6 novembre 1997 |
QUAND LES ANGES VIENNENT AU SECOURS DES PROFS
Le Réseau de valorisation de l'enseignement de l'Université
Laval nous faisait parvenir il y a quelques semaines un document fort bien
présenté. Celui-ci nous propose une activité pour maximiser
la qualité de notre enseignement et améliorer l'apprentissage
de nos étudiants. Quelle ne fût pas ma surprise d'y retrouver,
pour l'essentiel, deux questionnaires portant sur l'évaluation formative
de l'enseignement tout à fait simlaires à ceux que le Bureau
d'animation et de soutien à l'enseignement (BASE) de la Faculté
des sciences et de génie met à la disposition de ses professeurs
depuis plus de deux ans.
J'ai pu apprécier grandement cet outil fourni par le BASE car il a changé complètement le climat à l'intérieur de la classe. Au lieu que l'évaluation de l'enseignement ne soit que l'occasion pour les étudiants d'exprimer des récriminations souvent fort valables, elle se transforme en un engagement, par les parties intéressées dans le processus d'apprentissage, à collaborer pour le rendre le plus efficace possible. Ces questionnaires, l'un pour les étudiants, l'autre pour l'enseignant, vont de pair. En conséquence ils ne devraient pas être présentés directement par le professeur concerné. Au contraire une tierce partie, qui pourra servir de modérateur entre les parties concernées et de garant que les informations recueillies seront correctement véhiculées aux deux parties, sera un gage de succès dans cette opération stratégique.
Mme Louise Arsenault, du BASE, a agi en ce sens à trois reprises pour mon cours de Cinématique et Dynamique aux semestres A95, A96 et A97. Les étudiants ont eux aussi fort apprécié sa participation à cette activité. Ce fut de plus pour eux l'occasion de connaître les services offerts par le BASE. Je profite de l'occasion pour remercier Mme Arsenault pour son support dans mes diverses démarches en vue d'améliorer mon enseignement, particulièrement en me fournissant des outils comme l'évaluation formative de l'enseignement et en me suggérant la lecture de l'excellent bouquin de Richard Prégent, "La préparation d'un cours". Ce livre contient une quantité extraordinaire de renseignements tous aussi pertinents les uns que les autres.
La surprise mentionnée plus haut a été occasionnée par la mention sur la page publicitaire qu'il s'agit d'une conception d'un groupe de professeurs membre du Réseau de valorisation de l'enseignement à l'hiver 1997. Pour ajouter un grain d'humour à cette lettre, je me dois dire à la décharge de ces professeurs que nos questionnaires ne contenaient pas de petits anges.
RÉPLIQUE À CHARLOTTE TRUDEL S.
En réponse à votre lettre parue dans le Fil du 30 octobre 1997, "Le gouvernement Bouchard déshonore la démocratie", je voudrais vous faire part de la réflexion suivante. Bien sûr que nous payons tous des impôts fédéraux; mais au Québec, nous payons aussi l'impôt provincial. Et jusqu'à aujourd'hui, l'éducation (et son financement) est toujours du ressort des provinces. Ce qui veut dire qu'en très grande partie, c'est l'impôt des Québécoises et des Québécois qui finance le système éducationnel au Québec. Par ailleurs, les frais de scolarité au Canada (excluant le Québec) sont plus élevés qu'ici. Je ne vois pas pourquoi on devrait faire des cadeaux aux résidents d'autres provinces ou d'autres pays lorsqu'ils viennent étudier ici, alors que pour nous aussi, lorsque nous allons étudier a l'étranger, nous payons des frais de scolarité qui sont en général (au Canada, aux États-Unis) plus élevés qu'au Québec.
Vous dites que le gouvernement québécois s'ingère dans les affaires universitaires, en contraignant l'étudiant québécois à prouver qu'il est résident chez lui. Quand vous rentrez de voyage de l'extérieur, le douanier ne vous demande-t-il pas une preuve de résidence? Cela brime-t-il votre liberté? Quand vous allez à l'hôpital, ne montrez-vous pas votre carte-soleil afin d'éviter à avoir à débourser de votre poche certains frais? Cela vous empêche-t-il de dormir? Je ne vois pas ce qui brime votre liberté dans le cas dont vous discutez. La mesure dont vous parlez est tout-à-fait équitable; elle permet aux étudiants québécois de payer un montant juste de frais de scolarité, compte tenu qu'une partie de leurs impôts est aussi utilisée pour subventionner l'éducation.
Si le fait de charger un peu plus aux étudiants non-résidents du Québec peut empêcher de faire augmenter encore nos frais de scolarité, ça ne me dérange pas le moins du monde de faire la preuve que j'habite dans la belle province. Car si les frais de scolarité devaient augmenter de nouveau, vous auriez vraiment raison de parler d'inégalité, car plusieurs étudiants québécois n'auraient plus les moyens de poursuivre leurs études, et ce fait pourrait être en
partie imputé aux étudiants provenant de l'extérieur qui bénificient d'une éducation subventionnée sur le dos des contribuables québécois. Ce n'est ni du racisme ni de la xénophobie, c'est la réalité économique d'aujourd'hui. Vous avez bien raison, Madame Trudel: ça nous coûte assez cher toutes ces coupures, nous n'avons plus les moyens de faire des cadeaux.
Je vous donne aussi raison lorsque vous dites que la démocratie se fait et se pratique par des citoyens conscients de la signification de l'équité sociale. Je paie mes impôts au Québec; j'espère bien que cela occasionnera des retombées positives sur ma situation sociale et sur ma vie avant de profiter à ceux qui ne subventionnent pas le système dont ils espèrent profiter tout de même pendant encore longtemps.
LES TORTS CAUSÉS PAR LA RÉFORME PARENT NE SONT PAS IRRÉPARABLES
Dans un article publié dans le Fil du 16 octobre dernier, Gabrielle Gourdeau ne donne pas cher de la réforme Marois qui, selon elle, n'a aucune chance de réussite puisqu'elle sera appliquée par les enfants de la réforme Parent. Malheureusement, à lire les compositions de certains de mes collègues étudiants du BES (baccalauréat en enseignement au secondaire), je comprends le pessimisme de Madame Gourdeau, néanmoins, la situation n'est pas aussi sombre qu'elle le laisse entendre.
D'une part, les torts causés par la réforme Parent ne sont pas irréparables. Assurément certains étudiants éprouvent des difficultés importantes en français lorsqu'ils arrivent à l'université, mais, au cours des quatre années que dure la formation d'enseignant, ils ne peuvent éviter de corriger cette grave lacune dans la mesure où nos professeurs - pour la plupart ! - nous font payer sévèrement la moindre faute de français, quelles que soient les matières que nous nous préparons à enseigner. De plus, désormais, avant d'être embauché dans une école, le postulant doit passer un examen qui évalue non seulement ses connaissances en informatique, mais aussi la qualité de la langue.
D'autre part, il me semble que cette fameuse réforme Parent à le dos large et je me demande bien pourquoi les enseignants actuellement en place - du moins ceux qui restent - se sont contentés de l'exécuter pendant tant d'années s'ils n'y voyaient pas quelque bon point. Car enfin, les enseignants ne sont pas que des pions sur un échiquier! Et à en croire Mme Gourdeau, ceux d'hier encore moins que ceux de demain puisqu'ils avaient fréquenté la bonne école. Au reste, il suffit d'observer le dynamisme, la créativité et l'audace des jeunes Québécois pour se rendre compte qu'en terme de générations perdues, on a vu pire.
Notre formation actuelle n'est sûrement pas parfaite. Elle valorise trop, à mon avis, la formation pratique au détriment de l'approfondissement de la culture générale et, en ce sens, elle nous prépare davantage à devenir de bons exécutants que de bons maîtres. Toutefois, les enseignants en place ne brillent pas tous par leur compétence: j'ai plus d'une fois corrigé les fautes d'orthographe sur les communications que me ramènent mes enfants de l'école et j'ai vu en stage des enseignants qui font honte à la profession. Nous ne brillerons certainement pas tous non plus, mais il est un peu fort de nous condamner avant de nous avoir vus à l'oeuvre.