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21 août 1997 ![]() |
LA PUB SUR LE CAMPUS
En arrivant ce matin sur le campus après une année sabbatique, j'ai constaté la présence de plusieurs panneaux publicitaires dressés aux endroits assez visibles sur le campus. Ma réaction était en deux temps: d'abord, la surprise, et après, une honte. Ceux qui ont pris cette décision déplorable ont apparamment laissé tomber le concept d'un campus comme un lieu de réflexion et du travail intellectuel, y voyant surtout un terrain qu'ils pouvaient monnayer. Qu'est-ce qui nous attend? Des panneaux énormes sur chaque pavillon? Pourquoi pas?
J'inviterais ces pauvres décideurs à aller rendre une
visite à une université comme Michigan ou Chicago, que j'ai
pu visiter cette année, et à e compter les panneaux publicitaires
installés sur le campus. Ils chercheront longtemps.
JAMES EVERETT
Professeur, École de psychologie
LES RAFALES: OÙ EST LE SENTIMENT D'APPARTENANCE?
Serait-ce le début de la fin pour les Rafales de Québec? Les tuiles ne cessent de tomber sur cette équipe de hockey depuis quelques semaines. La dernière sortie de l'ex-président Jean Campeau révélant, après son congédiement, que seulement 800 abonnements avaient été vendus jusqu'ici, témoigne du peu d'enthousiasme de la population de Québec pour un club à la dérive. La récente mise sous contrat des frères Roberge, pourtant laissés de côté par l'entraîneur Jean Pronovost durant les séries éliminatoires, reflète le désarroi de la direction devant la perte des meilleurs éléments de l'équipe, notamment Stéphane Beauregard et Jesse Bélanger. Le public, plus vigilant depuis le départ des Nordiques, ne sera pas dupe de cette opération de maquillage.
Le grand drame des Rafales est de n'être jamais parvenus à créer un véritable sentiment d'appartenance auprès des amateurs de hockey. À cet égard, le fait que l'un des grands quotidiens de Québec, qui fait essentiellement son pain et son beurre du hockey pendant la saison hivernale, n'accorde qu'une importance toute relative aux Rafales, relégués loin derrière la formation montréalaise de la LNH, apparaît fort significatif.
Bien sûr, on offrira l'excuse que les Rafales sont à Québec depuis seulement un an. Mais si la direction continue de répéter les mêmes impairs, ce sentiment d'appartenance ne naîtra jamais. L'histoire du sport-spectacle montre que la naissance d'un sentiment d'appartenance des partisans pour une équipe passe forcément par l'identification des joueurs, surtout des joueurs-vedettes. De plus, les partisans doivent avoir (au moins...) l'impression que ces joueurs sont attachés à la ville et, indirectement, à eux. Que la direction a à coeur de présenter le meilleur alignement possible. Ainsi, l'amorce d'un sentiment d'appartenance peut voir le jour car les partisans ont alors l'illusion qu'il s'inscrit dans une réciprocité. J'écris illusion car il s'agit en fait d'un rapport factice. La réciprocité, dans de tels cas, n'est toujours qu'une illusion. Seuls l'argent et, plus précisément, les profits des propriétaires comptent. L'expérience récente des Nordiques de Québec et des Jets de Winnipeg le prouve aisément.
Ajoutons que ce qui (en principe) caractérise tout groupe en tant que groupe est la multiplicité des interactions de ses membres et non pas la somme des individus (la somme des salaires des joueurs...). Les Rafales sont-ils une équipe au sens plein du terme? À la lumière des derniers événements, il est difficile de répondre dans l'affirmative à une telle question.
Les Rafales ont également d'autres problèmes qui entachent leur image. Quand on a recours à des pré-adolescentes en juppettes pour jouer les "cheerleaders" et que les bagarres des Roberge et autres priment sur les jeux d'exécution, on est en droit de se demander si on vend encore du...hockey. À moins d'un revirement de situation majeur, le hockey de la Ligue Internationale à Québec pourrait n'avoir duré que le temps...d'une rafale!
JEAN-DENIS CÔTÉ
Étudiant en sociologie