«C’est un rêve, c’est incroyable! Je n’aurais jamais pensé qu’on pourrait en arriver là. C’est le plus beau cadeau que je pouvais avoir pour finir ma carrière universitaire, nous sommes championnes canadiennes!»
Fabiola Forteza, la numéro 8 du club de rugby féminin Rouge et Or, avait toutes les raisons d’exulter, le dimanche 3 novembre à Ottawa. Au terme d’un match chaudement disputé face aux Gaels de Queen’s, les porte-couleurs de l’Université Laval ont signé une convaincante victoire de 22 à 14, en finale du Championnat canadien U Sports. Après le bronze en 2011 et l’argent en 2017, l’or est venu clore une saison de rêve pour la formation. En plus d’être nommée au sein de la première équipe d’étoiles du Championnat, Fabiola Forteza a reçu le titre de joueuse du match.
«Remporter un championnat par équipe restera pour moi le plus beau des accomplissements, explique l’ailière de troisième ligne et candidate à la maîtrise en nutrition. Au rugby, une joueuse dépend tellement de ses coéquipières. C’est un sport de camaraderie. Nous avons toutes nos forces et nos faiblesses. Certaines peuvent prendre plus de leadership. D’autres peuvent être plus présentes à l’attaque. En défense, quelques-unes sont des plaqueuses hors du commun.»
Selon elle, de réussir à aller chercher une coupe démontre que tout le monde a travaillé dans la même direction. «Pour performer, poursuit-elle, il faut de l’engagement individuel et de la motivation. Tu embarques à 100% ou tu n’embarques pas. Réussir demande la collaboration de tout le monde. Lorsque je sens que l’esprit d’équipe est élevé, je ne peux pas être plus heureuse.»
Une joueuse ultra efficace avec le ballon
Après cinq années d’admissibilité, Fabiola Forteza tire sa révérence du sport universitaire. Elle a 24 ans. Avec le Rouge et Or, elle aura inscrit 23 essais en saison régulière. Cet automne, en six matchs réguliers, elle a franchi la ligne des buts adverses à trois reprises avec le ballon. Il y a quelques semaines, ses performances lui ont mérité le titre d’étudiante-athlète par excellence du Réseau du sport étudiant du Québec.
«Très intelligente, Fabiola a été extrêmement performante, autant en attaque qu’en défensive, affirme l’entraîneur-chef du club de rugby féminin Rouge et Or, Kévin Rouet. Elle est toujours ultra efficace avec le ballon en main. C’est sans doute ma joueuse d’avant qui a touché le plus souvent au ballon et franchi le plus de terrain cette saison. Défensivement, elle rate très peu de plaqués. De plus, à sa cinquième année, elle a assumé beaucoup de leadership au sein de l’équipe.»
Et l’étudiante-athlète? Comment voit-elle son évolution, ces dernières années, comme joueuse de rugby? «Ma lecture du jeu s’est améliorée, dit-elle. Au fil des ans, j’ai appris à mieux me placer sur le terrain et quand demander le ballon. Et aussi à trouver les espaces libres. Je suis une joueuse à caractère défensif, mais j’ai développé graduellement mon jeu à l’attaque.»
D’abord adepte du soccer, Fabiola Forteza a essayé le rugby à la suggestion de son père, un amateur de ce sport rude et spectaculaire. «Ce sport très physique m’a conquise totalement dès le début, raconte-t-elle. Le rugby est magnifique. J’ai tout de suite trouvé beaucoup de facilité à le pratiquer. Les joueuses ont beaucoup de liberté. Elles peuvent manipuler le ballon et courir avec, elles peuvent le botter à une coéquipière ou le botter en touche, elles peuvent passer le ballon à une coéquipière en retrait ou bien plaquer une adversaire qui transporte la balle.»
Quelles sont ses qualités athlétiques? «Je ne suis pas la plus rapide sur le terrain, répond-elle. Je suis puissante, ce qui fait que je reste sur mes pieds lorsque des adversaires tentent de m’immobiliser. Je suis explosive lorsque j’amorce un jeu. J’ai de l’endurance. Je suis également agressive, mais de façon contrôlée, et intense. J’aime plaquer.»
Une victoire convaincante contre les Américaines
Au moment de publier, l’étudiante-athlète de 1,72 mètre participait, en Californie, à un tournoi de type CanAm au sein de l’équipe nationale canadienne. En cinq jours, les Canadiennes auront affronté les Américaines à deux reprises. Le premier match s’est terminé par la marque de 19 à 0 pour le Canada. «Chaque année, après le Championnat U Sports, l’équipe canadienne part en tournée, explique-t-elle. J’ai été sélectionnée, comme je le suis depuis plusieurs années.» En juillet, la formation canadienne avait affronté ces mêmes adversaires lors d’un tournoi aux États-Unis. Les Canadiennes avaient baissé pavillon par la marque de 20 à 18. «On ne peut pas prendre les Américaines à la légère, soutient Fabiola Forteza. Je fais souvent de l’analyse vidéo de nos adversaires, pour voir comment elles jouent. Avec les Américaines, les vidéos montrent qu’il y a beaucoup d’opportunités que l’on peut aller chercher. Donc, les battre est faisable.»
Ce sport particulier est l’ancêtre du football nord-américain. Contrairement à ce dernier, les joueurs de rugby demeurent constamment sur le terrain, passant de l’attaque à la défensive selon les situations de jeu. Une équipe comprend un groupe de joueuses d’avant et un groupe d’arrières répartis sur trois lignes. Lors de la mêlée, après un arrêt de jeu ou une faute mineure, les deux équipes forment chacune un bloc où les avants, arc-boutés, se font face pour la possession du ballon.
«De par leur position, les trois ailières sortent le plus rapidement de la mêlée, explique l’étudiante-athlète. Les autres sont beaucoup plus impliquées dans la poussée. Si je suis en troisième ligne centrale, je pourrais prendre le ballon et partir avec lui d’un côté comme de l’autre. Normalement, je vais où il y a le moins de joueuses adverses.»
Diplômée du baccalauréat en kinésiologie, Fabiola Forteza travaille dans ce domaine au PEPS de l’Université Laval. Intervenante en salle d’entraînement, elle crée des programmes d’entraînement pour les usagers et supervise les plateaux.
«Ma carrière sportive n’est vraiment pas terminée, affirme-t-elle. L’été, je joue avec le Club de rugby de Québec, une formation qui compte plusieurs joueuses du Rouge et Or. L’hiver, je joue au sein d’une ligue de rugby à sept.»