25 ao�t 1994 |
Tyrosin�mie
UN TEST G�N�TIQUE ENFIN DISPONIBLE
Une �quipe form�e de chercheurs de l'Universit� Laval et de l'Oregon Health Sciences University vient de mettre au point le premier test g�n�tique permettant d'identifier les individus porteurs du g�ne causant la tyrosin�mie h�r�ditaire de type 1, une maladie relativement fr�quente au Qu�bec, tout particuli�rement dans la r�gion du Saguenay-Lac-Saint- Jean o� son incidence est la plus �lev�e au monde avec un cas par 1846 naissances. Ce test promet de devenir un outil pr�cieux pour les gens qui se croient porteurs du g�ne d�fectueux et qui veulent conna�tre les probabilit�s qu'ils ont de donner naissance � un enfant tyrosin�mique. Les chercheurs Robert M. Tanguay, Maryse St-Louis, Sylvie Demers et Barbara Leclerc de la Facult� de m�decine de l'Universit� Laval et leurs coll�gues am�ricains Markus Grompe et Muhsen Al-Dhalmy ont annonc� la mise au point de ce test dans le num�ro du 11 ao�t de la revue New England Journal of Medicine.
D�crite pour la premi�re fois dans les ann�es 1950, la tyrosin�mie
h�r�ditaire de type 1 est caus�e par des mutations affectant une enzyme
(la fumaryl ac�toac�tate hydrolase) impliqu�e dans la d�gradation de
l'acide amin� tyrosine. Cette d�ficience enzymatique cause
l'accumulation de produits toxiques dans l'organisme, ce qui occasionne
de graves probl�mes de foie et de reins ainsi que des crises
neurologiques. Ces probl�mes se manifestent d�s la naissance, parfois
m�me sous forme de cancer du foie. Le seul traitement reconnu contre
cette maladie est la transplantation du foie qui s'effectue en g�n�ral
quand l'enfant a entre deux et quatre ans. <
La tyrosin�mie est une maladie h�r�ditaire r�cessive, c'est-�-dire que la
maladie ne se manifeste que chez les personnes qui ont deux copies
d�ficientes du g�ne. Depuis 24 ans, plus de 2,1 millions de nouveau-n�s
qu�b�cois ont �t� test�s pour la tyrosin�mie. Le test consiste �
rep�rer, dans un �chantillon de sang, des concentrations anormales d'un
m�tabolite que l'enzyme d�fectueuse ne parvient pas � d�grader. On
signale 1 cas par 16 000 naissances au Qu�bec et 1 cas par 1846
naissances au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Depuis 1982, il existe aussi un
test qui permet de d�tecter si un foetus est tyrosin�mique. Cependant,
comme le test n'est effectu� que vers la seizi�me semaine de grossesse,
les interruptions de grossesse ne vont pas sans risques.
Les individus qui n'ont qu'une copie du g�ne d�fectueux sont dits
porteurs et, r�gle g�n�rale, ils ne pr�sentent aucun sympt�me de la
maladie. Cons�quemment, ils ne soup�onnent m�me pas qu'ils tra�nent ce
g�ne mutant dans leur bagage g�n�tique et, jusqu'� maintenant, il n'y
avait pas de fa�on s�re d'identifier ces porteurs sains. Deux parents
porteurs ont une chance sur quatre de donner naissance � un enfant
tyrosin�mique.
Robert Tanguay et son �quipe travaillent depuis dix ans sur le probl�me
de la tyrosin�mie. En �tudiant le bagage g�n�tique de personnes
atteintes, ils ont successivement localis� le g�ne d�fectueux, ils en
ont d�cod� l'information g�n�tique, ils ont d�crit les diff�rentes
mutations causant la maladie et ils en ont quantifi� l'incidence.
Finalement, ils ont synth�tis� des sondes (des brins d'ADN
compl�mentaires � l'ADN du g�ne d�fectueux) marqu�s � la radioactivit�
qui s'apparient aux g�nes mutants.
Jusqu'� pr�sent, les chercheurs ont trouv� neuf mutations diff�rentes qui
causent la tyrosin�mie � travers le monde mais tous les cas de
tyrosin�mie �tudi�s au Saguenay-Lac-Saint-Jean sont caus�s par une seule
et m�me mutation. Dans cette r�gion, 1 personne sur 25 est porteuse de
cette mutation, soit la plus forte incidence au monde, alors qu'au
Qu�bec, ce rapport est de 1 sur 66. Cette mutation se retrouve chez
90 % des personnes atteintes de tyrosin�mie au Canada fran�ais, ce qui
implique que la tr�s grande majorit� des individus porteurs pourrait
�tre d�pist�e � l'aide d'une seule sonde g�n�tique.
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Selon le chercheur, le test g�n�tique pourrait avantageusement remplacer
le test biochimique pr�sentement utilis� pour d�tecter la tyrosin�mie
chez les nouveau-n�s parce qu'il est beaucoup plus fiable. De plus, le
test permet un diagnostic pr�natal pr�coce des embryons atteints de
tyrosin�mie.
JEAN HAMANN
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