à risque dérangent: le tiers ont eu
une relation sexuelle avant 13 ans; 38 % des garçons ont eu plus
de 10 partenaires sexuels; seulement 16 % des filles et 24 % des garçons
utilisent toujours le condom;11 % des garçons et 16 % des filles
consomment des drogues intraveineuses; 16 % des filles ont eu des "relations
sexuelles commerciales" (sic) dans les six derniers mois et, lors de
ces relations, 52 % d'entre elles n'ont pas utilisé systématiquement
le condom.
La fréquence élevée des comportements à risque justifie la création de programmes de prévention spécifiques pour cette population, concluent les chercheurs. Les centres jeunesse admettent environ 5 000 jeunes Québécois de 12 à 18 ans chaque année.