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16 octobre 1997 ![]() |
Qu'il s'agisse des questions d'intégrité scientifique ou d'utilisation des fonds, la responsabilité première en matière d'éthique incombe au chercheur.
"Chaque professeur a la responsabilité de soulever la question de l'intégrité scientifique avec ses étudiants-chercheurs. Il ne suffit pas de leur donner le bon exemple, il faut susciter les discussions sur le sujet avec eux. Ça doit faire partie de leur formation." Voilà, en substance, le message livré par Catherine Armour, secrétaire du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), aux chercheurs et aux étudiants-chercheurs qui ont participé, la semaine dernière, à un atelier sur l'éthique en recherche. "Les étudiants ne sont pas toujours conscients des pratiques correctes et souvent, ils ignorent même l'existence de la politique d'intégrité scientifique de leur propre université. Leur directeur a la responsabilité de les informer et de les faire réfléchir sur les questions d'éthique."
La représentante du CRSNG a souligné que les questions relatives à la paternité des travaux de recherche constituent le problème éthique le plus courant. "À qui appartiennent les résultats d'une recherche? Qui garde les données et qu'en fait-on une fois le projet terminé?", demande-t-elle. "Bien souvent, les étudiants-chercheurs n'en ont pas la moindre idée."
L'autre dossier qui soulève d'âpres discussions concerne l'identification des auteurs d'un article: qui peut apposer sa signature sur une publication et dans quel ordre figurent le nom des auteurs. Une étude réalisée par Science Watch a révélé que le chercheur le plus prolifique au monde publiait un article à tous les trois jours environ. "Nous savons tous que c'est physiquement impossible, dit Catherine Armour. Dans certains centres de recherche, les directeurs obligent leurs collaborateurs à ajouter leur nom sur toutes les publications, peu importe leur contribution réelle à l'article. À mon sens, c'est une pratique contraire à l'éthique."
Pour mériter une place parmi les auteurs d'un article, poursuit-elle, une personne doit avoir apporté une contribution intellectuelle ou expérimentale importante à la conception, à l'expérimentation, à l'analyse ou à l'interprétation des données. "Nous réalisons que la façon de faire de la recherche évolue, que les chercheurs travaillent de plus en plus en réseaux, ce qui complique la question de la signature des articles, reconnaît la secrétaire du CRSNG. L'idéal est qu'il y ait une entente entre les chercheurs avant le début de la collaboration. Lorsque les règles du jeu sont claires, ça évite bien des discussions après coup."
Questions d'argent
L'utilisation des fonds de recherche se prête également à
un questionnement éthique. Depuis 1994, le total des subventions
attribuées par le CRSNG et le CRSH a diminué de 14 %, a rappelé
Isabelle Blain, coordonnatrice (vérification et enquête) au
CRSH et au CRSNG. Malgré cette baisse, le montant total des subventions
des deux conseils dépasse 500 millions de dollars, un montant qui
attire l'attention des députés de l'opposition, en particulier
ceux du Reform Party, des médias et du public. "Il faut que
la gestion des fonds soit adéquate et perçue comme telle.
L'imputabilité finale appartient au titulaire de la subvention",
a-t-elle rappelé. Si un chercheur s'interroge sur la dimension éthique
de l'utilisation de ses fonds de recherche, une règle simple s'applique,
poursuit-elle. "Il ne doit pas y avoir de gain personnel, ni même
apparence de gain personnel."
Pour toutes les questions éthiques, les universités ont la responsabilité de mettre en oeuvre des mécanismes, des politiques et des structures qui balisent l'action des chercheur. Mais la responsabilité première, que ce soit pour des questions d'argent ou d'intégrité scientifique, incombe au chercheur, ont rappelé les représentantes des conseils subventionnaires.