8 septembre 1994 |
COURS-VOYAGE
L'histoire se répète à Jéricho
En mai dernier, un groupe de professeurs et d'étudiants de la Faculté de théologie ont assisté avec émotion à l'écroulement des murs entre les frères ennemis.*-
Ils étaient là quand une page d'histoire s'est tournée. Les 29 étudiants et étudiantes de la Faculté de théologie et les deux professeurs qui les accompagnaient, Pierre-René Côté et Alain Faucher, ont sans doute vécu l'une des expériences les plus palpitantes de leur vie au cours du voyage qu'ils effectuaient en Israël et en Égypte, du 7 au 30 mai 1994.
L'expédition de l'Université Laval était en effet sur place, le 19 mai, à Jéricho, au deuxième jour de l'ouverture aux touristes de la nouvelle «entité palestinienne». Jéricho, «une petite oasis dans un gros tas de sable» (pour reprendre l'expression toute affectueuse de Alain Faucher), une des villes les plus anciennes de la planète, qui se préparait également au retour d'Arafat.
Une tension qui s'estompe
«Nous avons vécu les soubresauts de l'ouverture de Jéricho à son nouveau fonctionnement. De jour en jour, nous pouvions suivre à la télévision israélienne les hauts et les bas de cette situation, et même être témoins dans la rue de scènes étonnantes, comme celle de policiers palestiniens nourris par l'armée israélienne parce que certains pays n'avaient pas tenu leur promesse d'envoyer de l'argent à la Palestine», de témoigner Alain Faucher. Spectacle quasi surréaliste, en effet, que celui de gens qui se tiraient dessus deux semaines auparavant et qui maintenant s'aidaient pour survivre.
Pour le professeur Faucher, qui soit-dit en passant a foulé la Terre sainte plus d'une douzaine de fois, la baisse de tension était palpable dans ces lieux historiques. «Ce fut pour moi la surprise de vivre là avec une tension moindre que celle, extrême, connue antérieurement et dont on a souffert, parce que c'est difficile d'accepter qu'un pays si important, qu'une terre si importante pour notre culture soit si tendue, si difficile à respirer, si difficile à vivre. Et tout d'un coup, on s'émerveille de ce qui vient d'arriver», raconte-t-il.
C'est ce qui lui fait dire, d'ailleurs, que le groupe de l'Université Laval s'est retrouvé tout à coup à une jonction de l'histoire et qu'il a vraiment vévu «l'expérience physique de sentir les choses changer».
La tradition du retour aux sources
Le voyage bisannuel, ou cours-voyage THL-16307 Sites bibliques, qui a fait séjourner l'équipée lavalloise 24 jours en Israël et en Égypte, est un mégaprojet de la Faculté de théologie qui a vu le jour grâce à Jean- Claude Filteau, à l'époque professeur à la Faculté et actuellement protecteur universitaire.
Le séjour, que l'on prépare pendant l'hiver qui précède le voyage, comprend la visite commentée, dans toutes les régions israéliennes, de sites archéologiques, d'une sélection de musées et de centres d'interprétation, ainsi que des centres de pèlerinage incontournables. Le voyage n'a rien d'un congé ou d'un pique-nique, précise Alain Faucher. Les participants et les participantes ont à présenter sur place le fruit de leurs recherches au moyen d'une communication orale et d'un document- synthèse remis à chaque membre du groupe. Au retour, ils ont à passer un examen-maison (histoire de valider l'acquisition des connaissances) et à présenter un rapport personnel d'intégration biblique, théologique et humaine.
Ce qui ressort souvent de ces rapports où sont consignées les expériences personnelles, c'est «qu'une partie de nous est là, en Terre sainte», et que si l'on veut comprendre qui nous sommes aujourd'hui, ici, «il faut se référer à ce qui s'est passé là-bas», révèle Alain Faucher.
La prochaine expédition, qui coïncidera avec les célébrations entourant le 3 000e anniversaire de Jérusalem, aura lieu du 4 au 31 mai 1996. Les personnes désirant vivre à leur tour cette expérience unique peuvent s'informer auprès des professeurs Pierre-René Côté et Alain Faucher ou de Lise Comeau, au 656-2131, poste 4740. Une première réunion d'information aura lieu dès cet automne.
Gabriel Côté