Dernièrement, l’Université Laval a signé un protocole d’entente avec Bénévoles d’Expertise. Cet organisme accompagne, par le bénévolat de compétences et sous forme de soutien en gestion et en gouvernance, les organismes à vocation sociale.
«L’objectif de cette entente est de promouvoir le bénévolat de compétences auprès des membres de la communauté universitaire et de favoriser leur implication auprès d’organismes à but non lucratif de la région», explique Luc Audebrand, professeur au Département de management et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur l’engagement social.
Ce protocole d’entente illustre le fait que bien des gestes à vocation sociale peuvent être posés par les membres de la communauté universitaire en ces temps de pandémie. Par exemple, les personnes intéressées à aider les étudiants en situation de précarité financière peuvent donner de l’argent au Fonds d’urgence COVID-19. Elles peuvent aussi aider financièrement les organismes communautaires de la région en donnant au Fonds d’urgence communautaire Centraide.
Selon le professeur, la distanciation sociale exigée par les responsables de la santé publique pour contrôler la pandémie de COVID-19 n’est pas un appel au chacun pour soi, au contraire. «En augmentant la distance de contact entre les gens, nous sommes en distanciation physique, pas en distanciation sociale, affirme-t-il. Dans ce contexte si particulier, du point de vue social, nous devons être encore plus en interaction. La crise sanitaire doit être une occasion d’être solidaires.» Il ajoute que la pandémie nous offre l’occasion de réfléchir à notre rapport au monde. «Ce rapport, dit-il, ne doit pas être basé uniquement sur le travail et sur la consommation.»
Une démarche à l'échelle de l’Université
Le 10 mars, le Comité exécutif a nommé Luc Audebrand directeur scientifique de la démarche en engagement social de l’Université. Ce projet découle des orientations contenues dans le Plan stratégique 2017-2022. Il vise à favoriser, soutenir et reconnaître l’engagement social des membres de la communauté universitaire. «Cette forme d’engagement, précise-t-il, vise le mieux-être de ses semblables. Elle consiste à consacrer une partie de son temps, de son expertise et de son argent à une cause en laquelle on croit, en harmonie avec des valeurs et aspirations que l’on porte.»
Les appels et les initiatives en ce sens se sont multipliés ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Le professeur en veut pour preuve l’appel du premier ministre du Québec aux artistes et influenceurs populaires auprès des jeunes et la contribution de Dominique Michel et de Bernard Derome auprès de la population plus âgée. «Ces différentes personnalités ont fait le don de leur notoriété, souligne-t-il. Cela montre un éventail de gestes et d’actions qui peuvent être faits dans des domaines vraiment différents. On peut tous se sentir appelés sur différents plans. Comme ces grands-parents qui décident de faire la dictée aux enfants afin de donner un coup de main aux parents. Ou ces propriétaires de maison qui habitent près d’un hôpital, qui ont une chambre à louer et qui la louent au travailleur de la santé qui ne veut pas retourner à son domicile de peur de contaminer ses proches.»
Luc Audebrand insiste sur la recherche universitaire engagée. «C’est un courant en recherche, indique-t-il. Nous, les enseignants, nous ne sommes pas dans une tour d’ivoire. À l’Université Laval, plusieurs professeurs font des recherches qui impliquent la communauté. La crise actuelle amènera peut-être les professeurs à faire de la recherche plus engagée.»
Dans l’esprit du micro-engagement, le professeur suggère aux étudiants de donner du temps à Wikipédia, l’encyclopédie universelle, collaborative et multilingue. Le bénévolat est une autre avenue à explorer, tant par les employés de l’Université que les étudiants, notamment par le site de la Fédération des centres d’action bénévole du Québec.
Faire du bien à l’autre et à soi
Chaque jour, le professeur Audebrand donne un coup de fil à une personne parmi celles inscrites à son bottin électronique. «Je le fais pour prendre des nouvelles, pour recréer des liens sociaux, explique-t-il. Plein de gestes peuvent être faits à distance. L’engagement social est un geste intéressé. Je fais du bien autant à moi qu’à l’autre en l’appelant.»
À l’Université, ce dernier encourage le jumelage téléphonique. «Dans leurs classes, dit-il, les professeurs pourraient créer des équipes de deux étudiants qui se parleraient au téléphone une fois la semaine. Ce serait une belle façon pour ceux-ci de diminuer leur isolement. En cette période difficile, téléphoner à quelqu’un est le plus beau geste que l’on peut faire.»
Selon le professeur, il faudrait s’assurer, dans les prochains jours et les prochaines semaines, de prendre des nouvelles des personnes de notre entourage qui sont peut-être en situation d’isolement, voire de détresse. «Un geste tout simple qui peut être fait consiste à prendre son téléphone et appeler une personne par jour! soutient Luc Audebrand. Il ne s’agit pas de jouer le rôle d’un professionnel de la santé, mais simplement de prendre des nouvelles et de partager quelques minutes de son temps. C’est une façon toute simple de s’entraider.»