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5 septembre 1996 ![]() |
Dès ce mois-ci vont débuter les cours du tout nouveau diplôme
de deuxième cycle en pharmacie communautaire destinés aux
«praticiens de la pharmacie en milieu communautaire», autrement
dit les pharmaciens d'officine, qu'ils soient propriétaires ou salariés.
L'Ordre des pharmaciens du Québec compte plus de 4 000 membres de
cette catégorie professionnelle qui, de par la nature même
de leurs activités, s'inscrivent, dans l'ensemble des professionnels
de la santé, parmi les plus accessibles à la plus grande partie
de la population.
La pratique de la pharmacie communautaire est tributaire des mutations qui
affectent le domaine de la santé et, par voie de conséquence,
de nouvelles exigences apparaissent sur le marché du travail et remettent
en question la formation même des praticiens. Ces nouvelles exigences
sont liées tant à l'actuelle reconfiguration du réseau
québécois de la santé qu'à l'avènement
de nouvelles technologies dans la gestion des soins de santé.
La nouvelle donne
Pharmaciens et pharmaciennes auront en effet à assumer des responsabilités
accrues auprès de la communauté (par exemple, répondre
à des besoins de soins pharmaceutiques à domicile) et à
communiquer plus rapidement de nouvelles informations pharmacothérapeutiques
aux patients ainsi qu'aux professionnels de la santé et des services
sociaux. Ils devront, de plus en plus, se comporter comme des gestionnaires
de soins de première ligne.
Désireuse d'adapter ses activités d'enseignement et de recherche
à l'évolution des besoins de la population et de répondre
aux attentes des praticiens en exercice, l'École de pharmacie de
l'Université Laval a donc proposé la création d'un
tel programme.
À ces fins, un comité d'exploration et d'élaboration,
présidé par Marc Desgagné, professeur (et responsable
de la formation continue) à l'École de pharmacie, a été
mis sur pied à la fin de l'année dernière qui, après
avoir mené les études et travaux appropriés, dont une
vaste consultation auprès des praticiens en pharmacie communautaire,
a déposé un rapport auprès du Conseil de la Faculté
des études supérieures qui en a recommandé l'adoption
au Conseil universitaire. Ce dernier approuvait la création de ce
programme, au cours de sa séance tenue au moins de juin dernier.
Une optique novatrice
Les besoins de formation prioritaires ont été établis
ainsi actualisation des connaissances en pharmacothérapie et en patophysiologie;
acquisition de nouvelles habiletés en communication et en soins pharmaceutiques
en vue d'assurer les services pharmaceutiques ambulatoires à la population
québécoise; acquisition de nouvelles attitudes de collaboration
et de partenariat avec les différents acteurs du réseau. Pour
répondre à ces besoins, la personne diplômée
sera appelée à exercer des fonctions de conseil, éducation,
consultation et de gestion.
Il est à noter que par la mise en place de ce programme l'Université
Laval fait, en quelque sorte, oeuvre de pionnier en la matière puisque
aucun programme semblable à celui-ci n'est dispensé par l'une
ou l'autre des université québécoises, ni même
selon toute vraisemblance par les universités canadiennes. Il existe,
en effet, des programmes de résidence en pharmacie communautaire,
dispensés par l'Université de Toronto et en Alberta, mais
il s'agit là de certificats de premier cycle
Plus de trente étudiants devraient donc, chaque année, suivre
ce programme de 30 crédits (sept cours obligatoires et deux stages
en milieu clinique), dirigé par Monique Richer, qui concerne les
titulaires d'un baccalauréat en pharmacie, membres de l'Ordre des
pharmaciens du Québec et possédant au moins un an d'expérience
de travail en pharmacie.
Marc Desgagné et Guylaine Rouleau, adjointe à la direction
de l'École et membre du comité d'élaboration, soulignent
que l'un des défis majeurs de cette formation consiste à modifier
la pratique pharmaceutique axée sur la vente de produits vers les
soins et les services parmaceutique aux clients: «Avant, c'était
plutôt une approche produit, maintenant ce sera une approche client».
Voilà qui ressemble, un peu, à un virage de philosophie.
Ce à quoi vise ce programme, c'est de faire en sorte que les soins
pharmaceutiques se dispensent, partout, dans un contexte de suivi. Si cette
préoccupation prévaut déjà ici et là,
il ne semble pas que ce soit toujours le cas. Le secteur privé (en
l'occurance Apotex Inc.) apporte sa collaboration au financement de ce programme...une
forme de marketing et de participation à l'évolution de la
recherche.