24 septembre 2020
Renouveler notre engagement
Les nouvelles générations devront construire un meilleur avenir au sortir de la crise pandémique, en maintenant l’accessibilité et la qualité de la formation tout au long de la vie, a plaidé la rectrice Sophie D’Amours dans son discours de la rentrée devant le Conseil universitaire du 22 septembre
Chers membres du Conseil universitaire,
Aujourd'hui, mes propos ne visent qu'un seul objectif: nous motiver à renouveler notre engagement envers notre mission universitaire et à saisir toute son importance dans le contexte de la pandémie mondiale qui continue de sévir.
Toutes les facettes de nos vies ont été affectées par la COVID-19. D'abord, il y a eu l'isolement, puis le confinement, la gestion des risques, la lutte pour rétablir une nouvelle normalité et la reconnaissance que la COVID-19 est là pour rester… Toutes ces phases, et d'autres à venir, nous ont forcés à puiser dans nos réserves, à faire preuve de détermination, de solidarité, de courage et de résilience. Toutes ces phases de la pandémie nous ont mis au défi d'avoir une plus grande agilité, une plus grande capacité de faire face à la complexité. C'est vrai à l'Université et c'est vrai aussi dans la société, ici et ailleurs dans le monde.
Notre université s'en sort bien et je vous dis MERCI. Tout le personnel, chacun et chacune d'entre vous, a mis la main à la pâte, a apporté une pierre à l'édifice. Sans cet engagement, nous n'aurions pas réussi à basculer vers le télétravail, à assurer la sécurité du campus en période de COVID-19, à appuyer et à soutenir les membres plus démunis de la communauté et les résidents du campus, à faire basculer 73% de l'offre de cours vers une formation à distance et à mener à la réussite et à la diplomation plus de dix mille étudiants et étudiantes. Nous n'aurions pas pu déployer la plus impressionnante offre de formation en technopédagogie et à accueillir plus de 6000 professeurs et enseignants dans ces cours. Nous n'aurions pas pu offrir un campus sécuritaire et une offre de formation adaptée à plus de 49 000 étudiants et étudiantes. Nous n'aurions pas pu contribuer par la recherche à la lutte contre la COVID-19 ainsi qu'à la mise au point de traitements et de vaccins. Nous n'aurions pas pu poursuivre nos recherches, même dans des conditions difficiles.
Dans quelques années, nous regarderons derrière nous et nous nous poserons certainement des questions: comment avons-nous traversé cette crise? Les impacts auront-ils été réversibles? Avons-nous établi les bonnes priorités? Avons-nous posé les bons gestes… devant l'incertitude, devant une situation sans précédent, devant une pandémie aux effets mondiaux? Comment pouvions-nous tout savoir, tout prévoir? Nous ne pouvions que nous faire confiance, nous serrer les coudes, écouter la science, agir avec diligence ainsi que donner priorité à la sécurité et à la santé physique et mentale de notre communauté.
Lorsque nous regarderons derrière, nous nous poserons aussi des questions relatives à la réalisation de notre mission. Avons-nous tout fait pour maintenir vivant le rêve d'un diplôme universitaire, pour encourager la persévérance, pour soutenir la réussite? Avons-nous préparé adéquatement nos étudiants et étudiantes à ce que l'avenir leur réserve? Avons-nous aidé les étudiants et étudiantes les plus vulnérables de notre communauté universitaire? Avons-nous aligné nos efforts de recherche sur les besoins urgents de la société en ce moment de crise? Ce sont quelques-unes des questions que nous nous poserons lorsque nous analyserons les mois passés à gérer la crise de la COVID-19 et à nous adapter à sa venue, dans nos vies et à l'Université Laval.
Je souhaite que nous puissions dire que nous avons relevé avec brio les défis qui se sont imposés à nous. Je souhaite pouvoir dire que notre mission aura été préservée et défendue, qu'elle aura été même mise en valeur et que nous aurons apporté à la société tous les leviers dont nous disposions pour qu'elle puisse se relever et se réinventer de façon structurante pour un meilleur futur. Je souhaite que notre engagement soit réel et durable.
Maintenant que nous commençons à parler de reprise socioéconomique, de relance, maintenant que nous sommes animés à l'idée de rebondir – oui, on a vraiment hâte de la larguer, cette COVID-19 –, maintenant que nous portons notre regard vers l'avenir, à quoi pensons-nous? Qu'est-ce qui nous guide?
Les générations à venir auront à relever de très grands défis, tout aussi importants que ceux que nous avons dû relever à la suite de la Deuxième Guerre mondiale. Elles reconstruiront notre économie. Elles réinventeront plusieurs pans de notre société. Elles imagineront cette relance, tout en luttant contre les effets des changements climatiques. Elles redéfiniront l'ordre mondial qui s'est profondément effrité. Elles devront faire face aussi à de réelles menaces de cyberattaque et de bioterrorisme.
Ces générations devront faire face à un mouvement de fond, celui des fausses nouvelles et des théories du complot. Ce mouvement amenuise ou discrédite la valeur des faits en les politisant, et cela, même s'ils ont été établis par des processus rigoureux de science ou d'analyse critique. Ce mouvement brouille la capacité collective de décision et perturbe l'engagement envers nos responsabilités collectives et sociales, notamment celle «de penser aux autres».
Ce sont des défis gigantesques que les générations à venir pourront relever parce que nous ne les laisserons pas tomber, et cela, tout au long de leur vie. Parce que l'Université Laval sera toujours cette université d'impact, qui a accompagné des générations et des générations dans la réussite de leurs propres défis. Cependant, cette fois, force est de constater que les défis sont plus importants. Notre engagement devra alors être aussi plus important. Notre engagement doit être renouvelé.
Je suis fière, très fière, des réussites de notre université. Je pense que la crise aura permis à toutes les facultés, à tous les services et à toutes les unités de mettre en évidence leurs talents et de mettre en œuvre, dans l'urgence, de nouvelles façons de faire. Cette grande période d'expérimentation nous aura fait découvrir des potentiels significatifs d'amélioration et de transformation ainsi que des pistes pour adapter nos efforts au contexte qui se présente à nous.
Si nous ne voyions pas comment le télétravail pouvait se déployer dans nos services, aujourd'hui, nous savons que nous pouvons l'envisager. Si l'enseignement à distance générait des inquiétudes, aujourd'hui, nous explorons et comprenons mieux les leviers que la technopédagogie peut apporter. Nous comprenons mieux comment celle-ci peut enrichir l'expérience étudiante. Si nous trouvions difficile de joindre de grands publics dans des efforts de transfert de connaissances, nous savons aujourd'hui qu'il est possible de le faire en utilisant de façon adaptée des technologies de l'information et de la communication. Nous pourrons tirer profit de ces apprentissages et faire avancer notre université, en la rendant notamment plus agile.
L'affirmation de notre caractère, celui d'une université d'impact, nous projettera dans l'avenir. Cette université s'investit dans les grands défis de société; elle forme, guide et accompagne les générations étudiantes avec un engagement senti envers leur réussite et le développement de leurs compétences; elle travaille en collaboration avec tous les milieux. Bref, c'est une université qui se soucie des gens et des collectivités et qui reconnaît pleinement la valeur de la connaissance. Tout cela ne changera pas. Ce qui changera, ce sera la façon d'être cette université d'impact. Les apprentissages de cette grande période d'expérimentation imposée par la COVID-19 devront nous aider à transformer notre université, parce que nos étudiants et étudiantes d'aujourd'hui sont plus que jamais appelés à transformer le monde de demain.
Cet engagement renouvelé, l'ambition d'être au côté de ces générations qui construiront un meilleur futur, cette volonté de maintenir l'accessibilité et la qualité quels que soient les modes de prestation et de former tout au long de la vie, nous n'y arriverons que si nous misons sur nous tous: les gens qui forment cette grande équipe de l'Université Laval et qui nous rendent si fiers tous les jours.
La COVID-19, personne ne l'a souhaitée. Elle a bousculé nos vies. Certains membres de notre communauté ont été plus affectés que d'autres. Ils ont dû conjuguer, tout au long de cette crise, leurs vies personnelle, familiale et professionnelle. Rien de simple, pour plusieurs. La COVID-19 a eu et aura encore des impacts négatifs sur les membres de notre communauté. Il nous faut être bienveillants les uns envers les autres, prêter attention à nos comportements et à nos paroles.
Il nous faut tendre la main, penser à nos collègues, à ceux qui vivent seuls, à ceux qui vivent des difficultés, à ceux qui sont infectés par la COVID-19.
Bref, je nous demande d'être bienveillants, respectueux, patients, car nous avons besoin de tous et toutes pour réussir l'essentielle mission de l'Université Laval et poursuivre notre engagement vers un meilleur avenir, celui que nous bâtirons ensemble.
Aux étudiants et étudiantes, nous serons à vos côtés.
Vous devez, pour votre part, réfléchir à la définition de la société à laquelle vous aspirez. Vous devez réaliser que vous avez des responsabilités importantes en temps de COVID-19, en ce qui concerne le rôle particulier de votre génération dans l'ensemble de la population. Ce cheminement, il vous appartient. Je vous invite à profiter de cette rentrée universitaire pour échanger sur ces sujets importants avec vos amis, vos parents, vos grands-parents, vos enseignants et professeurs. Vous êtes déjà en mouvement et vous êtes déjà en train de définir la société de demain. Vos prédécesseurs, étudiants et étudiantes du passé, vous ont légué un environnement d'études de grande qualité; ils ont investi dans cette construction tout au long de leurs études et de leur vie et vous bénéficiez aujourd'hui de ce legs. C'est maintenant à votre tour de préparer votre legs aux générations futures. Ce n'est pas une mince responsabilité. C'est comme cela que l'avenir se bâtit. Ensemble!