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21 août 1997 ![]() |
ZOOM
En octobre 1996, Anne Immelé participe au Concours de photographies
"Regard du Québec" et y propose la photo d'une jeune femme
seule assise dans sa cuisine, la main sur la bouche et le regard perdu dans
la contemplation des restes du déjeuner qui jonchent la table. Cette
photo, qui lui vaudra une mention spéciale du jury, témoigne
d'une grande maturité: en un cliché, Anne Immelé réussit
en effet à capter l'essence même de la vie d'une femme et nous
fait entrer de plain-pied dans son histoire.
"La photo, c'est la mémoire", affirme cette française
d'origine, pour qui la photographie constitue une véritable passion
depuis une bonne dizaine d'années. Diplômée de l'École
nationale de la photographie d'Arles, en France, Anne Immelé complétait
récemment une maîtrise en arts visuels, spécialisation
en photographie, à l'École des arts visuels de l'Université
Laval, sous
la direction de Ginette Bouchard. Présenté sous forme d'une
exposition intitulée "Oublie, Oublie", le fruit de ses
recherches se présente à l'oeil comme une série de
photos en noir et blanc disposées en suite linéaire sur le
mur, montrant des paysages urbains ou sauvages et des portraits en plan
rapprochés ou éloignés.
Cette succession d'images n'ayant aucun rapport entre elles - à première
vue du moins - instaure un mouvement, une narration et finit par ressembler
à un petit film dont l'histoire se renouvellerait constamment. C'est
d'ailleurs cette variation de sens et de perception subjective qui passionne
l'artiste. Mais bien qu'elle soit préoccupée par les mises
en rapport et en forme des images, elle n'en défend pas moins l'idée
que "chaque photographie conserve son caractère unique et son
essence intrinsèque".
S'appliquant à capter la solitude des gens, Anne Immelé a pour sujets de prédilections ses propres amis, qu'elle photographie dans leur espace privé pendant qu'ils vaquent à leurs occupations quotidiennes, l'idée étant de saisir leur état d'âme à cet instant précis de leur vie. Curieusement, ces personnages ne fixent jamais directement la caméra, comme s'ils avaient peur qu'on leur prenne leur âme: "En photographie, tout est déterminé d'avance, sauf le moment de la prise de vue. Ce moment d'impression de la trace lumineuse reste toujours pour moi un pur moment de fascination et de de magie."