19 mars 2021
Faculté de pharmacie: Des médicaments contre le cancer de plus en plus personnalisés
Les médicaments n’agissent pas tous de la même façon chez les gens et il est très difficile de prédire si le patient aura une récidive. Ce sont les deux grands enjeux sur lesquels se penche Chantal Guillemette, professeure à la Faculté de pharmacie.
Alors que le cancer de la prostate se classe au deuxième rang des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez les hommes, son traitement renferme encore des mystères. Par exemple, pourquoi, même après s’être fait retirer la prostate, certains patients sont-ils frappés par une récidive? L’équipe de Chantal Guillemette, directrice de la Chaire de recherche du Canada en pharmacogénomique, étudie la question. Elle travaille sur ce projet avec Éric Lévesque, hémato-oncologue et chercheur spécialisé dans le cancer de la prostate, ainsi qu’avec les urologues du CHU de Québec – Université Laval.
«Nous voulons comprendre comment l’environnement hormonal du patient influence la récidive et quelle incidence la génétique peut avoir sur l’environnement hormonal du patient et l’évolution de la maladie», explique Chantal Guillemette.
Pour réaliser ce projet, les chercheurs ont notamment accès à la biobanque Procure du cancer de la prostate au Québec, qui comprend des biospécimens de plus de 2000 patients.
En regardant les variantes du génome, les chercheurs souhaitent identifier des marqueurs pour mieux prédire les récidives et optimiser la réponse aux traitements pharmacologiques. Ils interrogent également le métabolome, qui est constitué de l’ensemble des petites molécules, incluant les hormones, présentes dans les échantillons des patients (sang, urine, tumeur). L’équipe de recherche vise à identifier des vulnérabilités métaboliques pouvant être ciblées afin d’améliorer le traitement du cancer.
«Grâce à ces outils moléculaires d’aide à la décision, l’équipe traitante pourrait par exemple offrir aux patients à très haut risque de récidive un traitement d’hormonothérapie – qui vise à bloquer les effets des hormones sexuelles sur les cellules cancéreuses pour empêcher leur prolifération – avant ou après la chirurgie afin de prévenir ou de retarder la récidive», explique madame Guillemette.
— Chantal Guillemette
Les hormones sexuelles jouent-elles un rôle dans la leucémie?
La Chaire de recherche du Canada en pharmacogénomique se penche aussi sur la leucémie de type lymphoïde chronique, le type de leucémie le plus courant chez les adultes. Cette maladie touche deux fois plus les hommes que les femmes. Les hommes ont aussi souvent des formes de la maladie plus agressives que les femmes et qui répondent moins bien aux traitements. Récemment, l’équipe de Chantal Guillemette a découvert un marqueur associé à une progression rapide de la maladie et à une réponse moins bonne au traitement.
«Il s’agit d’une protéine responsable de l’inactivation des hormones sexuelles, précise Chantal Guillemette. C’était inattendu comme découverte, puisqu’on ignorait que les hormones sexuelles pouvaient jouer un rôle dans ce type de leucémie.»
L’équipe de chercheurs tente maintenant de comprendre les mécanismes moléculaires derrière cette observation en vue d’arriver à retarder la progression de la maladie et à améliorer la réponse au traitement chez les gens qui ont ce marqueur.
«Il faut d’abord prouver que les hormones sexuelles jouent un rôle dans la leucémie et déterminer si la protéine agit via d’autres molécules importantes dans les cellules cancéreuses», explique Chantal Guillemette, qui travaille de près avec des cliniciens-chercheurs aussi bien du CHU de Québec – Université Laval que du Canada et d’Europe pour réaliser ce projet.
Le cancer en chiffres
Environ un Canadien sur deux aura un cancer au cours de sa vie et un sur quatre en mourra.
Plus de 220 000 nouveaux diagnostics de cancer et plus de 82 000 décès causés par cette maladie sont estimés pour 2019.
Les cancers du poumon, colorectal, du sein et de la prostate représenteront environ la moitié de tous les diagnostics et décès par le cancer en 2019.
Source : Société canadienne du cancer
Pour en savoir plus sur les travaux de Chantal Guillemette