Qu’ont en commun Fred Pellerin, Anne Hébert, Sir Wilfrid Laurier et Mère Teresa? Tous sont détenteurs d’un doctorat d’honneur de l’Université Laval. À l’instar des nouveaux nommés 2020, ils font partie de 1219 porteurs de ce titre depuis la création de l’établissement.
Le doctorat honoris causa (DHC) représente la plus haute distinction décernée par l'Université Laval. Il est remis à titre de reconnaissance exceptionnelle à des personnes dont le rayonnement est jugé remarquable et exemplaire dans l'une des sphères d'activité de l'Université. Les récipiendaires sont issus du monde universitaire ou de la société civile. Ils peuvent provenir du Québec, du Canada ou de l’international.
Décerner des doctorats d’honneur n’est pas une exclusivité du campus, cette pratique ayant cours dans une majorité d’établissements d’enseignement supérieur dans le monde. Mais celle qui prévaut à l’Université témoigne d’une tradition empreinte de valeurs qui lui sont propres. Inaugurée dès 1864, sa récurrence est devenue annuelle seize ans plus tard, pour continuer d’évoluer vers un processus bien établi, en particulier depuis la mise sur pied du Comité des doctorats d’honneur en 1963.
Un cheminement par étapes
La secrétaire générale de l’Université Laval, Monique Richer, connait bien la procédure relative à la sélection des candidatures, elle qui préside le Comité des doctorats d’honneur depuis 2006. Le chemin qui mène au dévoilement des DHC débute à l’automne qui précède l’événement. «En septembre, j’avise les doyens et doyennes, de même que la rectrice, qu’il est temps de songer à des propositions», explique-t-elle. Il faut savoir qu’il existe deux types de DHC. Ceux présentés par les facultés, la majorité, qui mènent à un doctorat dans les domaines qui leurs sont associés, et ceux présentés par la direction, les doctorats d’université.
À partir de la fin novembre jusqu’en décembre, les candidatures sont déposées au Comité. Mené sous le sceau de la confidentialité, chaque dossier compte des dizaines de pages, qui incluent un imposant formulaire dûment rempli, le CV détaillé de la personne candidate, dont la liste complète de ses réalisations, ainsi que des lettres d’appui indépendantes. «Nous recevons chaque année entre 7 et 10 candidatures sur lesquelles nous exerçons notre droit de vote», précise Monique Richer. Nous, c’est le groupe paritaire qu’elle forme avec 5 professeurs titulaires d'expérience, mandatés pour 4 ans avec une possibilité unique de renouvellement, qui représentent une diversité de domaines d'activité à l'Université. Ceux-ci comprennent les sciences humaines, les sciences de la santé, les arts et lettres, le génie, les sciences de la nature et l’administration. S’ajoute à ces représentants une personne désignée par La Fondation de l'Université Laval – Développement et relations avec les diplômés. «Les discussions sont parfois animées, mais il est rare qu’une candidature soit refusée», raconte la présidente avec enthousiasme.
Les travaux du Comité se concluent par la présentation des candidatures au Conseil universitaire de février, où il est tout aussi rare qu’elles soient refusées. Quant aux récipiendaires, «ils sont toujours très émus d’apprendre qu’ils ont été sélectionnés», témoigne Monique Richer.
Des valeurs pour un mode en évolution
Il suffit d’un coup d’œil à la liste des gens honorés de 1864 à nos jours pour constater l’étendue des profils retenus. Plus les personnalités et les cursus sont variés, plus nombreux seront les étudiants qui peuvent s’en inspirer. «En plus de souligner des parcours hors du commun, nous voulons mettre en valeur des modèles pour nos étudiants, c’est un critère central», insiste Monique Richer. En outre, celle-ci remarque qu’au fil des ans les propositions de DHC se moulent aux grands mouvements sociaux. «On peut faire un parallèle entre les DHC que l’on octroie et le monde en évolution, affirme-t-elle. Ces récompenses exceptionnelles sont aussi le reflet des valeurs de notre communauté universitaire.» Ainsi, note la secrétaire générale, depuis l’arrivée en poste de la rectrice Sophie D’Amours, l’égalité, l’équité et l’inclusion qui lui sont chères se reflètent dans le choix des candidats. «Cela démontre que les facultés ont intégré cette vision», analyse-t-elle.
En témoigne, par exemple, une augmentation de la représentation féminine parmi les récipiendaires. Historiquement, depuis le premier DHC féminin remis en 1937 à Madeleine Lainé, en lettres, environ 8% ont été octroyés à des femmes. Or, depuis 2017, ces dernières comptent pour plus de 50% des personnes honorées.
Une annonce dans un contexte particulier
Cette année, le contexte lié à la pandémie de COVID-19 a entraîné des défis particuliers en ce qui concerne le dévoilement des lauréats. À commencer par l’annonce téléphonique faite par la rectrice aux nommés comme le veut la tradition. Le hasard a voulu que l’agenda prévu pour cette démarche tombe en même temps que le plus fort des mesures de confinement. Certains récipiendaires étaient donc plus difficiles à joindre.
En fait, la coordination liée à l’événement a été revue et réinventée dans son ensemble. Opération réalisée avec succès puisque, en ce début juin, comme prévu, l’Université a procédé à l’annonce des DHC 2020, laquelle couronne plusieurs mois de travail. «Il est important pour nous de dévoiler dès maintenant les noms des personnes que nous avons choisies d’honorer afin de mettre en lumière leur grande contribution à la société. Les parcours de nos récipiendaires d’un doctorat honoris causa sont remarquables et inspirent notre communauté», a indiqué la rectrice de l’Université Laval Sophie D’Amours.