«Ce résultat était complètement inespéré! s’exclame Jacques Plante, architecte et professeur à l’École d’architecture. Nous avions présenté six très bons projets. Je m’attendais, en raison de leur qualité exceptionnelle, à ce qu'ils soient remarqués, du moins pour l’un d’eux. Mais obtenir le premier prix dans la catégorie Urban Food Hub, en plus d'une distinction dans la catégorie Mention honorable, c’est tout un succès! Réussir ce tour de force en temps de COVID était de surcroît un véritable exploit d’enseignement!»
Le professeur Plante a de quoi être fier. Quatre de ses étudiants se sont distingués à la 2020 Steel Design Student Competition, un important concours international organisé par l’ACSA (Association of Collegiate Schools of Architecture) et l’AISC (The American Institute of Steel Construction). Le but du concours consistait à imaginer un nouveau type de marché public conçu prioritairement en acier. Le 10 septembre à Washington, le jury d’experts du concours a annoncé les projets gagnants parmi les quelque 200 projets présentés et évalués au cours de l’été. Hatem Bouassida et Antoine Hurez ont mérité le premier prix dans la catégorie Urban Food Hub pour leur projet «Food Machine» tandis qu’Alice Corrivault-Gascon et Dominique Arseneault ont reçu une mention honorable pour leur projet «Bandes de culture». Ces projets ont été réalisés à la session d’hiver 2020 dans le cadre du cours Atelier VI donné conjointement par Jacques Plante et son collègue Richard Pleau, un spécialiste des structures. La formation s’adressait aux étudiants du baccalauréat, québécois et étrangers.
Selon le professeur Plante, les quatre étudiants, en plus d’être très vaillants, «ont fait preuve d’une authentique créativité». «Les participants au concours devaient utiliser l’acier structural de manière novatrice dans des façons rarement vues, dit-il. Une des exigences du concours consistait à créer de grandes portées. Une autre consistait à faire des assemblages de manière créative. Les qualités plastiques de l’acier ont été mises à contribution. Ce matériau peut être courbé, on peut en faire des arches, on peut aller beaucoup plus loin que les poutres et les colonnes.»
Les étudiants ont situé leur projet respectif sur l’emplacement de l’ancien marché du Vieux-Port de Québec. Ils ont fait une recherche historique des lieux. À une certaine époque, on y trouvait des entrepôts et une gare de triage pour le train. «Un grand terrain vierge et la proximité du fleuve ont permis une grande exubérance aux étudiants», souligne Jacques Plante.
Ce dernier insiste sur le mot «machine» dans le titre du projet de Hatem Bouassida et Antoine Hurez. «Ils se sont inspirés du passé industriel du site, explique-t-il. Le mot “machine” rejoint l’idée du train, des rails, du mouvement. Les trois bâtiments qui composent le projet sont comme des wagons se déplaçant avec des roues en acier sur des rails en acier. L’aspect cinétique a beaucoup plu au jury.»
Le jury a qualifié le projet de Hatem Bouassida et Antoine Hurez d’ambitieux et de crédible dans son utilisation de l’acier, autant dans les détails d’assemblage qu’au niveau des membrures. Les trois composantes de ce projet futuriste et high-tech sont l’une derrière l’autre. Leur forme est très dynamique. L’une d’elles offre une grande portée sans appui de 25 mètres de long. Le premier élément de l’ensemble contient une grande serre hydroponique baignée de lumière naturelle. Des bassins de plantes tournent en rotation derrière la façade de verre de la serre. Vers l’arrière et à l’extérieur de ce bâtiment, les étudiants ont intégré une structure d’acier rouge percée de grandes turbines dont les hélices captent le vent pour produire de l’électricité. L’ensemble du Food Hub comprend notamment des cuisines, un restaurant, un marché intérieur et un espace où cultiver fruits et légumes.
Alice Corrivault-Gascon et Dominique Arseneault ont conçu leur projet sous la forme d’un parc linéaire urbain constitué d’une série de pavillons et d’un espace consacré à l’agriculture. Ces pavillons servent à différentes fonctions. On y trouve un marché public, des serres et des jardins où faire pousser des fruits et des légumes, une cuisine attenante à un restaurant et une autre servant à l’enseignement, ainsi qu’un entrepôt. Les pavillons forment une grille linéaire qui évoque les rails de l’ancienne gare de triage. Le toit des pavillons semble avoir été soulevé du sol. Sous le toit, l’espace appropriable est libre de toute colonne. À l’intérieur, la structure arquée d’acier, dont les «bras» supportent la toiture, a une longue portée. La lumière naturelle est abondante. Les pavillons ont une hauteur et une longueur variables. Tous ont un toit incliné.