Revêtus de leur combinaison, les chercheurs qui travaillent dans le nouveau laboratoire du centre hospitalier doivent franchir un sas avec une antichambre, avant de pénétrer dans le local. Un local à pression négative afin que l’air ne puisse s’en échapper. Les hottes sous lesquelles ils peuvent effectuer leurs manipulations disposent de leur propre système de filtration, offrant ainsi une protection supplémentaire. Toutes ces précautions visent un seul but: prévenir tout risque de dissémination des virus et des agents pathogènes étudiés dans le laboratoire.
Et pour cause. D’ici quelques semaines, l’équipe du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval va commencer à travailler sur des souches pathogènes de haute transmissibilité. Parmi les prochains invités, des microorganismes pouvant causer des maladies mortelles comme la grippe aviaire, la tuberculose ou la peste. «Le laboratoire va nous permettre d’avancer sur nos projets de recherche portant sur de nouveaux médicaments, capables de traiter les cas de grippes sévères, nécessitant une hospitalisation, explique l’infectiologue Guy Boivin. Certains virus développent en effet une résistance aux traitements actuels, et il faut élargir notre rayon d’action.»
Lancé à l’initiative du professeur au Département de microbiologie-infectiologie et d’immunologie, cet équipement unique à Québec permettra non seulement aux chercheurs d’avancer plus rapidement dans la découverte de traitements antiviraux, mais aussi dans celle d’un vaccin universel contre la grippe. En effet, jusqu’à présent, il leur fallait s’adresser au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, pour effectuer certaines expériences.
Plusieurs organismes ont contribué à financer ce nouveau laboratoire NC3 à hauteur de 1,8 million de dollars. Il s’agit notamment de la Fondation du CHU de Québec – Université Laval, de la Ville de Québec et du gouvernement québécois. Grâce à cet outil de pointe, les chercheurs du CHU de Québec, et les professeurs à la Faculté de médecine de l’Université Laval comme Gary Kobinger, vont pouvoir étudier les virus transmis par des moustiques provoquant la fièvre jaune ou la dengue. Michel G. Bergeron, quant à lui, projette d’effectuer des tests de diagnostic rapide sur des virus émergents. Les équipes d’autres universités à travers le Québec, ainsi que certaines compagnies pharmaceutiques, auront aussi la possibilité d’accéder à ce local très particulier dans les mois et les années à venir. «Il faut absolument se préparer à l’avance à l’arrivée de certaines épidémies, comme celle qui sévit actuellement en Chine avec le coronavirus, insiste Guy Boivin. Cela permet de lutter efficacement et rapidement contre ces maladies.» Le laboratoire de niveau de confinement 3 sera mis en service dès ce printemps.