Tous les ans, l’Institut d’études anciennes et médiévales remet deux Prix d’excellence, l’un au meilleur étudiant du cours Auteurs grecs et l’autre au meilleur étudiant du cours Auteurs latins. En mai dernier, le premier prix a été décerné à l’étudiant Charles Massicotte, inscrit au baccalauréat en philosophie. Le second lui a été remis ex aequo avec Romy Masella, étudiante au baccalauréat en études anciennes.
«Mon intérêt pour ces deux langues anciennes, explique Charles Massicotte, vient de mon désir de lire dans le texte mes auteurs favoris, de mieux comprendre la grammaire et l’origine des mots des langues vivantes que j’utilise, et d’avoir une formation humaniste plus classique. Plus largement, mon intérêt pour l’Antiquité gréco-romaine vient de mon intérêt pour la philosophie et les humanités qui a débuté en cinquième secondaire. C’est avant tout en lisant leurs poètes que les civilisations grecque et romaine m’ont intéressé.»
Selon lui, les deux langues semblent excellentes pour la poésie. «Le grec est la langue que je trouve la plus belle, poursuit-il. Je dirais que le système verbal grec et certaines particularités grammaticales de cette langue la rendent excellente pour exprimer des pensées subtiles, nuancées.»
Avec le temps l’étudiant a développé une réelle passion pour l’Antiquité gréco-romaine. En 2016, un voyage en Grèce a consolidé son intérêt pour la Grèce classique. «Je ne dirais pas que je suis tombé en amour avec ce pays, précise-t-il. Mais j’ai été ému par les paysages décrits par les auteurs anciens et surtout par les vestiges de l’Antiquité. C’est probablement au sanctuaire de Delphes que mon émotion fut la plus forte.»
Pour une meilleure compréhension du français
Charles Massicotte a entrepris l’étude de ces deux langues anciennes il y a deux ans. Jusqu’à présent, il a mémorisé quelques centaines de mots de grec ancien et de latin. Il s’est aussi initié à leur grammaire, ainsi qu’à l’alphabet dans le cas du grec. Quant à la formule des deux cours d’auteurs, elle est assez semblable, les étudiants devant préparer un extrait de texte durant la semaine avant d’en lire la traduction à tour de rôle.
«La connaissance du grec et du latin, dit-il, aident à une meilleure compréhension des langues vivantes que je connais, le français, l’anglais et l’allemand. Les étudiants à qui j’en ai parlé pensent la même chose. Les langues anciennes permettent d’apprécier davantage la beauté d’une langue comme le français. Elles aident à mieux l’écrire et à mieux la parler. On apprend à être plus attentif au sens des mots, à la construction des phrases.»
Il insiste sur le plaisir de la rencontre avec des auteurs du passé. «En lisant dans le texte, soutient-il, on lit plus lentement et on voit le détail, on est beaucoup plus près des auteurs. Ceux que j’étudie me semblent être des écrivains au sens le plus fort que je connaisse.»
Charles Massicotte connaît mieux les auteurs grecs que les auteurs latins. Chez les premiers, il a notamment lu et apprécié des poètes comme Homère, des dramaturges comme Aristophane, des philosophes comme Aristote ou bien des historiens comme Hérodote. Chez les seconds, il a notamment découvert et aimé lire un poète comme Virgile, un dramaturge comme Plaute, un philosophe comme Sénèque ou bien un historien comme Jules César.
«J’ai beaucoup apprécié ma récente lecture en grec des Histoire vraies de Lucien de Samosate», souligne-t-il.
Langues anciennes et philosophie politique
Dans le cadre de ses études de philosophie, Charles Massicotte s’intéresse beaucoup à la philosophie politique. Il a notamment étudié des historiens comme le grec Hérodote, surnommé le père de l’histoire. Il considère l’homme d’État romain Cicéron comme «un géant» en raison de ses plaidoiries et discours, ses traités de rhétorique, ses œuvres philosophiques, ses lettres et sa poésie.
«Mon intérêt pour la philosophie politique classique, explique-t-il, découle de la curiosité d’être confronté à des idées radicalement différentes chez les penseurs de l’Antiquité, de me confronter à des auteurs exceptionnels, en particulier avec les Grecs.»
Selon lui, certaines questions de la philosophie politique semblent mieux posées et examinées par certains penseurs classiques que par la modernité philosophique.
«Je pense ici, par exemple, à la question du meilleur régime politique, à celle du rapport entre le philosophe et le politique, et à celle du rapport entre la philosophie et la poésie.»
Et l’avenir? Dans quel domaine d’activité l’étudiant se voit-il plus tard? Quelle sera l’utilité des deux langues anciennes dans sa carrière?
«J’aimerais beaucoup enseigner la philosophie, répond Charles Massicotte. Dans le meilleur des cas, j’enseignerais la philosophie ancienne à l’université. Ces langues me serviraient alors de la même façon dont elles me servent présentement: elles me permettraient de lire dans le texte les auteurs que j’enseignerais.»