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18 avril 1996 ![]() |
Au même titre que le cholestérol, un taux élevé
d'insuline devrait être considéré comme un important
facteur annonciateur de maladies cardio-vasculaires, révèle
une étude publiée par des chercheurs de l'Université
Laval dans la dernière édition du New England Journal of Medicine.
Les médecins qui examinent des patients à risques devraient
donc mesurer le taux d'insuline s'ils veulent disposer d'un portrait plus
complet des facteurs de risques propres à chacun d'eux. «Je
sais que la tendance va plutôt dans le sens de la réduction
des coûts dans le système de santé mais le test d'insuline
ne coûte pas très cher et fournit des indications très
précieuses», estime le responsable de l'étude, Jean-Pierre
Després, professeur au Département d'éducation physique
(Faculté des sciences de l'éducation).
Jean-Pierre Després, Benoît Lamarche, Pascale Mauriège,
Bernard Cantin, Sital Moorjani (aujourd'hui décédé)
et Paul-J. Lupien, tous chercheurs au Centre de recherche sur les maladies
lipidiques de la Faculté de médecine, et leur collègue
montréalais Gilles Dagenais, de l'Université de Montréal,
sont arrivés à ces conclusions au terme d'une longue étude
mise en branle en 1985 et portant sur 2 103 hommes de 45 à 76 ans
résidant dans la région de Québec. Ces hommes, qui
n'avaient aucun antécédent cardiaque, ont complété
une série de questionnaires sur leurs habitudes de vie en plus de
subir une batterie de tests médicaux, dont un test d'insuline. Entre
1985 et 1990, 114 de ces sujets ont été victimes de maladies
cardio-vasculaires (angine, infarctus, crise cardiaque mortelle). Les dossiers
de chacun de ces hommes ont été comparés à ceux
de sujets présentant sensiblement le même profil d'âge,
d'embonpoint, de consommation de cigarettes et d'alcool mais qui, par contre,
n'ont pas eu de problèmes cardiaques.
La première démonstration
Les chercheurs ont ainsi découvert qu'au début de l'étude,
en 1985, les hommes qui allaient connaître des problèmes cardiaques
présentaient un taux d'insuline 18 % plus élevé que
les hommes demeurés en bonne santé. «D'autres recherches
réalisées ailleurs dans le monde avaient soulevé le
lien possible entre l'insuline et les maladies cardio-vasculaires, souligne
Jean-Pierre Després, mais notre étude constitue la première
démonstration du fait que le taux d'insuline doit être considéré
comme un élément indépendant de prédiction du
risque de maladies cardio-vasculaires.»
Le mécanisme par lequel un excès d'insuline favoriserait l'apparition
de problèmes cardiaques demeure obscur pour l'instant. On sait que
les hommes qui «font de la bedaine» sont sujets à avoir
un taux d'insuline élevé et que l'abondance de graisses viscérales
est elle-même un facteur de risque de maladies cardio-vasculaires,
poursuit le chercheur. L'insuline pourrait aussi favoriser la formation
de caillots de sang ou encore la formation de dépôts entravant
la circulation sanguine dans les artères.
Heureusement, il existe une façon simple et peu coûteuse de
maintenir un taux d'insuline normal et de réduire le risque de problème
cardiaque: l'exercice physique. Et il n'est pas nécessaire de courir
le marathon pour obtenir l'effet désiré. «Une marche
de 45 minutes par jour, à rythme modéré, suffit»,
prescrit le chercheur.